L’ascension de Télé-Métropole et l’héritage de Joseph-Alexandre DeSève

15 avril 2025 - Par - Catégorie : culture

L’audace de Joseph-Alexandre DeSève: la naissance d’une télévision populaire et québécoise

En ce début des années 1960, le Québec entre dans une ère de bouleversements culturels et médiatiques sans précédent. À Montréal, le paysage audiovisuel se transforme radicalement avec l’arrivée d’un nouveau joueur sur les ondes hertziennes : Télé-Métropole, première chaîne de télévision privée francophone au pays. Derrière cette initiative pionnière se cache un homme avec une vision : Joseph-Alexandre DeSève.

Né à Montréal le 14 septembre 1896, DeSève consacre sa vie à la promotion du divertissement en français, d’abord à travers le cinéma, puis en tant que fondateur de Télé-Métropole, qui deviendra le réseau TVA. Il s’éteint dans sa ville natale le 3 septembre 1968, mais laisse derrière lui un legs durable : celui d’un espace médiatique francophone privé, populaire et accessible.

Un parcours enraciné dans le cinéma francophone

Avant d’imaginer une chaîne de télévision, DeSève bâtit sa réputation dans le monde du cinéma, à une époque où les productions hollywoodiennes dominent les écrans québécois. Il débute dans la distribution de films français en cofondant Franco-Canada Films avec Édouard Garand, puis rejoints, en 1934, la société France-Film, où il gravit les échelons pour en devenir président-directeur général en 1948.

Sous sa direction, France-Film participe à la production de plusieurs grandes œuvres du cinéma québécois naissant, dont Le Gros Bill, Tit-Coq et La Petite Aurore, l’enfant martyre. Ces films, profondément enracinés dans la réalité locale, captent l’imaginaire populaire et posent les bases d’un cinéma national. En parallèle, DeSève prend la direction de plusieurs salles prestigieuses de Montréal, telles que le Théâtre Saint-Denis, le Beaubien, le National et l’Arcade, consolidant son influence dans l’univers du divertissement.

La télévision comme prolongement culturel

L’arrivée de la télévision au Québec en 1952 éveille rapidement son intérêt. Dès les débuts de Radio-Canada à Montréal, DeSève vend ses films à la société d’État. Deux ans plus tard, en 1954, il fonde avec Paul L’Anglais la société Télé-International Corporation, qui produit des émissions destinées à la télévision publique. Mais l’homme voit plus grand : créer une chaîne privée, québécoise, indépendante, capable de parler directement aux téléspectateurs dans leur langue, et selon leurs référents culturels.

Lorsque le gouvernement de John Diefenbaker annonce à l’été 1959 qu’il autorisera bientôt la création de postes privés à Montréal, DeSève se lance. Avec L’Anglais, Jean-Paul Ladouceur, André Ouimet et Maurice Godbout, il dépose une demande officielle pour obtenir une licence d’exploitation. Le projet est accepté en mars 1960 : Télé-Métropole (CFTM-TV) voit le jour, devenant ainsi la première chaîne privée francophone à émettre depuis Montréal, sur le canal 10.

La programmation initiale proposée est ambitieuse : bulletins de nouvelles, pièces de théâtre locales, émissions musicales, films, cours universitaires les week-ends… La chaîne est autorisée à diffuser dans un rayon de 100 kilomètres autour de Montréal, atteignant un vaste public.

J.A. DeSève accompagné de Paul L’Anglais, à gauche. Entre eux, Roland Giguère. Source : Cinémathèque québécoise, 1998.2157.PH.6285

Une équipe solide pour un pari audacieux

Pour structurer sa station, Joseph-Alexandre DeSève recrute une équipe solide, composée de professionnels chevronnés issus des milieux du cinéma, de la radio et de la production télévisuelle. Il nomme Paul L’Anglais au poste de vice-président, André Ouimet comme deuxième vice-président et contrôleur général, et Jean-Paul Ladouceur à la réalisation. Maurice Bastien prend la tête du service du film, tandis que Roméo Gariépy est chargé du département des caméras.

