Par Félix Rousseau-Giguère
Quelque 36 000 enfants migrants, dont 14 000 non accompagnés, ont besoin d’être appuyés en Lybie, plaque tournante pour des centaines de milliers de migrants tentant de rejoindre l’Europe par la mer, selon l’UNICEF qui craint que la communauté internationale songe à prendre une décision finale pour réduire le financement de l’organisation onusienne.
Pour la plupart des observateurs la rumeur voulant que les grands pourvoyeurs occidentaux allaient retarder l’émission d’un chèque de 52 millions de dollars ne tient pas debout. La communauté internationale ne claquera pas la porte à l’UNICEF, estiment-ils, et les deux continueront à collaborer pour porter secours aux migrants.
Un nombre élevé d’enfants non accompagnés
Parmi environ 400 000 migrants en Lybie, 9% sont des enfants, a révélé l’UNICEF dans un communiqué émis mardi. L’organisation onusienne a qualifié de «choquant» le nombre d’enfants migrants non accompagnés d’un membre de leur famille en Lybie, estimé à 14 000.
En 2017, près de 15 000 enfants non accompagnés ont atteint l’Italie en traversant la Méditerranée depuis la Lybie. 400 autres y ont laissé la vie, a déploré l’UNICEF. Beaucoup d’autres ont été victimes d’abus, voire d’exploitation sexuelle. Pour prendre le taureau par les cornes et se concentrer sur l’atteinte de ses objectifs, l’UNICEF a indiqué avoir mis en place un plan d’action afin de renforcer l’assistance aux enfants migrants en Lybie, notamment en matière de protection, d’éducation et de santé.
L’UNICEF tente un rapatriement
En 2018, l’UNICEF souhaiterait rapatrier 30 000 migrants dans le cadre d’un programme de retour volontaire, parmi lesquels de nombreux enfants.
Jusqu’à maintenant, elle a déjà rapatrié près de 15 000 migrants dans le cadre de ce programme, selon les chiffres de l’organisation arrêtés début décembre.
Abdel-Rahmane Ghandour, conseiller juridique de l’UNICEF en Lybie, cité dans le communiqué a déclaré qu’à sa connaissance, «nous ferons tout pour que tous les enfants, quel que soit leur statut, puissent recevoir une éducation, être protégés et recevoir les services de base».
La Lybie sur la sellette
La Lybie est particulièrement sous le feu des critiques, après la diffusion d’un documentaire de CNN sur l’esclavage, montrant des migrants africains vendus près de Tripoli. Le reportage a soulevé un tollé dans le monde.
La plupart du temps, les autorités libyennes se défendent en rappelant le poids que les flux de migrants ont sur ce pays ébranlé par les crises politiques, l’insécurité et de graves difficultés économiques depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
5 choses à savoir sur la crise en Lybie
- La chute du régime de Kadhafi en 2011 a plongé le pays dans un contexte socio-politique difficile (UNICEF) ;
- La Lybie est dirigée par deux exécutifs rivaux : « celui d’Abdel Hamid Dbeibah, installé à Tripoli […] et un autre dans l’est du pays, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar » (LeMonde) ;
- En septembre 2023, la tempête Daniel a ravagé plusieurs régions (UNICEF) ;
- Près de 5900 morts ont été recensés suite à la tempête Daniel (LeMonde) ;
- Environ 580 000 personnes ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire en Lybie (UNICEF)