International

L’ONU dénonce l’exécution d’enfants par le M23 à Bukavu

18 février 2025 - Par - Catégorie : International

Genève – Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a accusé le M23 d’avoir exécuté des enfants lors de la prise de la ville de Bukavu en République Démocratique du Congo, lors d’un point de presse ce 18 février.

Romy Clermont

Dimanche, le M23 (Mouvement du 23 mars) et des combattants de l’armée rwandaise se sont emparés de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu dans l’est de la République Démocratique du Congo. Au cours de la prise de la ville, le groupe armé aurait exécuté des enfants. « Nous n’avons pas le chiffre global du nombre d’enfants exécutés, mais nous disposons d’un grand nombre de rapports qu’il faut vérifier », a annoncé la porte-parole, Ravina Shamdasani, lors du point de presse.

Un conflit qui dure

Depuis novembre 2021, le M23, une milice antigouvernementale s’empare peu à peu du territoire dans l’est du pays dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et d’Ituri. Soutenu par les forces armées rwandaises, le M3 souhaite obtenir un accès exclusif aux minerais. La région est riche en coltan, un matériel utilisé pour la confection d’appareils électroniques.

Depuis le début de son offensive, il y a plus de quatre ans, le M23 a pillé des villes et des villages dans l’est de la RDC. Des milliers de civils ont été tués. Les femmes et les enfants subissent des violences sexuelles fréquentes aux mains des combattants du M23. Selon l’ONU, environ 6 millions de Congolais ont fui les violences vers des camps de réfugiés.

Le 28 janvier dernier, le M23 et ses alliés rwandais ont pris Goma, la capitale du Nord-Kivu. L’ONU a compté 900 morts, 2900 blessés et 170 000 personnes qui ont dû fuir la ville.

Des meurtres d’enfants

À Bukavu, « trois garçons ont été tués lors d’une altercation avec des membres du M23, selon des informations recueillies auprès de sources fiables », a confirmé Ravina Shamdasani.

Mme Shamdasani explique que les trois enfants avaient « collecté des armes » qu’ils avaient trouvées. Lorsque des combattants du M23 les ont interceptés, ils ont demandé aux enfants de leur rendre les armes. Ceux-ci ont refusé et ont été exécutés.

Selon la porte-parole, la situation dans l’est de la République Démocratique du Congo « se détériore fortement, entraînant de graves violations des droits de la personne et des abus, telles que des exécutions sommaires, y compris d’enfants, et des violences sexuelles fondées sur le genre ».

Des milliers de déplacés

Lors du point de presse, un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh, a estimé qu’ « entre 10 000 et 15 000 personnes sont entrées au Burundi ces derniers jours, fuyant l’escalade des tensions et violences ».

La majorité des Congolais s’étant réfugiés au Burundi sont issus de la région de Bukavu. « Ceux qui fuient passent par la frontière officielle de Gatumba ou traversent la rivière Rusizi », a annoncé lundi le ministre de l’intérieur burundais, Martin Ninteretse, dans un communiqué.

« Nous demandons au Rwanda et au M23 de veiller à ce que les droits de la personne et le droit humanitaire international soient respectés », a dit Ravina Shamdasani face à l’escalade des violences en République Démocratique du Congo.

Screenshot

Une tempête historique à Montréal : Il faudra près d’une semaine pour déneiger la ville

18 février 2025 - Par - Catégorie : International

À Montréal, le 18 février dernier, une tempête de neige sans précédent a recouvert la ville. Au total, près de 74 centimètres de neige en 5 jours, les opérations de déneigement seront longues et ardues. La municipalité estime qu’il faudra près de 8 jours dégager la ville de cette épaisse poudre blanche. 

 

« Nous avons au moins 70 centimètres de neige au sol, ce sera tout un défi », a déclaré Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal, lors d’un point de presse lundi matin. Il met en lumière la situation dramatique d’accès à la ville, avec 50% des trottoirs impraticables, ce qui pose un réel problème pour les piétons. 