Mais ce sont surtout trois figures clés qui donnent à la station sa couleur distincte : Roland Giguère, ancien directeur de production à Radio-Canada, devient directeur général ; Robert L’Herbier élabore la programmation ; et Claude Lapointe, voix bien connue de CKAC, structure un service de nouvelles. C’est un défi de taille, mais les ressources sont bien utilisées.

« Dès le début, Télé-Métropole a été centrée sur des émissions populaires, des téléromans, des jeux, des choses comme ça. Ça a tout de suite marché auprès d’un large public », observe Claude Martin, analyste des médias et professeur retraité de l’Université de Montréal.

Une télévision de proximité, populaire et québécoise

Contrairement à Radio-Canada, Télé-Métropole adopte un ton plus familier, un style plus accessible, et cible directement la population montréalaise et québécoise. Ce positionnement assumé fait parfois froncer les sourcils dans les milieux intellectuels.

« Il y a eu un rejet au départ par les classes scolarisées, parce que ça ne s’adressait pas au même public, explique Claude Martin. Une des raisons, c’est aussi : qui sont les propriétaires ? Ce n’est pas un organisme fédéral, c’est un groupe d’hommes d’affaires québécois, issus de la culture populaire. »

Mais cette indépendance, ce regard québécois assumé, permet justement de proposer un contenu alternatif, enraciné. DeSève va même plus loin : en important des films français non censurés, il brise le monopole américain sur les écrans du Québec, participant à un élargissement des horizons culturels.

« Quand on lit Michel Tremblay, il nous parle d’un temps où il allait voir des films américains, parce que c’était tout ce qu’il y avait, raconte Martin. DeSève, lui, a amené autre chose. Il a importé du cinéma de France, et ça a fait une vraie différence. »

Une riposte à Radio-Canada — et un modèle repris

L’effet est immédiat. La nouvelle chaîne rencontre un succès fulgurant. Ses émissions attirent une large audience. Les cotes d’écoute montent rapidement.

« Ça fonctionnait. Radio-Canada a été ébranlée, vraiment. Et petit à petit, la société d’État s’est mise à faire… comme Télé-Métropole ! », note Claude Martin.

Pour Martin, Télé-Métropole ne marque pas seulement une rupture stylistique ou technique. Elle incarne aussi une vision du journalisme plus diversifiée, moins centralisée. Même si les débuts sont dominés par des contenus plus économiques à produire (jeux, fictions traduites), le journalisme prend rapidement sa place.

« Moi qui suis un analyste des médias, dit-il, je n’écouterais pas les nouvelles de la même façon si je n’avais pas accès à plus qu’un seul point de vue. Télé-Métropole, c’est ça aussi : une autre voix.

Télé-Métropole : naissance d’une révolution télévisuelle québécoise

Le 19 février 1961 marque une date clé dans l’histoire médiatique du Québec. Ce jour-là, dans une ambiance d’enthousiasme et d’attentes, la station de télévision Télé-Métropole (CFTM-TV) est officiellement mise en ondes, devenant ainsi la deuxième chaîne de télévision privée francophone de la province.

Appartenant à Joseph Alexandre DeSève, figure marquante du monde des affaires et fervent défenseur de la culture francophone, Télé-Métropole s’impose immédiatement comme une alternative résolument différente à la télévision d’État, Radio-Canada, alors prédominante et presque sans concurrent sur le territoire québécois.

Une équipe réduite, une ambition immense

Quelques semaines avant le lancement officiel de la station, en janvier 1961, Claude Lapointe est nommé à la tête du Service des nouvelles. Il forme une petite équipe de journalistes et techniciens – quatre rédacteurs et une secrétaire – qui travaillent sans relâche pendant six mois pour mettre sur pied le tout premier bulletin d’information de la chaîne. Malgré des ressources modestes, l’équipe réussit à produire un contenu informatif qui se distingue par sa pertinence locale.

La stratégie est claire : contrairement à Radio-Canada, qui doit couvrir l’ensemble du territoire canadien en français, CFTM concentre ses efforts sur Montréal, le Québec, et les nouvelles nationales.

« Le journal télévisé de Télé-Métropole, c’était celui du Québec francophone, pas celui de la francophonie canadienne dispersée. C’est ce qui le rendait plus pertinent pour nous », souligne Martin.

