25 mars 2025 - Par Nogues, Agathe - Catégorie : culture
Par Agathe Nogues
Le festival d’impro de Québec sera de retour pour une troisième édition du 18 au 27 avril cette année dans la Vieille Capitale. Si les amateurs de ce sport culturel s’en réjouissent, c’est non sans crainte : les coupes budgétaires dans le milieu culturel peuvent questionner sur la longitude du festival.

Vincent Bolduc et Michel Charette lors d’un match du Punch Club pendant le Festival d’impro de Québec. Photographie du Festival d’impro de Québec.
Dire que le sport national du Québec est le hockey serait insultant pour l’improvisation. S’il y a bien un sport culturel qui attire les foules au Québec, c’est l’improvisation. Le festival d’impro de Québec en témoigne par son grand succès depuis trois années. Un grand nombre d’abonnements sur les réseaux sociaux, des spectateurs présents en grand nombre chaque année, des soirées avec des salles complètes : le festival a gagné le cœur des habitants de Québec. Cette année, le festival est donc de retour pour 10 jours, du 18 avril au 27 avril.
Des coupes qui font mal
« 15 spectacles, 100 improvisateurs et improvisatrices, des jeunes du secondaire aux plus vieux crinqués comme Réal Bossé. Il y en a pour tous les goûts », explique l’organisateur en chef de l’évènement, Dominic Lapointe, au journal Le Soleil. Si le festival vit depuis trois ans avec une aussi grande organisation, ce n’est tout de même pas sans peine. Victime de cette époque, le milieu de l’improvisation est lui aussi touché par les coupes budgétaires dans le milieu culturel.

Le match d’ouverture du Festival d’impromptues de Québec de l’édition de 2024. Photographie du Festival d’impro de Québec.
Le gouvernement faisant passer le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) de 185 millions en 2022-2023 à 160 millions en 2024-2025, le secteur des arts a dû endosser le coup. Le milieu de l’improvisation n’échappe pas à la règle et doit redoubler encore plus d’efforts pour survivre. Le festival d’impro de Québec vit principalement de la vente des billets et de l’appui de certains commanditaires comme les Caisses Desjardins. En revanche, aucune aide fédérale ni provinciale pour le moment. « Vendre l’impro aux instances culturelles du Québec ou du Canada, c’est vraiment difficile parce qu’ils prennent encore ça pour un jeu », se désole Dominic Lapointe dans une entrevue accordée au journal Le Soleil.
Des décisions aux grandes répercussions
Si l’improvisation ne reçoit pas l’intérêt gouvernemental qu’elle désire, l’animateur, chroniqueur, scénariste et producteur au contenu, Vincent Bolduc rappelle, lors d’une entrevue pour Le Soleil, qu’elle peut être un grand moteur d’inspiration pour les petits et les grands : « L’improvisation, c’est un moteur créatif. Moi, j’ai découvert l’écriture grâce à ça. J’aurais jamais imaginé écrire mes propres histoires si je n’avais pas eu cette étincelle au secondaire ». Malheureusement, les décisions gouvernementales semblent se refléter dans des décisions à plus petites échelles.
Le comité d’improvisation du Cégep, par exemple, semble en subir des répercussions. Comportant trois équipes, le cégep offrait trois tournois avec hébergement depuis des années. Seulement, voilà, depuis 5 ans, la direction du cégep refuse la tenue de ces évènements. La raison est simple et ressemble très fortement à celle du gouvernement : « un contexte budgétaire difficile ». Reconnu pour son passé glorieux en improvisation, le comité se voit perdre de son influence dans le milieu de l’improvisation collégiale. Ne pouvant pas accueillir de tournois, les équipes de Limoilou ne se font plus autant inviter qu’auparavant dans des tournois extérieurs. « Il nous reste juste notre histoire, mais dans le présent, on a les mains liées et on n’a plus de budget » se consterne une des responsables du comité d’improvisation du Cégep Limoilou dans une entrevue pour Le Soleil, Sandrine Godbout.

Félix-Antoine Bergeron et Sandrine Godbout, les responsables du comité d’improvisation. Photographie de Frédéric Matte/Le Soleil.
L’engouement et la dévotion du public et des improvisateurs sont donc plus que nécessaires pour faire perdurer la tradition de l’improvisation à Québec. Le festival d’impro de Québec attend un grand nombre de spectateurs cette année encore pour prouver que la flamme de « l’impro » à Québec n’est pas près de s’éteindre.