 

Dès lundi, le processus de déneigement s’est mis en place dans tous les arrondissements de la ville. Néanmoins, la quantité de neige complique les opérations des équipes sur le terrain. « L’état de situation est préoccupant, surtout pour les trottoirs », a ajouté M. Sabourin.

 

À la vue des rudes conditions météorologiques, la ville décidée de suspendre la collecte des déchets pour la semaine à venir. Les équipes de ces services sont réorientées en soutien aux déneigeurs. « On va mettre tous les efforts pour dégager les rues le plus vite possible », a affirmé M. Sabourin.

 

La communauté est invitée à respecter les interdictions de stationnement mises en place afin de faciliter le travail des déneigeuses. Des places de parking gratuites sont en services, notamment place Saint Henri, au parc Angrignon et au centre Gadbois, afin de libérer les rues. 

 

En dépit des efforts des services pour réhabiliter la ville, de nombreuses écoles demeurent fermées depuis le jeudi 13 février, la quantité de neige rend les déplacements dangereux pour les élèves et le personnel scolaire. Les autorités ont donc pris la décision de veiller à la sécurité de tous et de fermer les écoles. 

 

Afin d’aider les opérations de déneigement et dégager les rues des automobiles, le Parc olympique offre des tarifs abordables pour des stationnements d’intérieur. Près de 3500 véhicules pourraient être recueillis.

 

La municipalité invoque la patience et l’aide de tous les citoyens lors de cet épisode météorologique compliqué « La façon de nous aider aujourd’hui, c’est de rester à la maison », a conseillé M. Sabourin, il invite la population à utiliser les transports en commun pour leurs déplacements essentiels.

 

Cette tombée de neige est la plus importante que Montréal ait connue depuis un siècle, elle met à l’épreuve les infrastructures et la communauté montréalaise.

 

En attendant le déneigement complet de la ville, les citoyens sont encouragés à se venir en aide les uns aux autres pour affronter la neige qui ensevelit nos rues. La ville ne manquera pas de donner des mises à jour régulières sur l’avancée du déneigement. 

Notamment via ce site qui recense l’avancement du chargement de la neige par quartiers : https://services.montreal.ca/deneigement/avancement.

Quand les États-Unis et la Russie mettent l’Ukraine de côté

18 février 2025 - Par - Catégorie : International

Les chefs de la diplomatie américaine et russe se sont rencontrés à Riyad en Arabie Saoudite ce mardi, alors que la guerre en Ukraine se poursuit. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky et plusieurs diplomates européens ont critiqué la tenue de pourparlers sans la présence des représentants ukrainiens ou de membres de l’Union européenne.
Par Chanya Sedion
C’est à Riyad qu’a eu lieu la première rencontre entre les États-Unis et la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Les chefs de la diplomatie américaine et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov ont conversés pendant plus de quatre heures sur les relations russo-américaines et le règlement de la crise. Cette réunion avait aussi pour but d’ouvrir la possibilité d’une rencontre entre les présidents des deux pays, Donald Trump et Vladimir Poutine.
À l’issue de cette rencontre, M. Lavrov a déclaré avoir « des raisons de penser que les Américains ont commencé à mieux comprendre notre position ». Marco Rubio a, quant à lui, soutenu que les États-Unis « visaient une fin juste et durable à la guerre en Ukraine ». Il a ajouté que « les basses d’une future coopération » ont pu être posés.
Mécontentement européen
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déploré l’absence de représentants ukrainiens à cette rencontre. « Des négociations sont en cours maintenant (…) entre des représentants russes et américains. Encore une fois, sur l’Ukraine et sans l’Ukraine », a-t-il déclaré pendant une visite en Turquie. Il a ajouté qu’il n’acceptera aucun accord auquel son pays n’aura pas pris part.
Les diplomates européens, qui n’ont également pas été conviés aux pourparlers, se sont rencontrés à Paris lundi pour discuter. À son issue, la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen et le président français, Emmanuel Macron, ont tous deux réaffirmé leur soutien à l’Ukraine sur X.