Cette orientation s’illustre notamment lors des élections fédérales de 1968, dont les résultats sont, pour la première fois, diffusés en couleur par la chaîne. Grâce à une coordination nationale avec La Presse canadienne, CTV et Radio-Canada, CFTM parvient à offrir une couverture électorale crédible et percutante avec seulement huit rédacteurs, cinq caméramans et deux réalisateurs, appuyés par trois unités mobiles.

Une télévision « moins chère » … mais plus proche du public

La logique de fonctionnement de Télé-Métropole repose aussi sur la rentabilité et la flexibilité. L’émission électorale de 1968, par exemple, coûte à la station environ 40 000 dollars — une somme dérisoire comparée aux 300 000 dollars investis par Radio-Canada pour une production équivalente.

« C’est toujours coûteux de faire de l’information, admet Claude Martin. Mais Télé-Métropole a prouvé qu’on pouvait faire du journalisme de qualité avec moins de moyens. Ils ont su trouver un équilibre entre efficacité et pertinence. »

La programmation informative prend d’ailleurs de plus en plus de place à l’antenne au fil des années, au point de devenir l’un des piliers de la chaîne.

« Il faut le dire : avoir plusieurs sources d’information change la manière dont on comprend le monde », précise Martin.

Un modèle québécois sans contraintes fédérales

L’autre force de Télé-Métropole réside dans sa liberté éditoriale. Contrairement à Radio-Canada, qui appartient à l’État fédéral et doit répondre aux exigences d’un auditoire réparti sur tout le territoire canadien, Télé-Métropole n’a de comptes à rendre qu’à son public québécois.

« Radio-Canada, c’est une institution qui doit marcher sur des œufs. Il faut plaire à Toronto, à Moncton, à Vancouver… C’est un casse-tête. À cause de ça, leur téléjournal manque parfois de résonance locale. Télé-Métropole, elle, peut parler directement au Québec, sans filtre », résume Martin.

Un héritage encore vivant

Dès les années 1960, la chaîne devient la plus grande station de télévision privée francophone du Québec, avec une portée de 100 kilomètres autour de Montréal. En 1962, le premier débat télévisé entre chefs politiques est suivi par plus de deux millions de téléspectateurs, une performance historique.

La création en 1965 de JPL Production inc. (devenue TVA Productions) élargit encore l’offre de contenu original. Et en 1968, la ville de Montréal décide de renommer la rue longeant les studios de la chaîne “rue Alexandre-DeSève”, en hommage à l’homme visionnaire qui a redéfini la télévision québécoise.

« Télé-Métropole a été une révolution tranquille à elle seule, conclut Claude Martin. C’était une réponse directe à une réalité culturelle étouffée. Aujourd’hui encore, on en ressent les effets dans notre manière de regarder, de comprendre et de discuter de l’actualité. »

Naissance de TVA : l’audace de Télé-Métropole et la Révolution tranquille de la télévision québécoise

À l’ère où les téléviseurs deviennent des meubles essentiels dans tous les salons québécois, un virage s’opère silencieusement, mais puissamment, au sein du paysage médiatique de la province. Un virage mené par une station privée de Montréal — Télé-Métropole— qui, dès les années 1960, ose penser la télévision autrement. Et qui, en 1971, donnera naissance au réseau TVA, aujourd’hui encore pilier de l’identité télévisuelle francophone.

Une idée qui germe : partager le signal, tisser un réseau

Le germe du réseau TVA apparaît en 1963, lorsque CJPM-TV de Chicoutimi, nouvellement créée, commence à partager sa programmation avec CFTM-TV. En 1964, CFCM-TV à Québec emboîte le pas. L’idée d’un réseau se dessine : pourquoi ne pas coordonner la diffusion de contenus entre plusieurs stations privées francophones ?

« Il n’y avait pas encore de TVA à ce moment-là. Juste une entente de bonne foi entre stations qui voulaient faire plus avec moins. Mais surtout, qui voulaient servir leur monde », rappelle Martin.

Pendant plusieurs années, cette collaboration demeure informelle. Mais en 1971, tout change.

