40 000 $ réclamés à une enseignante qui a donné une note de zéro

Par Justine Bouchard-Girard

Des parents ont réclamé 40 000 $ à l’enseignante de leur fille de 15 ans, parce que cette dernière a octroyé la note de zéro à l’étudiante. Le 28 février, la Cour supérieure a rejeté la requête et les parents ont obtenu… zéro dollar. 

La famille demandait l’annulation de la note donnée à leur fille Florence*. Les parents souhaitent aussi recevoir la somme de 40 000 $, pour dédommager le désarroi causé. 

Les parents qui ont traîné en justice le Centre de services scolaires des Premières-Seigneuries et Mélissa Poulin, l’enseignante de l’école des Sentiers, située à Charlesbourg, à Québec, n’ont pas eu gain de cause dans cette histoire. 

La juge Nancy Bonsaint a conclu qu’aucune faute civile n’a été commise. Le Tribunal met également de l’avant le fait que le zéro était attribué à un travail qui valait seulement 1,5 % de la note finale du cours de français. 

Le plagiat en cause 

À l’automne 2022, Mme Poulin soupçonne Florence de plagiat lors d’un travail de composition réalisé avec une coéquipière. 

Une autre équipe de la classe s’est retrouvée avec un texte semblable. Ainsi, puisque la professeure était incapable de savoir quel duo avait copié l’autre, la direction de l’école a décidé, d’un commun accord avec Mme Poulin, que les quatre étudiants allaient avoir la note de zéro. 

Les parents de Florence mentionnent que l’adolescente était « détruite » par la situation. Elle a toujours été une bonne élève et tricher est contre ses valeurs. C’est une jeune fille intègre, selon sa famille. 

Constatant la frustration des parents, la direction a proposé à Florence de reprendre son évaluation. Les parents ont toutefois refusé cette proposition et se sont tournés vers la justice, en entament une poursuite en Cour supérieure à l’été 2023.

Le zéro n’a pas la cote

En 2018, une étude concernant le plagiat a été menée auprès d’une population de 300 étudiants de dernière année inscrits dans un programme de formation à l’enseignement à l’Université Laval. 

« Si les répondants surprennent un élève à plagier, 10 % d’entre eux indiquent qu’ils lui mettraient la note zéro […]. Plus de 90 % ont écrit qu’ils en parleraient avec l’élève pour lui présenter les règles du plagiat et lui demander de refaire son travail », relève l’étude. Ainsi, la grande majorité irait avec une approche éthico-pédagogique, plutôt que de faire échouer l’étudiant. 

Un processus stressant 

La juge comprend la souffrance vécue par Florence en raison de son échec. Néanmoins, elle déplore le fait que les parents de la jeune fille se soient acharnés sur l’enseignante. La magistrate mentionne qu’un tel processus peut être très stressant.

« Il y a lieu de faire preuve de retenue et de s’en remettre aux décisions prises par les enseignants et les directions d’école […], dans le cadre de leurs fonctions. Bien qu’il puisse en résulter, à l’occasion, un certain sentiment d’injustice […] », mentionne Nancy Bonsaint, juge à la Cour supérieure.

*Prénom fictif pour préserver l’anonymat de l’élève

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