Emmanuel Macron sur X : « Après avoir réuni plusieurs dirigeants européens, je viens de parler au Président Trump, puis au Président Zelensky. Nous souhaitons une paix solide et durable en Ukraine. À cette fin la Russie doit cesser son agression et cela doit s’accompagner de garanties de sécurité fortes » / X

Ursula von der Leyen sur X : « Today in Paris we reaffirmed that Ukraine deserves peace through strength. Peace respectful of its independance, sovereignty, territorial integrity, with strong security guarantees. Europe carries its full share of the military assistance to Ukraine. At the same time we need https://t.co/xdAnkeWr4v » / X
Le premier ministre suédois, Ulf Kristersson a déclaré qu’« aucune discussion sur l’Ukraine ne doit avoir lieu sans l’Ukraine ».
Pourquoi l’Arabie Saoudite ?
Se présentant comme neutre dans le conflit, l’Arabie Saoudite a été désignée comme lieu de rencontre. Sa place de médiateur est assurée par sa situation privilégiée : le pays entretient de bonnes relations avec la Russie grâce aux politiques pétrolières et fournit de l’aide humanitaire à l’Ukraine.
La situation est également avantageuse pour le prince saoudien Mohammed ben Salmane. Elle lui permet un retour sur la scène internationale par suite de l’assassinat commandité d’un journaliste, Jamal Khashoggi, en 2018.
Alors que Zelensky s’est rendu en Turquie lundi pour discuter avec le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, ce dernier a proposé son pays comme hôte pour les pourparlers entre l’Ukraine, la Russie et les États-Unis.
Ces débuts de négociations ne signifient pas la fin de la guerre. 176 drones russes ont été lancés en direction de l’Ukraine, dans la nuit du lundi au mardi. Une femme et ses deux enfants ont été blessés. Aujourd’hui marque le 1091 jours depuis l’invasion russe en Ukraine.

Avec les informations de RFI, La Presse Canadienne, France Info et CNews.

Après Mazan, Le Scouarnec : le chirurgien pédocriminel aux 299 victimes.

18 février 2025 - Par - Catégorie : Faits divers International

Par Agathe Nogues

Le 24 février prochain se déroulera à Vannes, en France, un des plus grands procès de la justice française. Sur le banc des accusés, un ancien chirurgien de 74 ans, Joël Le Scouarnec. En face, c’est 299 victimes identifiées qui témoigneront contre cet homme pour viols et agressions sexuelles, pour des faits commis entre 1990 et 2014.

« Je suis à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, pédophile. Et j’en suis très heureux », avait écrit Joël Le Scouarnec dans son journal intime appelé « carnets noirs ». Pourtant, cet homme a exercé sans problème pendant plus de 31 ans sa profession de chirurgien viscérale et gynécologique, principalement auprès d’enfants. Reconnu par ses pairs qui le décrivent comme un « bon chirurgien », selon l’ancien chef anesthésiste-réanimateur et ancien maire de Quimperlé, l’homme a pu assouvir ses besoins au sein même de sa profession. 

Une arrestation avec révélations 

En 2017, Joël Le Scouarnec est arrêté à Saintes, en Charente-Maritime, pour exhibitionnisme face à une enfant de 6 ans et pour le viol de ses nièces. La police perquisitionne sa maison et découvre alors le portrait d’un homme vivant reclus, entouré de poupées de tailles enfantines. De plus, les enquêteurs vont mettre la main sur des centaines de fichiers informatiques dans lesquels le vieil homme regroupe méthodiquement les agressions sexuelles qu’il a commises sur des dizaines d’années. Dans ces fichiers, on retrouve notamment deux répertoires numériques contenant « environ 200 noms de patients » avec une description de l’agression et son ressenti, a expliqué le journaliste à Ouest-France, Pierrick Baudais. 