1971 : la naissance officielle du réseau TVA

Le 5 septembre 1971, à 22 h 30, le bulletin Les nouvelles TVA est diffusé pour la première fois. Quelques jours plus tard, une émission spéciale intitulée Bienvenue TVA marque le lancement officiel du réseau TVA — pour Télédiffuseurs associés. C’est un moment charnière dans l’histoire des médias québécois.

À ses débuts, TVA regroupe trois stations principales : CFTM (Montréal), CFCM (Québec), CJPM (Chicoutimi). Ces stations diffusent certaines émissions en simultané, mais conservent leur autonomie régionale. Le modèle, novateur pour l’époque, repose sur une grille centralisée autour de Montréal, tout en laissant place à des décrochages locaux : nouvelles, météo, publicités, et mêmes émissions originales.

« C’était malin, vraiment. On avait un réseau national sans perdre le contact local. C’est pour ça que TVA a si bien fonctionné dès le début », analyse Martin.

Expansion et domination : la montée en puissance de TVA

Entre 1973 et 1978, TVA élargit considérablement sa couverture : CHLT-TV à Sherbrooke (1973), CFVO-TV à Hull/Ottawa (1974), CHEM-TV à Trois-Rivières (1976), CFER-TV à Rimouski, CFEM-TV à Rouyn-Noranda et CIMT-TV à Rivière-du-Loup (1978).

En moins d’une décennie, le réseau couvre plus de 98 % de la population francophone du Québec. Le CRTC reconnaît officiellement TVA comme une véritable alternative privée à Radio-Canada sur le plan national.

Mais derrière ce succès régional se cache une réalité : la domination croissante de CFTM, qui produit à elle seule 90 % de la programmation du réseau dès les années 1980.

« TVA, c’était CFTM. Point. Les autres stations relayaient, adaptaient un peu, mais la machine créative était à Montréal. Quand CFTM coupait pour un bulletin de nouvelles, tout le réseau était affecté », se souvient Martin.

La structuration des nouvelles

En 1982, TVA se réorganise. L’information devient un pilier stratégique, avec des émissions d’affaires publiques, sportives et politiques.

En septembre 1986, TVA adopte des standards de production clairs pour ses bulletins. Inspirés de ses Principes d’action, ces protocoles encadrent la mise en ondes, le traitement des nouvelles, et l’éthique journalistique du réseau.

« Télé-Métropole a été importante, même si au début, il y avait peut-être moins de ressources que d’autres. Aujourd’hui, lorsqu’on écoute les nouvelles à TVA et à Radio-Canada, c’est franchement différent. C’est vraiment formidable », note Martin.

SEMAINE DU 30 AOÛT AU 6 SEPTEMBRE 1971 — PAGE 33https://collections.banq.qc.ca/retrieve/13223987

Une révolution tranquille, mais décisive

Le réseau TVA n’est pas né d’un décret politique, mais d’une nécessité culturelle. Née de l’audace de Télé-Métropole, renforcée par l’alliance de stations régionales, et consolidée par une vision claire de son public, TVA devient en quelques décennies la voix médiatique dominante du Québec francophone.

« On ne peut pas être une société qui existe si on écoute juste des nouvelles américaines. TVA, ça a été un outil pour se raconter, pour s’entendre, pour se reconnaître », conclut Claude Martin.

Aujourd’hui, bien des choses ont changé. Les plateformes numériques, les balados, les réseaux sociaux bousculent les vieux modèles. Mais la leçon demeure : pour exister, une culture doit avoir ses propres médias. Et TVA, plus qu’un simple réseau, en a été le témoin et le vecteur.

 

Pierre Bruneau : l’homme d’antenne au cœur des Québécois

Par-delà les décennies, il n’a jamais levé le ton. Il n’a jamais eu besoin de crier pour se faire entendre. Depuis 1976, Pierre Bruneau a fait bien plus que livrer les nouvelles : il a incarné la voix tranquille mais assurée d’un Québec en perpétuelle transformation.

Lorsqu’il prend les commandes du bulletin de 18 h à Télé-Métropole — qui deviendra TVA — Pierre Bruneau n’imagine probablement pas qu’il deviendra, au fil des ans, le visage le plus emblématique de l’information télévisée québécoise. Il a traversé les époques comme on traverse un fleuve : avec constance, calme et lucidité. De la soirée référendaire de 1980 à la tragédie de Polytechnique, de la crise d’Oka aux tempêtes de verglas, Pierre Bruneau a été un repère dans la tourmente.

