Agathe Nogues
« Il n’y a plus grand monde à la messe le dimanche! », voilà une expression qui a pris de plus en plus de sens avec les années. Enfin, pas pour tout le monde : les États-Unis, eux, ont trouvé leur solution. Drive-In Jesus, un documentaire de Lauren Defilippo, fait le portrait d’une église qui a su se réinventer.
Une estrade sur laquelle un prêtre prêche face à un stationnement de voiture. À l’intérieur de ces voitures, des gens assis : seul, accompagnés, ou encore avec leurs animaux, écoutant attentivement chacune des paroles du prêtre, les fenêtres ouvertes. Voici ce que retrace le documentaire de 9 min 24 s de la réalisatrice floridienne pour le New-York Times. Si les bancs inconfortables, le manque d’intimité, la température ont découragé plus d’un fidèle de franchir le pas des églises, le Daytona Beach Drive-In Christian Church, lui, a trouvé sa solution : regarder la messe depuis sa voiture.
Le choix du confort
« Qu’existe-t-il de plus vide de spiritualité et de connexion humaine que d’aller à l’église ancré dans […] votre voiture? », déclare la réalisatrice. La distribution de l’hostie et du vin de messe dans un petit verre en plastique, la quête faite depuis une voiturette de golf ou encore le klaxon collectif des fidèles après le « amen » du prêtre : voilà des scènes peu habituelles que l’on peut observer au travers du documentaire. Si ces scènes peuvent esquisser un sourire chez certains spectateurs, tous se poseront la même question « pourquoi faire cela? ». Si cette idée de drive-in peut sembler un peu ridicule, c’est pour un certain confort que quelques fidèles sont friands de cette méthode. Par exemple, les personnes « affaiblies par la maladie » peuvent profiter d’accessibilité et d’espace auquel ils n’ont pas accès autrement. D’autres, apprécient « l’intimité » offerte ou encore de pouvoir « assister à la cérémonie avec leurs animaux », explique Lauren Defilippo.
Difficultés du siècle
Loin de l’église traditionnelle, cette variation semble refléter certains enjeux de notre siècle. « Selon moi, l’église drive-in représente un microscope de ce que nous combattons tous les jours : essayer de se lier avec les autres et avec notre environnement malgré l’isolation croissante que nous impose la technologie », remarque la réalisatrice. Au-delà du confort, c’est aux difficultés de ce siècle que répond le drive-in.
Melting-pot religieux et politique
Si la religion semble perdre en popularité un peu partout en occident, ce n’est absolument pas le cas aux États-Unis. La religion chrétienne représente plus de la moitié de la population états-unienne. Non seulement l’église est très présente chez les États-Uniens, mais elle a un grand pouvoir d’influence sur les débats politiques. Cette influence se démarque dans certains débats actuels comme l’avortement, par exemple. Cette confusion entre le politique et la religion affecte alors de nombreux aspects de leur vie comme les écoles, les hôpitaux, la vie sociale.
La solution qui fait gagner l’Église
De nos jours, c’est 64% d’États-Uniens qui fréquentent des églises. Ce haut taux de fréquentation s’explique par des discours politiques qui donnent l’impression d’une ferveur religieuse. Avec les nouvelles politiques et l’arrivée au pouvoir de groupes d’extrême droite, on peut s’attendre à une fréquentation de plus en plus importante. L’église se doit, alors, de se réinventer afin de toucher un plus large public.
Les sites religieux comme le drive-in répondent complètement aux nouveaux critères sociétaux de notre génération. Comblant notre besoin de social et d’isolement, il se pourrait que le petit drive-in ait bientôt besoin de s’agrandir.
Sources :