Notre père qui est au vieux, que ton char soit climatisé

Le football, la religion et la restauration rapide sont trois aspects prédominants de la vie américaine. En 2017, la documentariste Lauren Defilippo s’est dirigée dans le sud de la Floride, afin d’assister à la messe du dimanche. Une messe sans église, avec un service au volant et qui se déroulait sur ce qui semble être un terrain de high school football.

Par Massimo Verrecchia

C’est sur une surface gazonnée de Daytona Beach que débute le documentaire. On y voit des gens de toute sorte défiler en voiture. Majoritairement, ils sont blancs, vieux et en surpoids, mais il y a quand même des jeunes, des Asiatiques, des noirs, etc. Chaque automobiliste s’arrête dans un genre de drive-thru, accueilli par ce qui semble être un membre du clergé. Ce dernier leur donne un petit contenant ayant à l’intérieur, le corps et le sang du Christ (une hostie et quelques millilitres de vin). Dans un article du New York Times, madame Defilippo avoue qu’elle a été surprise de l’efficacité de cette église hybride : «En passant du temps avec les membres de la congrégation, ma perception de cet endroit étrange a lentement commencé à évoluer.»

Lien vers la vidéo https://youtu.be/owazie9ZNBs?si=uEyQ-ISZkg20ymuE

Les avantages d’une messe sans-abris

Il est vrai qu’à première vue, prier dans son auto seule ou en famille paraît un peu spécial. La documentariste explique toutefois qu’il y a plusieurs bonnes raisons d’assister à une cérémonie comme celle de Daytona Beach. «Certains étaient affaiblis par la maladie et trouvaient la facilité d’accès à l’espace un plus. D’autres avaient perdu un être cher et souhaitaient avoir de l’intimité pendant leur deuil», a-t-elle mentionné.

Dans l’ensemble, le documentaire est sobre. Après que les croyants se stationnent, le court métrage montre des segments de la messe. Cette dernière est réalisée par le prêtre local, qui parle dans un microphone connecté à un poste de radio. Les individus participant à ce rituel hebdomadaire, qui restent dans leur voiture, écoutent le prêtre et répètent à haute voix certains passages. Le tout se conclut avec la consommation de l’hostie et du vin rouge.

Les chiffres dans la religion

Selon le site de recherche Churchtrac, environ 44% des Américains visitent leur église toutes les semaines. Ces pourcentages sont bien supérieurs à la moyenne québécoise qui tourne autour de 10% selon le dernier article à ce sujet de la Montreal Gazette.

Ironique de penser qu’il y a des Américains qui prient dans leur auto, lorsqu’il y a environ 370 000 églises aux États-Unis (selon Hartford Institute for Religion Research). Il n’y a même pas 370 000 habitants si l’on additionne les villes de Trois-Rivières, Terrebonne et Saint-Jean-sur-Richelieu!

Selon le Pew Research Center, en Floride, plus du trois quarts de la population se dit religieux, et dans ce groupe 46% sont protestants et 21% sont catholiques.

Une réalité pour plusieurs

Lauren Defilippo explique que pour elle «l’église au volant représente un microcosme de ce contre quoi nous luttons tous les jours : essayer de nous connecter les uns aux autres et avec notre environnement malgré notre isolement croissant alimenté par la technologie».