Avec Janette Bertrand en 1987 remportant son premier prix MétroStarhttps://www.pressreader.com/canada/echos-vedettes/20220616/284017605748380

Une voix

En 1987, la remise d’un prix Métrostar marque un tournant. Ce n’est pas qu’un trophée : c’est la première reconnaissance populaire pour un homme de nouvelles de TVA. À l’époque, les journalistes eux-mêmes évitent de mentionner qu’ils travaillent pour le réseau, encore perçu comme le petit joueur face à Radio-Canada. Mais Pierre Bruneau croit en la mission. Il défend une approche journalistique centrée sur la proximité, l’humain et la rigueur, malgré les moyens techniques modestes du réseau à l’époque. Il se souvient, fier, de la fameuse soirée référendaire de 1980, où TVA avait osé diffuser des bandeaux d’information, même durant les pauses publicitaires. Une première audace parmi tant d’autres.

Un ambassadeur malgré lui

Il ne participait pas aux décisions corporatives de Québecor, mais en était sans contredit le visage le plus crédible. Pierre Bruneau a porté TVA à bout de voix, devenant un ambassadeur médiatique unique, consolidant la place de Québecor dans l’univers médiatique québécois. Il en a vu les transformations, parfois critiqué la concentration des médias, mais a toujours gardé comme ligne directrice le service au public.

L’actualité comme mission, le public comme boussole

Bruneau n’a jamais craint de parler de ses collaborateurs, au contraire. Il les encense, les nomme : Pierre Nadeau, « l’icône journalistique d’une génération », Claude Charron, Michel C. Auger, Sophie Thibault. Il ne s’est jamais vu comme une vedette isolée, mais bien comme le capitaine d’un navire collectif.

Mais derrière l’ancrage professionnel, il y a l’homme. Le père qui a traversé la maladie et la perte de son fils Charles, une épreuve dont il a parlé avec pudeur, recevant en retour un immense élan d’amour du public. Cette proximité avec les Québécois est réciproque. « C’est captivant de voir comment j’ai pu rester connecté avec la population », dit-il. Pour lui, le téléspectateur a toujours été souverain : « Ce sont eux qui nous choisissent, avec leur zapette. »

Des bulletins qui traversent les générations

Il se dit touché de voir des gens lui raconter qu’ils regardaient le bulletin avec leurs parents, et le regardent maintenant avec leurs enfants. Il est devenu un personnage dans la vie des gens, presque un membre de la famille. Un rôle qu’il n’a jamais pris à la légère. « On ne peut pas le nier… »

En juin 2022, il prend sa retraite. Sans éclat. Sans drame. Fidèle à lui-même. Sophie Thibault prend la relève de l’édition de 22 h, dans la continuité de ce qu’il a bâti. Et TVA continue de porter les marques de son influence : crédibilité, proximité, humilité.

Pierre Bruneau n’a pas seulement été le lecteur des nouvelles, il en a été le témoin lucide, le passeur empathique.

Vidéotron : Une percée dans l’univers télévisuel

Le 14 juillet 1986, une nouvelle passe presque inaperçue aux yeux du grand public : Vidéotron, entreprise alors surtout connue pour ses câbles coaxiaux et sa téléphonie résidentielle, annonce l’acquisition de Télé-Métropole, principale station de télévision privée au Québec. Ce geste, pourtant, transformera à jamais le paysage médiatique francophone en Amérique du Nord

Claude Martin, analyste des médias et professeur retraité en communication, résume l’impact de cette fusion en quelques mots : « C’est là qu’on a compris que la télé, ce n’était plus juste un poste dans le salon. C’était un système, un réseau, un empire en devenir. »

De la câblodistribution à la conquête du contenu

Fondée en 1964, Vidéotron s’est rapidement imposée comme chef de file dans le domaine de la câblodistribution au Québec. Mais c’est son entrée en bourse en 1985 et, surtout, l’acquisition de Télé-Métropole en 1986 — pour 134,1 millions de dollars — qui témoignent de son ambition nouvelle : celle de produire le contenu qu’elle diffuse.

