25 mars 2025 - Par Bernier, Eve - Catégorie : culture

Sophie Nélisse dans le rôle de Stéphanie dans la nouvelle série de Radio-Canada L’indétectable. Source: ICI Tou.tv
Fraude, hypertrucage, propagande : l’intelligence artificielle est bien ancrée dans nos vies, désormais. Certains en ont peur, certains en abusent, certains en profitent. La série québécoise L’indétectable exploite cette nouvelle réalité pour susciter l’effroi en racontant l’histoire d’une jeune femme bouleversée par une vidéo hypertruquée de sa mère.
Par Eve Bernier
La nouvelle mini série, réalisée par Stéphane Lapointe, témoigne des ravages que peut causer l’intelligence artificielle lorsqu’elle est utilisée pour détruire la réputation de quelqu’un. À travers six épisodes d’une heure, Stéphanie (Sophie Nélisse), une jeune ostéopathe introvertie qui s’infiltre dans une nouvelle boite technologique montréalaise louche, nous suivons l’onde de choc qu’a causé une vidéo ultra réaliste de sa mère (Lynda Johnson) qui tient des propos controversés générés par l’IA.
« Je suis tellement naïve et je peux me faire attraper facilement et croire à un deepfake, c’est pour ça qu’il faut rester à l’affut […]et être mieux instruits », partage Sophie Nélisse lors d’une entrevue pour Le Devoir.
« C’est inquiétant », déplore Lynda Johnson dans une vidéo publiée sur le site de Radio-Canada Tout télé, où elle répond à des questions sur la série et l’IA.
C’est ce qu’ont mis de l’avant les auteurs Bernard Dansereau, Annie Piérard et Étienne Piérard-Dansereau, en montrant à l’auditoire québécois l’importance de se prémunir contre la menace de l’hypertrucage. Les émissions sont disponibles sur Ici tou.tv.
Encore dans une entrevue pour Le Devoir, M Dansereau rapporte que, lors des cinq années d’écriture, le projet du trio était constamment menacé par l’évolution fulgurante de la technologie. Le modèle d’intelligence artificielle maintenant capable de produire des deepfake n’existait pas lorsqu’ils ont débuté la scénarisation. « Ce qui est encore de la science-fiction, c’est que le deepfake soit indétectable », ajoute-t-il.
Une nouvelle réalité inquiétante
Communément appelée deepfake, « les hypertrucages consistent à manipuler des contenus à l’aide d’outils de pointe faisant appel à l’intelligence artificielle (IA) pour modifier ou créer de toutes pièces des images, des voix, des vidéos ou des textes », définit le site internet du gouvernement du Canada. Ce dernier met également en garde le consommateur de contenu numérique des dangers réels de la désinformation que crée ce genre de contenu algorithmique.
Calculée ou non, la sortie des trois premiers épisodes de jeudi dernier est plus que bien tombée. Ils reflètent les dangers et les préoccupations auxquels fait face la population. Plusieurs cas de ce genre ont été remarqués, notamment en France, avec des deepfake de Marine Le Pen qui parle en russe ou d’Emmanuel Macron qui met en garde contre la désinformation.
Ceci dit, ça reste une série télévisée. L’histoire est romancée, les pentes fatales accentuées et les ressources d’aide sont négligées. Il aurait été à l’avantage des scénaristes de proposer un enchainement de situations plus réaliste. Les auditeurs risquent maintenant de perdre de l’intérêt, faute de situations complètement invraisemblables, comme l’enlèvement de Daji Saeed (Younes Bouab) et l’absence de la police dans l’affaire.
Le jeu d’acteur à revoir
Bien que le contenu de L’indétectable soit somme toute bien réalisé, il n’en est pas de même pour le jeu des acteurs. Sophie Nélisse parvient à bien jouer la passivité de son personnage, mais elle semble manquer de profondeur lorsqu’elle tente de jouer des émotions plus intenses.
Il en va de même pour les personnages secondaires, qui démontrent une très faible complicité lors des scènes plus longues. L’équipe de comédiens réunie cependant des individus avec de l’expérience, comme Louis-David Morasse, Ève Lemieux et Kevin Houle.
Sources consultées:
https://www.ledevoir.com/culture/ecrans/856786/ecrans-indetectable-ou-cache-verite