25 mars 2025 - Par Bouchard, Baptiste - Catégorie : culture
Le jeudi 13 mars dernier, dans la petite salle de spectacle de la Maison de la culture Marie-Uguay, un homme en veston décontracté s’avance au piano. Il ajuste son micro en s’excusant et nous invite à faire abstraction de l’actualité angoissante pour partager avec lui un voyage dans son monde instrumental.
Par Baptiste Bouchard
Dès les premiers instants du spectacle, on est frappé par la confiance émanant du jeune pianiste. Lui qui doit se contorsionner pour faire face au public, semble parfaitement à l’aise de prendre la parole de sa voix calme et souriante. Entre les différentes pièces, on est gâtés de l’explication de ses sources d’inspiration ou des anecdotes sur sa nouvelle vie d’artiste.
« Ça fait pas très longtemps que j’ai la chance de me considérer comme un artiste et de réussir à vivre de ma musique. Je crois qu’un des aspects que j’aime le plus, c’est quand vous, le public, venez me voir pour me partager ce que vous faites en écoutant ma musique. Ça donne un sens à ce que je fais. » A déclaré Simon Boisseau, plein de reconnaissance, avant d’ajouter en riant : « Des fois il y en a qui me disent que ma musique les aide à s’endormir et je sais pas trop s’il faut que je le prenne comme un compliment ou non. »
Un style varié aux nombreuses influences
Au cours de la représentation, on est surpris par les changements de rythmes, d’intensité et de dynamique de la musique de Simon Boisseau. Parmi les quelques pièces se rapprochant d’un répertoire classique plus standard, on retrouve des progressions d’accord grandioses et remplies d’harmonies qui rappellent la « city-pop » japonaise des années 80, des rythmes syncopés et percussifs issus du jazz et des mouvements harmoniques qui se construisent lentement sur un seul accord répété, comme le ferait la musique minimaliste.
Des morceaux en chantier
En plus des compositions issues de ses deux albums, Colorbind sorti en 2021 et Le déjeuner en 2023, M. Boisseau nous a gratifié de pièces incomplètes. « Cette pièce-là n’a pas encore de titre parce je suis encore entrain de l’écrire, donc je vous inviterais à y mettre vos propres sentiments, votre interprétation et vos souvenirs. » Ces interactions sensibles témoignent d’une vraie compréhension du caractère personnel que peut avoir la musique et d’une envie de connecter avec le public. Il régnait à ce moment dans la salle un sentiment de fébrilité à l’idée de pouvoir chacun ajouter notre grain de sel à ces airs inachevés.
Un style qui a fait ses preuves
La scène néoclassique québécoise n’est pas en manque, après le succès à l’international d’Alexandra Stréliski et de Flore Laurentienne, on voit se développer une sensibilité musicale bien de chez nous. Reconnaissant, Simon Boisseau a conclu sa représentation sur une note similaire ; en rappelant l’importance d’encourager la musique émergente et surtout la musique instrumentale, ainsi qu’en soulignant l’importance de prendre le temps de se réunir pour apprécier la culture.