L’opération, approuvée par le CRTC le 28 janvier 1987, donne à Vidéotron le contrôle de 40,7 % du capital-actions et 99,6 % des droits de vote de Télé-Métropole. Elle propulse André Chagnon à la tête de ce nouvel ensemble, à un moment où la télévision privée francophone est en pleine expansion.

« C’était une vision stratégique. Ceux qui contrôlent les câbles voulaient aussi contrôler ce qu’il y a dessus. Une logique intégrée. Et on le voit encore aujourd’hui avec les géants comme Bell ou Rogers. » se souvient Claude Martin.

Télé-Métropole, Pathonic, et l’ascension du Réseau TVA

En 1988, une autre transaction majeure survient : Télé-Métropole rachète 93 % du réseau Pathonic, un ensemble de stations régionales déjà sous l’égide de Vidéotron. Coût de l’opération : 67 millions de dollars, surpassant l’offre concurrente de Cogeco. Le CRTC confirme cette acquisition en juillet 1989.

Le résultat ? Une concentration sans précédent dans la télévision québécoise. Le réseau TVA, déjà constitué autour de CFTM, CJPM et CFCM, se voit désormais élargi et consolidé. « TVA, c’est devenu un vrai réseau. Il y avait une identité visuelle, une structure cohérente », commente Martin.

Les années 1990 : TVA devient un géant

En 1995, TVA atteint un sommet : elle devient le principal producteur et diffuseur de contenu francophone en Amérique du Nord. Le réseau propose 2 000 heures de divertissement et 1 200 heures d’information par an, battant à plate couture tous les autres diffuseurs privés du pays.

L’année suivante, TVA fonde LCN (Le Canal Nouvelles), qui sera lancé le 8 septembre 1997, et devient partenaire de Canal Indigo. En 1998, Télé-Métropole devient Groupe TVA, lance TVA.ca, et obtient le statut de réseau national.

LA PRESSE, MONTRÉAL, JEUDI 6 SEPTEMBRE 1990 https://collections.banq.qc.ca/retrieve/4447880

L’ombre des Péladeau : du journalisme populaire à la convergence médiatique

À l’aube du XXIe siècle, Québecor, fondée par Pierre Péladeau, fait une entrée fracassante dans le monde de la télévision. L’entreprise, déjà bien ancrée dans le monde de la presse écrite avec le Journal de Montréal, adopte dès les années 1950 une approche de journalisme de proximité, souvent critiquée pour son sensationnalisme, mais défendue pour sa capacité à rejoindre le « vrai monde ».

« Oui, il y avait du sensationnalisme. Mais dans ces pages, il y avait aussi des journalistes sérieux. Et surtout, Pierre Péladeau disait toujours : Si je n’avais pas mon journal, ces gens-là ne liraient jamais rien. Et il avait raison », nuance Claude Martin.

Son fils, Pierre Karl Péladeau, né en 1961, entre dans l’entreprise familiale dès l’adolescence. En 2000, Québecor rachète Vidéotron pour 5,4 milliards de dollars, évinçant au passage l’offre de Rogers avec l’aide décisive de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Ce rachat inclut TVA, Publications TVA, et tout l’écosystème de diffusion de contenu québécois. Un tournant décisif.

« C’est un retour aux sources. Un peu comme DeSève, Pierre Karl Péladeau vient du monde du contenu. Il connaît le terrain. Et là, il contrôle aussi le câble, l’Internet, les journaux. C’est de la convergence à l’état pur », analyse Martin.

Consolidation et modernisation

Le 5 juillet 2001, le CRTC approuve le transfert de contrôle de TVA à Québecor Média inc., scellant ainsi la domination du groupe. En septembre, Sophie Thibault devient la première femme à occuper le poste de chef d’antenne d’un grand bulletin télévisé de fin de soirée.

Finalement, en 2012, le nom Télé-Métropole est abandonné pour de bon. TVA devient la seule et unique marque de l’entité télévisuelle.

L’importance culturelle de TVA aujourd’hui

Même à l’ère du numérique, la télévision traditionnelle reste la principale source d’information pour 47 % des Canadiens francophones, selon une enquête de l’Université d’Oxford (Reuters Institute for the Study of Journalism, 2018). Claude Martin insiste : « TVA n’a pas juste accompagné les Québécois. Elle les a façonnés. Elle a parlé leur langue, montré leur monde, raconté leurs histoires. Et même dans le tumulte des nouvelles plateformes, elle reste un repère.»

