25 mars 2025 - Par Deveau, Mélody - Catégorie : culture
De peinture à conception de tissus à utilisation de matière plastique : l’œuvre de Joyce Wieland est unique dans son visuel autant que dans sa signification. Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente son parcours en tant qu’artiste femme polyvalente et engagée.
Par Mélody Deveau

L’exposition Joyce Wieland: À cœur battant, présentée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Crédit photo : Mélody Deveau.
Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente l’exposition Joyce Wieland : À cœur battant du 8 février 2025 au 4 mai 2025, retraçant le parcours de cette artiste au travers ses œuvres. Originaire de Toronto, Joyce Wieland est reconnue pour son engagement dans plusieurs enjeux politiques se discernant dans ses œuvres diversifiées.
L’artiste utilise l’abstrait comme principal type d’art. Elle exprime sa polyvalence dans les médiums qu’elle utilise : peinture à l’huile et acrylique, craie, collage de tissus, matière plastique, broderie… Il est presque impossible de ne pas y trouver son compte.
Figure marquante pour le féminisme
Joyce Wieland est une femme engagée dans les enjeux politiques de son époque, notamment en ce à trait au féminisme. Plusieurs de ses œuvres sont entièrement consacrées aux femmes. Heart-on (1962) est d’ailleurs une œuvre portant sur le cycle de la vie de la femme, passant par les menstruations jusqu’à la grossesse.

L’œuvre Heart-on (1962), représentant l’ensemble du cycle de la vie de la femme avec les taches d’encres rouges évoquant le sang menstruel et la possibilité de donner vie en tant que femme. Crédit photo : Mélody Deveau.
En 1971, elle prépare son exposition au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) et cherche à représenter son désir de féminisation de la politique à la suite de l’élection du premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Elle met donc en lumière les artistes féminines canadiennes dans cette exposition. Joyce Wieland est la première femme artiste vivante à détenir une exposition au MBAC.
« Je voulais valoriser et honorer l’artisanat en rassemblant des femmes dans une exposition où elles seraient unies et fières de leurs créations », affirme-t-elle dans un encadré de l’exposition affiché par le MBAM.
Cinéaste en dehors de son travail de peintre, elle consacre dans ces mêmes années son travail à The far Shore, son seul long métrage. Pour celui-ci, elle conçoit une série de dessins appelée La floraison de la matière représentant différents personnages mythologiques féminins. Avec ses murs de couleur rose pêche et son ambiance réconfortante, le MBAM réussit à féminiser la petite salle consacrée à ces dessins.
« Si on veut sauver la planète, ce sont les femmes qui devront s’en charger », atteste Joyce Wieland. Cette citation mise en lumière sur un des murs de l’exposition prend tout son sens et se lie conjointement aux idées de l’artiste.

Quelques toiles exposées dans la salle consacrée à La floraison de la matière. Crédit photo : Radio-Canada.
Des œuvres engagées par une artiste engagée
Ses œuvres soulèvent fréquemment une tendance politique ou engagée. L’égalité des femmes n’était pas son seul combat : Joyce Wieland était près des enjeux liés à l’écologie, la préservation des territoires de l’Arctique et les problèmes reliés aux politiques gouvernementales des États-Unis et du Canada.
Elle était notamment investie dans la Guerre du Viêt Nam et la Seconde Guerre mondiale. Joyce Wieland dénonce la violence ces guerres grâce à ses couleurs écarlates, à ses coups de pinceau grossiers et à sa capacité à mettre métaphoriquement une image représentant un problème.

L’œuvre Mémoires de guerre (1960), inspiration du peintre Joan Miró, représentant la bataille de Monte Cassino à laquelle son frère a participé. Crédit photo : Mélody Deveau

L’œuvre Betsy Ross, voyez ce qu’ils ont fait du drapeau que vous avez confectionné avec tant de soin (1966), dénonçant la guerre du Viêt Nam et les valeurs de liberté et de justice que les États-Unis ont prétendu respecter. Crédit photo : Mélody Deveau
Le MBAM vise juste en faisant découvrir cette artiste au public montréalais. « On trouvait que c’était important de faire connaître son œuvre non seulement à une nouvelle génération d’artistes mais aussi au grand public, surtout à Montréal où elle est méconnue », atteste Anne Grace, conservatrice de l’art moderne au MBAM.
Pionnière de l’art canadien, Joyce Wieland présente toujours ses œuvres de façon équilibrée, diversifiée et dénonciatrice. Les passionnés d’art et de revendication ne peuvent point être ennuyés devant cette exposition haute en couleur et en signification.