«Amen» au klaxon

À bord de leur voiture, tous les dimanches dans un terrain vague, plusieurs se tournent vers une forme alternative de la messe. Un documentaire de Lauren DeFilippo illustre une «drive-in» église à Daytona Beach en Floride.

À première vue, le concept peut paraitre étrange et “deranged”, le documentaire démontre les multiples aspects de cette messe, pouvant possiblement défaire des perceptions. Vivant tous des réalités différentes, ils ont des raisons variées d’y être, mais tous avec l’envie de rester connecté avec leur chrétienté.  Ce qui fait un parallèle avec le sentiment de la réalisatrice que «sa vision à propos de l’endroit étrange a commencé à changer» après avoir assisté à trois dimanche.

Derrière les stéréotypes

Originaire de la région, Lauren DeFilippo vient défendre cet État qu’elle juge un «monde mélangé et sensible, une jungle indomptable et d’une inhérente complexité». La réalisatrice avait elle-même ses jugements préconçus, par circonstances elle est de retour en Floride et voulait faire un documentaire sur l’idiosyncrasy.

Les palmiers entourant le paysage, les lunettes de soleil, les chemises d’été, les décapotables ancrent la messe dans les stéréotypes de la Floride. Toutefois, c’est là que s’arrêtent les clichés, la prière rassemble cette communauté comme une autre. Chacun suit la messe de leur véhicule, avec le pain et le vin cérémonial portant attention aux mots prononcés par le prêtre, jusqu’au «Amen» où ils klaxonnent, puis partent.

Une quête au-delà de la religion

Tout au long de la vidéo, on voit des animaux de compagnies qui en accompagnent certains dans leur véhicule, d’autres sont à mobilité réduite. Ceci remonte directement l’idée que, pour «quelconque raison, ils cherchaient tous une forme de confort et de force sous une forme ou une autre».

Dans un retour en entrevue au New York Times, Lauren DeFilippo établi que, pour elle, ce phénomène est représentatif d’un «microcosme de ce que chacun lutte tous les jours : tenter de connecter avec l’un et l’autre et notre environnement malgré l’augmentation de notre isolation alimentée par la technologie». Elle y détache la religion, qui reste centrale, mais voit un sentiment qui va au-delà, une quête de communauté.

Le prêtre dicte la prière «nos cœurs remplis de gratitude pour notre Dieu […] dans notre présence en observant autour et voici la création» suivie des multiples véhicules distancés de plusieurs mètres sur le gazon en face de lui. La réalisatrice vient imager et confronter son propre biais dans son questionnement initial «qu’est-ce qui pourrait être plus vide de spiritualité et connexion humaine que d’aller à l’église enfermée dans l’invention américaine la plus aliénante, ta voiture?».

La religion est intercalée dans plusieurs sphères aux États-Unis, il est difficile d’y voir une facette de la vie qui n’est pas impactée. La messe du dimanche est observée chaque semaine par une minorité d’Américains, mais elle offre une vie de communauté facile d’accès pour plusieurs qui se retrouvent seuls.

État et religion

L’importance de la bible dans plusieurs régions est une des raisons que la vie familiale est autant présente encore aujourd’hui. Ceci vient toucher la taille des familles, mais également l’importance accordée à l’avortement. La religion vient modeler de façons subséquentes le monde politique.

Dans les grands points des campagnes électorales américaines se trouve inévitablement la question du droit à l’avortement. La religion vient dépasser l’importance des droits des femmes à plusieurs reprises lors des élections. Certains vont parfois ignorer tout aspect d’un candidat, votant uniquement pour cette ligne de parti.

Gabrielle Martineau