Des agissements sous protection 

« Il ne voit pas l’enfant comme nous le voyons nous, il voit l’enfant comme un objet sexuel », a déclaré l’avocate de plusieurs victimes de Joël Le Scouarnec à Ouest-France, Francesca Satta. Le silence des victimes de Joël Le Scouarnec a été longtemps dû par la machination de ses agressions. Âgées de 1 et 68 ans, et principalement des enfants, la plupart de ses victimes étaient soit trop jeunes pour expliquer ce qui leur était arrivé, soit pour les plus âgés, sous anesthésie, dans un état comateux.

Des erreurs qui coûtent cher

Néanmoins, en théorie, Joël Le Scouarnec n’aurait jamais dû être seul. Ces accusations reflètent alors un grand nombre d’ « erreurs institutionnelles et judiciaires cruciales », selon l’avocat de l’association de protection de l’enfance « La Voix de l’Enfant », Maître Frédéric Benoist. Déjà condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques dans le cadre d’une enquête du FBI, en 2006, il sera aussi accusé d’être « dangereux » par un des psychiatres de l’hôpital pour lequel il travaille. Malgré sa condamnation, cette accusation et le fait qu’elle soit, vraisemblablement connue des hôpitaux pour lesquels il travaillera, Joël Le Scouarnec pourra continuer d’exercer librement son métier. 

Si aujourd’hui aucune organisation médicale ne reconnait son implication, le procès de février soulèvera tout de même plusieurs réflexions : l’étendue des crimes de Joël Le Scouarnec et le silence de ceux qui étaient au courant. 

Mécontentement après l’euthanasie massive par la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux

11 février 2025 - Par - Catégorie : International

Des manifestants révoltés se sont unis au pied du siège de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux en Ontario (OSPCA). Ils dénoncent l’euthanasie de 330 chiens et chats victimes d’une épidémie. Nous pouvions entendre contestations et hommages ce mardi 11 février devant les portes de l’association. 

En cette matinée, près de 50 manifestants se trouvaient devant l’OSPCA à Pleasantville, afin de faire entendre leur mécontentement face à la tuerie des animaux jugés contaminés par l’épidémie. Des slogans et des pancartes visant le personnel du refuge étaient écrits et prononcés : « honte à vous » ou encore « assassins ». 

D’après l’OSPCA, cette triste mesure a été prise après l’échec du confinement qui avait pour but de ralentir la propagation de la maladie. Certains des manifestants ont assisté à une réunion d’explications la veille, mais leurs doutes persistent face aux explications du refuge. Une manifestante et résidente local affirme « Beaucoup de gens disent qu’ils viendraient prendre un animal chez eux et le soigneraient le temps qu’il faudra ».

La fureur n’a fait que s’accroitre lorsque l’association a annoncé que seuls 20 chiens iraient en quarantaine et que les autres animaux avaient déjà été euthanasiés. « Pourquoi aucun vétérinaire de la région n’était au courant de cette situation ? » a demandé Kristine Rieder, dresseuse de chiens. Selon certains manifestants, l’OSPCA aurait agi ainsi par soucis économiques. 

Un communiqué publié lundi soir, le président de la Toronto Humane Society (THS), Bob Hambley a fortement désapprouvé les actes de l’OSPCA, affirme que l’organisation « prend la solution de facilité plutôt que de sauver des vies animales ». Il demande aussi le renvoi de la directrice générale, Kate MacDonald, pour avoir échoué dans sa mission de protection des animaux.

Toutefois, un ancien employé du refuge, Denise Stephenson, a assuré que les employés avaient suivi la procédure, mais que la propagation du virus les avait pris de court. De son côté, l’OSPCA a admis que des erreurs avaient été commises, sans qu’elles soient nécessairement intentionnelles. 

Alors que la polémique se propage, les manifestants persistent pour avoir des réponses et une réforme des protocoles de gestion des épidémies dans les refuges animaliers.  

Le corps du Christ en service au volant

4 février 2025 - Par - Catégorie : International


Le court documentaire Drive-In Jesus de la réalisatrice Lauren DeFilippo présente le phénomène américain de l’église en service à l’auto. Le projet de moins de dix minutes, sans narration, nous plonge dans l’ambiance floridienne d’un dimanche matin pieux parsemé de voitures.


