par Baptiste Bouchard
Le conflit qui fait rage en République Démocratique du Congo pour le contrôle des mines s’est développé ce matin : accusations importantes de l’ONU, retrait des armées burundaise et congolaise, réouverture de ports détenus par les rebelles. Plus de détails sur cette situation tendue.
Le groupe rebelle militarisé M23, principal belligérant du conflit progresse rapidement dans la partie est de la RDC. Ils sont entrés dimanche dernier dans l’importante ville commerciale et minière de Bukavu, sans trop de résistance de la part des forces congolaises.
Selon une dépêche de Reuters parue ce matin, les forces armées congolaises ce sont retirées de Bukavu, prétextant vouloir éviter le « bain de sang causé par la chute de la ville de Goma ». Les confrontations lors de la perte de Goma aux mains des rebelles ont causé la mort de près de 3000 personnes selon l’ONU. Un haut-gradé de l’armée congolaise présent sur le terrain mentionne la faible motivation des troupes ainsi que la perte de l’aéroport de Kamuvu au nord de Bakuvu comme d’autres raisons ayant motivé leur retrait.
Reuteurs mentionne aussi le retrait progressif de l’armée burundaise, pays voisin de la République Démocratique du Congo, qui visait à soutenir les forces gouvernementales contre les rebelles.
De lourdes accusations de l’ONU
On a appris ce matin dans une dépêche de l’AFP publiée dans la Presse, que le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme « a confirmé des cas d’exécutions sommaires d’enfants par le M23 après son entrée dans la ville de Bukavu la semaine dernière ». Le dossier est en cours de développement, mais l’ONU confirme l’obtention d’un « grand nombre de rapports » témoignant de faits semblables, mais qu’ils devaient encore être vérifiés.
Un conflit aux causes complexes
Dans l’épisode du 6 février du balado « Sur le fil » de l’AFP, le chercheur de l’Institut d’Études Politiques et Internationales (IPIS) Guillaume de Brier mentionne l’importance de l’industrie minière artisanale dans l’est de la RDC. « Les minéraux sont une partie importante de l’économie locale et régionale, à l’IPIS on estime la présence d’environ 400 000 à 800 000 mineurs artisanaux, c’est énorme. Il y a des régions comme Rubaya où toute l’économie tourne autour des mineurs artisanaux ». Le directeur adjoint du bureau de l’AFP à Nairobi Eric Randolph rajoute : « Les mines de Rubaya dans l’est du pays fournissent à elles seules 15% de l’approvisionnement mondiale en coltan, un minerai essentiel pour nos appareils électroniques »
La forte présence de ces minéraux critiques dans le sol de la région constitue donc une des raisons principales derrière les tensions en cours. Le M23 cherche a prendre le contrôle des mines, pour faire de la contrebande de coltan vers le Rwanda, qui le vends sur les marchés internationaux. Le Rwanda justifie son implication dans le conflit par la protection de groupes rwandophones marginalisés en RDC ainsi que par la traque du groupe FDLR ou Force Démocratiques de Libération du Rwanda. Un groupe composé entre autres, de membres ayant pris part au génocide Rwandais de 1994.