11 mars 2025 - Par Leuenberger, Heidi - Catégorie : Politique
Mazloum Abdi, le chef des Forces syriennes (FDS), et le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Chareh, signent un accord, dimanche soir à Damas, pour l’intégration de toutes les institutions civiles et militaires de l’administration autonome kurde au sein de l’État.
Heidi Leuenberger
La présidence cherche à unifier un pays déchiré par 13 ans de guerre civile. L’accord prévoit l’intégration des « les postes-frontières, l’aéroport ainsi que les champs pétroliers et gaziers » du nord-est de la Syrie à l’État, selon un communiqué signé par les deux partis publié lundi par la présidence. La communauté kurde est reconnue d’avoir « son droit à la citoyenneté et l’ensemble de ses droits constitutionnels », puisqu’elle est officiellement « une composante essentielle de l’État syrien », selon l’accord. Cette reconnaissance est la bienvenue pour ce peuple marginalisé sous l’ancien régime.
Même si la transition difficile menace la stabilité fragile de la Syrie, Mazloum décrète sur X qu’il voit cet accord comme opportunité qui assure une bonne cohabitation : « Nous sommes déterminés à construire un avenir meilleur qui garantisse les droits de tous les Syriens. »
Depuis le début de la guerre civile en 2011, les Kurdes ont pris possession d’un large territoire allant de l’Euphrate jusqu’à la frontière irakienne, combattant l’état islamique qui s’est imposé en Syrie.
Plus de 1000 morts
Les partisans de l’ancien président étaient visés par une opération militaire jugée l’une des pires violences depuis la chute de Bachar al-Assad, selon l’ONG.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdel Ghani, décrète que l’opération se termine dans l’ouest du pays, ce lundi dernier après « le succès de nos forces pour atteindre tous les objectifs fixés », selon l’agence officielle Sana.
La majorité des 1068 civils exécutés par les forces de sécurité ou des groupes alliés sont issus de la communauté alaouite, une minorité ethno-religieuse, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. De nombreux chrétiens innocents ont été également tués, le chiffre exact est inconnu.
Coupables
Des jihadistes étrangers seraient à l’origine des massacres des civils, selon les témoignages des habitants. Le président par intérim Ahmed al-Chareh promet de poursuivre les responsables en formant une commission d’enquête indépendante. La flambée de violence remet en question sa capacité à maintenir la sécurité selon la communauté internationale, qui éprouve de la difficulté à lui faire confiance.
Conditions misérables
Les habitants vivent dans la misère : « Il n’y a pas d’eau ou d’électricité depuis cinq jours, nous cherchons de l’eau du puits de notre quartier. Les magasins d’alimentation sont vides et nous ne pouvons rien acheter à manger », mentionne une étudiante de 22 ans, Farah à l’Agence France-Presse. Lundi soir, les rues de Lattaquié étaient anormalement vides pour la ville jugée la plus importante de la côte.