À l’entrée d’un grand terrain gazonné, on voit une cabane bordant le chemin de gravier qui mène vers l’église chrétienne de Daytona Beach. Depuis cette cabane, un homme distribue des petits contenants de plastique remplis de vin et d’une hostie aux voitures qui arrivent. Cette scène rappelle le mode opératoire d’un restaurant de fast-food et met la table pour l’unique procession qui en suit.


Les voitures s’alignent sur le terrain et syntonisent un poste de radio pour entendre la messe, comme on le ferait à un ciné-parc. Chacun se recueille depuis le confort de son habitacle et agrémente les « amen » du pasteur de coups de klaxons. À la fin de la messe, le panier de dons circule entre les rangées de véhicules à bord d’un kart de golf et les mains généreuses se tendent hors des fenêtres baissées.


Une offre unique et inclusive


Selon le pasteur Bob Kemp-Baird dans un article pour NPR en 2014, lui qui était d’abord sceptique de la méthode de service surprenante a fini par comprendre l’utilité qu’y trouvait sa congrégation. La tenue d’une messe en voiture permet en effet une meilleure accessibilité pour les fidèles atteints de certaines maladies ou handicaps qui leur empêcheraient de se rendre à l’église pour un service conventionnel. Cette réalité a aussi été constatée par la réalisatrice : « J’ai compris que plusieurs [ fidèles ] avaient des raisons très personnelles qui les poussaient à se rendre à une telle église. Certains étaient affectés par la maladie et voyaient un avantage offert par l’accessibilité du lieu ».


Une réalité popularisée par la COVID-19


« J’ai été surprise d’apprendre que ce n’était pas un genre d’événement obscur ou indigne de confiance, l’église [ de Daytona Beach ] offre des services depuis le confort de votre voiture depuis 1953 », déclare Mme DeFilippo au sujet de sa découverte du phénomène. Bien qu’elles ne soient pas nouvelles, les messes de type service au volant ont vu un regain de popularité lors des premiers moments de la pandémie de COVID-19. Comme le mentionne un rapport de l’institut de recherche Pew paru en avril 2020, les rassemblements religieux américains ont été la cible de certaines mesures de restrictions sanitaires, dont la gravité variait parmi les états. On y mentionne que sept états permettent explicitement des rassemblements religieux comme ceux dépeints dans le documentaire.


La Floride, un état plutôt religieux


Ce même rapport montre que la Floride n’a appliqué aucune restriction sur les rassemblements religieux. Cet état qui, en 2008 comptait selon Pew, 26% de catholiques et 37% de religieux qui fréquentaient un lieu de culte à chaque semaine.

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 Une nouvelle forme de messe au sud de la Floride

4 février 2025 - Par - Catégorie : International

Laurent Larose

Chaque dimanche, à Daytona Beach, une messe inhabituelle est pratiquée : dans un ciné-parc, dans leurs véhicules, écoutant le prête parlé dans la radio.

Religion aux États-Unis

Les États-Unis sont l’un des pays les plus religieux au monde, avec 70 % de la population qui se dit chrétien ou protestant. La Floride est l’un des États les plus religieux et les plus peuplés des États-Unis, où plus de 51 % de la population se considère comme protestante et 25 % comme chrétienne.

Lauren Defilippo, la réalisatrice du documentaire « Drive-in Jesus », publié dans le New York Times, suit le quotidien d’une petite communauté chrétienne qui pratique sa foi de façon inhabituelle.

Une messe par Bluetooth

Dans cette petite communauté, la messe ne se passe pas à l’église. À l’entrée, un homme en charge de la sécurité donne une hostie et du vin de messe. Ils se stationnent et attendent dans leurs voitures le moment où le pasteur va prêcher à la radio. Le pasteur prêche la Bible devant une centaine de voitures ; ces gens, qui semblent proches, n’ont jamais été aussi éloignés les uns des autres.