De Vidéotron à TVA, de Pierre Péladeau à Pierre Karl, du câble aux écrans intelligents, le parcours de cette entreprise est plus qu’un « succès story » économique. C’est un récit identitaire, un chapitre fondamental de la culture québécoise contemporaine. « Au Québec, on ne fait pas juste écouter la télé. On s’y voit, on s’y reconnaît. TVA, c’est nous », résume Claude Martin.

Références

  • Trudel, L. (1992) Télé-Métropole et l’avenir de la télévision privée francophone
  • Lever, Y. (2008) Joseph-Alexandre DeSève : Diffuseur d’image. Les éditions Michel Brûlé
  • Sophie Imbeault, Une histoire de la télévision au Québec, Montréal, Fides, 2020.
  • Yves Lever, « J.A. DeSève, diffuseur d’images », Séquences – La revue du cinéma, vol. 258,‎ 2009 (lire en ligne [archive])
  • Agence France-Presse, « Télé-Métropole reste actionnaire de la cinquième chaîne de télévision française », La Presse,‎ 27 septembre 1989, B8
  • Michel Van de Walle, « Télé-Métropole se retire de la Cinq », La Presse,‎ 30 mai 1990, p. D2
  • (en) « Office of Consumer Affairs [archive] », sur ic.gc.ca (consulté le 4 juin 2023).
  • « Bulletin d’information de radiodiffusion CRTC 2010-690 [archive] », sur CRTC, 16 septembre 2010
  • « Calendrier de transition à la télévision numérique (TVN) [archive] » [PDF], sur Industrie Canada, avril 2007, p. 25
  • Barrette, P. (2007). L’avenir de la télévision. 24 images, (131), 56–57.
  • « Décision CRTC 98-488 [archive] », sur CRTC, 29 octobre 1998
  • « L’acquisition de Télé-Métropole s’est faite hier », La Presse, vol. 103, no 98,‎ 29 janvier 1987, p. D1 (ISSN 0317-9249, lire en ligne [archive]).
  • La Presse canadienne, « Le CRTC accorde Pathonic à T.-M. », La Presse, vol. 105, no 272,‎ 27 juillet 1989, A10 (ISSN 0317-9249, lire en ligne [archive]).
  • 5Paule des Rivières et Robert Dutrisac, « Vent de bouleversement dans la télévision privée : Vidéotron vendrait Télé-Métropole à CFCF et ferait l’acquisition de CF Cable », Le Devoir,‎ 10 novembre 1995.
  • Maurice Jannard, « Vidéotron offre de tout acheter », La Presse,‎ 20 avril 1996, A1.
  • « Entente de principe entre Télé-Métropole et Vidéotron », Le Devoir,‎ 5 octobre 1996, p. C3.
  • (Septembre 1986) JALONS DE PROGRÈS. Les standards de l’information au réseau TVA
  • https://ladouceur.ca/page-2/index.html
  • https://broadcasting-history.ca/language/fr/television-2/reseaux-de-television/history-of-the-tva-network/

Élections fédérales 2025 : Campagne déterminante, électorat anxieux

2 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Les dirigeants des partis parcourent le Canada pour tenter de convaincre les électeurs de leur accorder leur soutien pour le scrutin, prévu pour le 28 avril après une campagne de 36 jours, la durée minimale exigée par la loi. Les Canadiens iront voter dans un contexte particulier, où les menaces de Donald Trump sur la souveraineté et la stabilité économique du pays pèsent lourdement. L’UQAM est allée interroger les citoyens de Sainte-Marie-Saint-Jacques sur comment ils perçoivent la campagne.

Par Samuel Lacasse

Après une semaine de campagne largement dominée par deux principaux candidats – le nouveau premier ministre libéral Mark Carney et le conservateur Pierre Poilievre – les électeurs expriment des préoccupations liées à l’économie: éviter la récession, remettre l’économie en marche et trouver un leader compétent en matière économique pour défendre les intérêts des Canadiens.

