Les personnes LGBTQ+ disproportionnellement touchées par les enjeux de santé mentale

Par Zoé Vachon

Les personnes LGBTQ+ canadiennes font face à davantage d’enjeux de santé mentale que le reste de la population, selon un sondage Léger paru mardi. 86% des personnes LGBTQ+ sondées ont vécu au moins un défi relié à la santé mentale dans les 12 derniers mois, contre 64% de la population ne faisant pas partie de la communauté.

L’anxiété, la dépression, l’épuisement professionnel et les pensées suicidaires sont les principales difficultés en santé mentale que vivent les personnes LGBTQ+ sondées.

Parmi les sources de cette anxiété sont l’insécurité financière, les relations familiales et amicales et le climat social et politique. 70% se disent aussi préoccupés par le recul des droits de la communauté LGBTQ+.

Discrimination et insécurité

La ligne d’appel de soutien aux personnes LGBTQ+ Interligne a commandé le sondage. Selon son président Pascal Vaillancourt, Interligne a constaté, dans l’année 2023-2024, une hausse des appels pour motif de violence, de transphobie, de détresse psychologique, d’idéation suicidaire et d’homophobie. « Ces chiffres-là nous font peur », confie-t-il.

Interligne a reçu près de 20 000 appels dans la période 2023-2024.

63% des personnes LGBTQ+ sondées ont vécu une situation de discrimination ou d’insécurité dans la dernière année. Il peut s’agir d’un sentiment d’insécurité dans l’espace public, de rejet de la part de proches, de harcèlement en ligne ou encore d’insultes verbales.

L’accès aux ressources de soutien est également un enjeu, révèle le sondage. 68% des personnes LGBTQ+ qui sont allées chercher ce soutien disent avoir été satisfaites des ressources en place. Parmi les 28% se disant insatisfaits, plusieurs citent des ressources inadaptées, des délais trop longs ou un coût trop élevé.

« Boucs émissaires »

« Les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont devenues les boucs émissaires pointés du doigt comme responsables de tous les problèmes de la société », déclare la co-présidente du Conseil québécois LGBT Mylène de Repentigny-Corbeil.

Elle cite l’interdiction de la construction de toilettes mixtes dans les écoles québécoises en mai dernier, qui aurait fait couler bien plus d’encre que la question des milliers de postes d’enseignant(e)s à combler.

Le Conseil québécois LGBT demande au gouvernement du Québec de créer un plan d’action pour lutter contre la haine et la violence, ainsi que d’augmenter le financement alloué aux actions communautaires.

Selon le sondage Léger, un peu moins de la moitié des personnes LGBTQ+ estiment que les gouvernements provincial et fédéral en font suffisamment pour soutenir la communauté LGBTQ+.

Climat politique

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier et les multiples attaques de son administration contre la communauté LGBTQ+ alimente aussi l’anxiété vécue par les personnes LGBTQ+, selon le directeur d’Interligne Pascal Vaillancourt.

« Depuis le 20 janvier, on entend parler de fascisme. La vitesse à laquelle les mots et les actions s’empirent, se dégradent, fait peur à beaucoup de gens et avec raison, explique-t‐il. La santé des personnes LGBTQ+ dans ce contexte-là ne peut qu’être affectée ».

Source des citations : conférence de presse d’Interligne et Léger à laquelle j’ai assisté