Cette messe existe depuis 1953. Lauren Defilippo a discuté avec cette petite communauté et beaucoup disent : « qu’ils partent à cet endroit parce qu’ils veulent de la discrétion ou être tranquille. Sinon, ils sont malades et c’est le moyen le plus facile pour eux de pratiquer leur foi. Alors que d’autres veulent y aller avec leurs animaux de compagnies ».

Cette messe existe depuis 1953. Lauren Defilippo a discuté avec cette petite communauté, et beaucoup disent : « qu’ils viennent à cet endroit parce qu’ils recherchent de la discrétion ou de la tranquillité. D’autres y viennent parce qu’ils sont malades, et c’est le moyen le plus facile pour eux de pratiquer leur foi. Certains y vont même avec leurs animaux de compagnie ».

Selon Defilippo cette messe est une représentation « du microcosme de la difficulté du quotidien, de la solitude croissante, et de la technologie qui nous rapproche d’un environnement d’isolement.

La Solitude

Le pasteur a prononcé un sermon sur la nature de la technologie et sur son rôle dans la division qu’elle crée entre nous. La technologie est à l’origine de cette crise d’isolement social, où l’on n’interagit plus avec ses pairs.

Selon des recherches, la société américaine se rapproche de plus en plus du phénomène de la solitude. Selon Pew Research center, plus d’un Américain sur 6 Américains se sentent seul ou isolé, et que 4 sur 10 se sentent parfois seul ou isolé. Une autre étude de l’American Psychiatrique Association montre que la solitude toucherait 30% des 18 à 34 ans.

Cette perspective a amené Defilippo à comprendre que ce documentaire est un symbole à plusieurs égards : « Ces gens sont isolés par leurs propres expériences, fenêtres baissées, avec la climatisation au maximum. Ils se demandent pourquoi ils ont tant de mal à se connecter au monde ou aux gens autour d’eux. »
Cette messe, qui semble inhabituelle et loufoque, a en réalité des implications bien plus vastes qu’on ne pourrait le penser. Ce fléau touche de plus en plus les populations locales en raison des problèmes économiques, de l’après COVID-19, des nouvelles technologies et de l’hyperconsommation. Un problème qui ne se limite pas aux États-Unis, mais qui concerne aussi le Canada. Les médecins conseillent que si vous sentez seul, vous devriez consulter un psychologue et chercher à interagir socialement.

Mots Clés: Religion, Christianisme, États-Unis, Floride, Messe

Messe au volant, innovation au tournant ?

4 février 2025 - Par - Catégorie : International

Agathe Nogues

« Il n’y a plus grand monde à la messe le dimanche! », voilà une expression qui a pris de plus en plus de sens avec les années. Enfin, pas pour tout le monde : les États-Unis, eux, ont trouvé leur solution. Drive-In Jesus, un documentaire de Lauren Defilippo, fait le portrait d’une église qui a su se réinventer. 

Une estrade sur laquelle un prêtre prêche face à un stationnement de voiture. À l’intérieur de ces voitures, des gens assis : seul, accompagnés, ou encore avec leurs animaux, écoutant attentivement chacune des paroles du prêtre, les fenêtres ouvertes. Voici ce que retrace le documentaire de 9 min 24 s de la réalisatrice floridienne pour le New-York Times. Si les bancs inconfortables, le manque d’intimité, la température ont découragé plus d’un fidèle de franchir le pas des églises, le Daytona Beach Drive-In Christian Church, lui, a trouvé sa solution : regarder la messe depuis sa voiture. 

Le choix du confort

« Qu’existe-t-il de plus vide de spiritualité et de connexion humaine que d’aller à l’église ancré dans […] votre voiture? », déclare la réalisatrice. La distribution de l’hostie et du vin de messe dans un petit verre en plastique, la quête faite depuis une voiturette de golf ou encore le klaxon collectif des fidèles après le « amen » du prêtre : voilà des scènes peu habituelles que l’on peut observer au travers du documentaire. Si ces scènes peuvent esquisser un sourire chez certains spectateurs, tous se poseront la même question « pourquoi faire cela? ». Si cette idée de drive-in peut sembler un peu ridicule, c’est pour un certain confort que quelques fidèles sont friands de cette méthode. Par exemple, les personnes « affaiblies par la maladie » peuvent profiter d’accessibilité et d’espace auquel ils n’ont pas accès autrement. D’autres, apprécient « l’intimité » offerte ou encore de pouvoir « assister à la cérémonie avec leurs animaux », explique Lauren Defilippo.

