L’ONU dénonce l’exécution d’enfants par le M23 à Bukavu

Genève – Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a accusé le M23 d’avoir exécuté des enfants lors de la prise de la ville de Bukavu en République Démocratique du Congo, lors d’un point de presse ce 18 février.

Romy Clermont

Dimanche, le M23 (Mouvement du 23 mars) et des combattants de l’armée rwandaise se sont emparés de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu dans l’est de la République Démocratique du Congo. Au cours de la prise de la ville, le groupe armé aurait exécuté des enfants. « Nous n’avons pas le chiffre global du nombre d’enfants exécutés, mais nous disposons d’un grand nombre de rapports qu’il faut vérifier », a annoncé la porte-parole, Ravina Shamdasani, lors du point de presse.

Un conflit qui dure

Depuis novembre 2021, le M23, une milice antigouvernementale s’empare peu à peu du territoire dans l’est du pays dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et d’Ituri. Soutenu par les forces armées rwandaises, le M3 souhaite obtenir un accès exclusif aux minerais. La région est riche en coltan, un matériel utilisé pour la confection d’appareils électroniques.

Depuis le début de son offensive, il y a plus de quatre ans, le M23 a pillé des villes et des villages dans l’est de la RDC. Des milliers de civils ont été tués. Les femmes et les enfants subissent des violences sexuelles fréquentes aux mains des combattants du M23. Selon l’ONU, environ 6 millions de Congolais ont fui les violences vers des camps de réfugiés.

Le 28 janvier dernier, le M23 et ses alliés rwandais ont pris Goma, la capitale du Nord-Kivu. L’ONU a compté 900 morts, 2900 blessés et 170 000 personnes qui ont dû fuir la ville.

Des meurtres d’enfants

À Bukavu, « trois garçons ont été tués lors d’une altercation avec des membres du M23, selon des informations recueillies auprès de sources fiables », a confirmé Ravina Shamdasani.

Mme Shamdasani explique que les trois enfants avaient « collecté des armes » qu’ils avaient trouvées. Lorsque des combattants du M23 les ont interceptés, ils ont demandé aux enfants de leur rendre les armes. Ceux-ci ont refusé et ont été exécutés.

Selon la porte-parole, la situation dans l’est de la République Démocratique du Congo « se détériore fortement, entraînant de graves violations des droits de la personne et des abus, telles que des exécutions sommaires, y compris d’enfants, et des violences sexuelles fondées sur le genre ».

Des milliers de déplacés

Lors du point de presse, un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh, a estimé qu’ « entre 10 000 et 15 000 personnes sont entrées au Burundi ces derniers jours, fuyant l’escalade des tensions et violences ».

La majorité des Congolais s’étant réfugiés au Burundi sont issus de la région de Bukavu. « Ceux qui fuient passent par la frontière officielle de Gatumba ou traversent la rivière Rusizi », a annoncé lundi le ministre de l’intérieur burundais, Martin Ninteretse, dans un communiqué.

« Nous demandons au Rwanda et au M23 de veiller à ce que les droits de la personne et le droit humanitaire international soient respectés », a dit Ravina Shamdasani face à l’escalade des violences en République Démocratique du Congo.

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