Après Mazan, Le Scouarnec : le chirurgien pédocriminel aux 299 victimes.

Par Agathe Nogues

Le 24 février prochain se déroulera à Vannes, en France, un des plus grands procès de la justice française. Sur le banc des accusés, un ancien chirurgien de 74 ans, Joël Le Scouarnec. En face, c’est 299 victimes identifiées qui témoigneront contre cet homme pour viols et agressions sexuelles, pour des faits commis entre 1990 et 2014.

« Je suis à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, pédophile. Et j’en suis très heureux », avait écrit Joël Le Scouarnec dans son journal intime appelé « carnets noirs ». Pourtant, cet homme a exercé sans problème pendant plus de 31 ans sa profession de chirurgien viscérale et gynécologique, principalement auprès d’enfants. Reconnu par ses pairs qui le décrivent comme un « bon chirurgien », selon l’ancien chef anesthésiste-réanimateur et ancien maire de Quimperlé, l’homme a pu assouvir ses besoins au sein même de sa profession. 

Une arrestation avec révélations 

En 2017, Joël Le Scouarnec est arrêté à Saintes, en Charente-Maritime, pour exhibitionnisme face à une enfant de 6 ans et pour le viol de ses nièces. La police perquisitionne sa maison et découvre alors le portrait d’un homme vivant reclus, entouré de poupées de tailles enfantines. De plus, les enquêteurs vont mettre la main sur des centaines de fichiers informatiques dans lesquels le vieil homme regroupe méthodiquement les agressions sexuelles qu’il a commises sur des dizaines d’années. Dans ces fichiers, on retrouve notamment deux répertoires numériques contenant « environ 200 noms de patients » avec une description de l’agression et son ressenti, a expliqué le journaliste à Ouest-France, Pierrick Baudais. 

Des agissements sous protection 

« Il ne voit pas l’enfant comme nous le voyons nous, il voit l’enfant comme un objet sexuel », a déclaré l’avocate de plusieurs victimes de Joël Le Scouarnec à Ouest-France, Francesca Satta. Le silence des victimes de Joël Le Scouarnec a été longtemps dû par la machination de ses agressions. Âgées de 1 et 68 ans, et principalement des enfants, la plupart de ses victimes étaient soit trop jeunes pour expliquer ce qui leur était arrivé, soit pour les plus âgés, sous anesthésie, dans un état comateux.

Des erreurs qui coûtent cher

Néanmoins, en théorie, Joël Le Scouarnec n’aurait jamais dû être seul. Ces accusations reflètent alors un grand nombre d’ « erreurs institutionnelles et judiciaires cruciales », selon l’avocat de l’association de protection de l’enfance « La Voix de l’Enfant », Maître Frédéric Benoist. Déjà condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques dans le cadre d’une enquête du FBI, en 2006, il sera aussi accusé d’être « dangereux » par un des psychiatres de l’hôpital pour lequel il travaille. Malgré sa condamnation, cette accusation et le fait qu’elle soit, vraisemblablement connue des hôpitaux pour lesquels il travaillera, Joël Le Scouarnec pourra continuer d’exercer librement son métier. 

Si aujourd’hui aucune organisation médicale ne reconnait son implication, le procès de février soulèvera tout de même plusieurs réflexions : l’étendue des crimes de Joël Le Scouarnec et le silence de ceux qui étaient au courant.