Difficultés du siècle

Loin de l’église traditionnelle, cette variation semble refléter certains enjeux de notre siècle. « Selon moi, l’église drive-in représente un microscope de ce que nous combattons tous les jours : essayer de se lier avec les autres et avec notre environnement malgré l’isolation croissante que nous impose la technologie », remarque la réalisatrice. Au-delà du confort, c’est aux difficultés de ce siècle que répond le drive-in.

Melting-pot religieux et politique

Si la religion semble perdre en popularité un peu partout en occident, ce n’est absolument pas le cas aux États-Unis. La religion chrétienne représente plus de la moitié de la population états-unienne. Non seulement l’église est très présente chez les États-Uniens, mais elle a un grand pouvoir d’influence sur les débats politiques. Cette influence se démarque dans certains débats actuels comme l’avortement, par exemple. Cette confusion entre le politique et la religion affecte alors de nombreux aspects de leur vie comme les écoles, les hôpitaux, la vie sociale.

La solution qui fait gagner l’Église

De nos jours, c’est 64% d’États-Uniens qui fréquentent des églises. Ce haut taux de fréquentation s’explique par des discours politiques qui donnent l’impression d’une ferveur religieuse.  Avec les nouvelles politiques et l’arrivée au pouvoir de groupes d’extrême droite, on peut s’attendre à une fréquentation de plus en plus importante. L’église se doit, alors, de se réinventer afin de toucher un plus large public. 

Les sites religieux comme le drive-in répondent complètement aux nouveaux critères sociétaux de notre génération. Comblant notre besoin de social et d’isolement, il se pourrait que le petit drive-in ait bientôt besoin de s’agrandir. 

Sources :

Drive-In Jesus: prier à travers son pare-brise

4 février 2025 - Par - Catégorie : International

Une cinquantaine d’automobiles sont stationnées devant une petite église. Une affiche se distingue : « Connectez vous au 88,5 FM pour vénérer ». Le prêtre, grâce à son microphone, projette sa voix et livre la messe à tous ceux assis dans leur moyen de transport quotidien.

Mélody Deveau

Le documentaire Drive-In Jesus réalisé par Lauren DeFilippo présente une messe en plein air à Daytona Beach dans le sud de la Floride. La particularité de celle-ci : tout le processus se déroule dans le confort de sa propre voiture à l’aide d’une station de radio.

La prière, l’hostie et le vin, entièrement préparés dans des contenants individuels pour l’occasion, sont distribués à l’entrée du terrain. Lors de la fin de la prière, diffusée par le prêtre, les automobilistes procèdent à manger l’hostie et boire le vin. Un conducteur dans une voiture de golf vient récupérer les dons et le mot Amen se fait entendre grâce aux klaxons.

Une méthode hors du commun

Dans une entrevue pour le New York Times, la réalisatrice admet que l’idée de prier dans sa voiture semblait étrange au départ: « Qu’est-ce qui pourrait être plus vide de spiritualité et de connexion humaine que d’aller à l’église dans l’invention américaine la plus aliénée : votre voiture? »

Elle déclare plus tard que son idée de départ s’est affaiblie en parlant avec des membres de la congrégation. Plusieurs personnes présentes à cette messe prônent l’accessibilité de l’endroit ou encore veulent être seules pendant celle-ci. « Peut importe la raison, ils cherchent tous une forme de confort et de force dans une forme comme dans une autre », dit-elle.

L’importance de la religion

Selon une étude réalisée par le Pew Research Center, environ 53% des Américains considèrent que la religion est très importante dans leur vie. Les États-Unis sont plus susceptibles d’accorder une importance majeure à la religion que les autres pays économiquement avancés.

