Une étude menée par deux chercheurs révèle que plus de 40% des élèves au cégep vivent ou ont vécu de l’insécurité alimentaire dans la dernière année. Beaucoup d’entre eux vont en classe le ventre vide, une réalité préoccupante.
Par Maïka Thomson
Éric Richard et le Dr François Régimbal, deux professeurs au cégep du Vieux Montréal, ont passé deux ans à s’intéresser aux comportements alimentaires des élèves aux études collégiales. Ils ont mesuré le taux d’insécurité alimentaire des cégépiens et les résultats parlent d’eux même: environ 44% des étudiants vivent de l’insécurité alimentaire. Qu’elle soit légère, modérée ou grave, il s’agit d’un enjeu qui nuit à la vie et aux études des étudiants.
L’étude a été réalisée l’automne dernier dans six cégeps auprès de 2127 élèves qui ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires. 23% ont signalé une insécurité alimentaire légère, 8% modérée et 13% légère.
Des chiffres qui inquiètent
Ce mardi, les résultats d’un sondage Léger mené pour la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont été révélés et appuient l’étude des chercheurs. Selon la firme, 40% des étudiants ont vécu de l’insécurité alimentaire dans la dernière année. 501 étudiants au cégep ou à l’université ont participé au sondage.
Dans le cadre de la campagne « Renversons le poids de la précarité », la FECQ et l’UEQ réclament, entre autres, l’amélioration de l’Aide financière aux études (AFE). Les résultats du sondage Léger renforcent cette demande et exposent les failles de l’AFE. 46% des personnes étudiantes qui bénéficient de l’AFE souffrent d’insécurité alimentaire et 68% des personnes étudiantes qui ont recours à de l’aide alimentaire bénéficient de l’AFE.
27% des étudiants n’ont pas les moyens de manger des repas équilibrés, 25% sautent des repas et, encore plus inquiétant, 13% affirment avoir passé une journée complète sans manger. Selon Antoine Dervieux, président de la FECQ, continuer dans cette direction n’est pas une option: « Ça fait peur de voir ces chiffres-là ».
Le pourquoi du comment
Le contexte financier global actuel est un énorme facteur quant à la précarité alimentaire des cégépiens, mais pas le seul. Bien que l’argent y joue un rôle, d’autres facteurs ont été identifiés par les chercheurs. Par exemple, le manque de temps. En effet, la surcharge de travail ainsi que les horaires irréguliers sont des facteurs évoqués par beaucoup. Les étudiants n’ont tout simplement pas le temps de manger, en partie à cause de l’école.
Des impacts alarmants
Les impacts de l’insécurité alimentaire sont flagrants et n’aident en rien à la réussite des étudiants. « Il y a des impacts sur les abandons de cours, sur le rendement académique, sur la difficulté à se concentrer à l’école… C’est documenté », explique le Dr François Régimbal. Le problème ne se limite donc pas à la faim.
Le sondage Léger révèle justement que 26% des personnes étudiantes ressentent les effets sur leur santé physique, 25% sur leur santé mentale et 23% sur leur réussite scolaire. Il est donc primordial de prendre la situation au sérieux et d’accompagner les jeunes.
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