Quand les États-Unis et la Russie mettent l’Ukraine de côté

Les chefs de la diplomatie américaine et russe se sont rencontrés à Riyad en Arabie Saoudite ce mardi, alors que la guerre en Ukraine se poursuit. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky et plusieurs diplomates européens ont critiqué la tenue de pourparlers sans la présence des représentants ukrainiens ou de membres de l’Union européenne.
Par Chanya Sedion
C’est à Riyad qu’a eu lieu la première rencontre entre les États-Unis et la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Les chefs de la diplomatie américaine et russe, Marco Rubio et Sergueï Lavrov ont conversés pendant plus de quatre heures sur les relations russo-américaines et le règlement de la crise. Cette réunion avait aussi pour but d’ouvrir la possibilité d’une rencontre entre les présidents des deux pays, Donald Trump et Vladimir Poutine.
À l’issue de cette rencontre, M. Lavrov a déclaré avoir « des raisons de penser que les Américains ont commencé à mieux comprendre notre position ». Marco Rubio a, quant à lui, soutenu que les États-Unis « visaient une fin juste et durable à la guerre en Ukraine ». Il a ajouté que « les basses d’une future coopération » ont pu être posés.
Mécontentement européen
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déploré l’absence de représentants ukrainiens à cette rencontre. « Des négociations sont en cours maintenant (…) entre des représentants russes et américains. Encore une fois, sur l’Ukraine et sans l’Ukraine », a-t-il déclaré pendant une visite en Turquie. Il a ajouté qu’il n’acceptera aucun accord auquel son pays n’aura pas pris part.
Les diplomates européens, qui n’ont également pas été conviés aux pourparlers, se sont rencontrés à Paris lundi pour discuter. À son issue, la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen et le président français, Emmanuel Macron, ont tous deux réaffirmé leur soutien à l’Ukraine sur X.

Emmanuel Macron sur X : « Après avoir réuni plusieurs dirigeants européens, je viens de parler au Président Trump, puis au Président Zelensky. Nous souhaitons une paix solide et durable en Ukraine. À cette fin la Russie doit cesser son agression et cela doit s’accompagner de garanties de sécurité fortes » / X

Ursula von der Leyen sur X : « Today in Paris we reaffirmed that Ukraine deserves peace through strength. Peace respectful of its independance, sovereignty, territorial integrity, with strong security guarantees. Europe carries its full share of the military assistance to Ukraine. At the same time we need https://t.co/xdAnkeWr4v » / X
Le premier ministre suédois, Ulf Kristersson a déclaré qu’« aucune discussion sur l’Ukraine ne doit avoir lieu sans l’Ukraine ».
Pourquoi l’Arabie Saoudite ?
Se présentant comme neutre dans le conflit, l’Arabie Saoudite a été désignée comme lieu de rencontre. Sa place de médiateur est assurée par sa situation privilégiée : le pays entretient de bonnes relations avec la Russie grâce aux politiques pétrolières et fournit de l’aide humanitaire à l’Ukraine.
La situation est également avantageuse pour le prince saoudien Mohammed ben Salmane. Elle lui permet un retour sur la scène internationale par suite de l’assassinat commandité d’un journaliste, Jamal Khashoggi, en 2018.
Alors que Zelensky s’est rendu en Turquie lundi pour discuter avec le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, ce dernier a proposé son pays comme hôte pour les pourparlers entre l’Ukraine, la Russie et les États-Unis.
Ces débuts de négociations ne signifient pas la fin de la guerre. 176 drones russes ont été lancés en direction de l’Ukraine, dans la nuit du lundi au mardi. Une femme et ses deux enfants ont été blessés. Aujourd’hui marque le 1091 jours depuis l’invasion russe en Ukraine.

Avec les informations de RFI, La Presse Canadienne, France Info et CNews.