En comparaison, 29,9% de la population totale du Canada se considère catholique, selon Statistiques Canada. Pour la France, la présence de catholicisme dans la population s’élève à 29%, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques.

Une place douteuse pour la technologie

La réalisatrice se livre également concernant ses doutes avec la technologie : « Pour moi, les églises drive-in représentent le microcosme de ce que chacun de nous essaie de surmonter chaque jour : essayer de se connecter entre nous et avec notre environnement malgré la hausse d’isolation sociale causée par la technologie ».

Elle dit avoir réalisé grâce à ce documentaire l’ampleur de cette isolation sociale et cette incompréhension face à la solitude de chacun et de soi-même. « […] Ce film est une vis sans fin entre l’absurdité apparente de surface et l’humanité qui se cache au fond », conclut-elle.

Le documentaire est disponible sur le site web officiel du New York Times.

Exercice du 04/02

4 février 2025 - Par - Catégorie : International

Une office sur roue : quand l’église se modernise

Pour la messe, on fait le plein d’essence

Une idée saugrenue, assister à la messe depuis sa voiture. C’est pourtant comme ça que ça se fait à Daytona Beach depuis 1953. En Floride, un état connu pour ses stéréotypes et ses extravagances, ce lieu de prière met en lumière des questions sur la solitude et la manière s’adapter à la réalité du monde moderne. Dans son documentaire Drive-In Jesus, la réalisatrice Lauren Defilippo découvre et partage une communauté unie et à la recherche de réconfort, malgré les portières qui les séparent.

Une nouvelle manière de prier

Le documentaire Drive-In Jésus présente une coutume peu connue et originale de pratiquer la foi chrétienne en Floride avec drive-in de Daytona Beach. Au premier abord, cette pratique où les fidèles assistent à la messe dans leur voiture peut paraître insensé, mais ce sont des motivations personnelles qui les y encouragent. « Qu’y a-t-il de plus dépourvu de spiritualité et de lien humain que d’aller à l’église enfermé dans la plus aliénante des inventions américaines, la voiture ? »  Comme le besoin de solitude et de recueillement, des facilités d’accès pour les personnes malades, d’autres se réjouissent de pouvoir y amener leurs animaux. « Quelle que soit leur raison, ils recherchaient tous, d’une manière ou d’une autre, une forme de réconfort et de force. » Lions d’être un concept dénué de sens, c’est une façon pour tous de vivre leur foi qui s’adapte à la réalité de la vie des gens. 

Ce reportage fait prendre conscience à la réalisatrice que cette office est un lien entre recueillement et convivialité et elle décide d’en faire le thème de son film. La question de l’implication de la technologie dans l’éloignement des paroissiens se pose pendant le sermon du pasteur. Le drive-in chrurch devient une image des paradoxes de notre société où le besoin de sociabilisation cohabite avec des barrières invisibles. « Tout comme les sentiments que j’éprouve à l’égard de mon État d’origine, ce film est un chassé-croisé entre l’absurdité apparente de la surface et l’humanité qui s’y cache. »

La Floride se définit par un paysage religieux multiple et en plein changement, inspiré par des dynamiques culturelles, démographiques et technologiques. Traditionnellement marqué par le christianisme avec les églises protestantes évangéliques et catholiques, l’état voit aujourd’hui de nouvelles tendances religieuses.

On constate une baisse de la participation aux services religieux dans cet état comme dans beaucoup d’autre. Néanmoins, la Floride est dotée d’un flux de migrants provenant d’Amérique latine qui diversifie les courants religieux, allant du christianisme pentecôtiste aux pratiques afro-caribéennes. Ainsi, les nouveaux projets comme l’église drive-in de Daytona Beach apportent d’évolution des cultes dans une ère où la religion doit s’adapter aux contraintes modernes et à l’isolement grandissant des individus.

Ce projet illustre la complexité de la Floride, un Etat défini comme étrange mais porteur d’une richesse humaine ignorée.