Actuellement, les sondages montrent une avance de 4 points pour le Parti libéral, avec 42 % des intentions de vote contre 38 % pour les conservateurs. Les libéraux devancent leurs rivaux en Ontario, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique, tandis qu’ils sont à égalité en Colombie-Britannique.

La peur au ventre

« Comme la guerre tarifaire avec Trump, j’ai l’impression que les différents enjeux nous submergent », s’inquiète Alex, un paysagiste de 27 ans, qui préfère prendre ses distances du climat anxiogène de la politique sauf durant la campagne électorale : « Je sais que c’est essentiel de voter et de se tenir informé, mais, au quotidien, l’impacte sur ma santé mentale est trop important », soutient-il avant d’ajouter que « Le climat social est déjà suffisamment politisé, les besoins comme les solutions sont partout autour de nous »

Alex, un paysagiste de 27 ans, réside dans la circonscription.

Si le vote avait lieu aujourd’hui, cela suffirait pour envisager un gouvernement libéral majoritaire, bien qu’il reste encore beaucoup de temps avant le jour du scrutin. « Je redoutais les prochaines élections sachant que les conservateurs semblent être en avance dans les sondages », s’est avancé Malaurie Yelle, une apparitrice de 26 ans au Cégep du Vieux Montréal.

Une question de valeurs

Bien qu’elle n’ait jamais été attirée par les libéraux, Pierre Poilièvre véhicule des idées qui lui font peur : « le droit à l’avortement, l’environnement et les valeurs conservatrices me font craindre un recul alors que le Canada a besoin d’aller de l’avant ». Affirme-t-elle fermement. Le recul sur certaines positions du Parti libéral la rend plus réticente à voter stratégiquement et à maintenir son choix sur le parti qui se rapproche le plus de ses valeurs.

Malaurie Yelle est une apparitrice de 26 ans au Cégep du vieux montréal.

Une chaude lutte s’annonce dans Sainte-Marie-Saint-Jacques alors que le député libéral sortant, Steven Guilbeault affrontera l’historien bloquiste Emmanuel Lapierre et l’épidémiologiste du NPD, Nimâ Machouf. La circonscription ayant longtemps appartenu au Bloc sous Gille Duceppe, M. Lapierre aura l’opportunité de la reprendre aux libéraux.

Matteo Monslave, un étudiant de 18 ans qui votera pour la première fois ne voit qu’un seul choix possible : « j’aimerais que ce soit une personne qui me ressemble et qui rassemble mes valeurs profondes ». Le NPD sera son choix derrière l’isoloir étant, selon lui, le seul véritable parti de gauche crédible.

Matteo Monslave, un étudiant de 18 ans en sport étude.

Élections fédérales 2025 – Vrai ou faux, les cégépiens s’y connaissent en élections fédérales ? (vox pop vidéo)

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Par Agathe Nogues

Le 28 avril, tout le Canada se retrouvera dans les bureaux de vote. Et pour cause : les élections fédérales du Canada s’en viennent. Libéral, Conservateurs, NPD : il y a de quoi se perdre. Surtout pour les jeunes Canadiens. Selon une étude de Statistique Canada, « 60 % des jeunes de 15 à 30 ans ont déclaré être quelque peu intéressés ou très intéressés à la politique ». 

Est-ce qu’il en va de même avec les jeunes électeurs québécois ? Dans ce vox pop, je me suis rendue au Cégep Maisonneuve pour poser des questions aux étudiants afin de savoir s’ils étaient bien renseignés sur la campagne électorale.

lien de la vidéo : https://youtube.com/shorts/4PtJOyHcYGY?feature=share

autre lien : https://we.tl/t-Wy7U2Uamor

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Élections fédérales 2025 : ce que pensent les électeurs dans Papineau

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Alors que la campagne électorale bat son plein au Canada, les électeurs du comté de Papineau, à Montréal, partagent leurs impressions sur le ton des débats, les candidats locaux et les enjeux majeurs du scrutin. Entre lassitude face aux querelles partisanes et préoccupations concrètes sur l’inflation et le logement, les citoyens ont des avis contrastés sur la course à la direction du pays.

Une campagne qui divise

Dans la rue, les avis divergent sur l’ambiance de la campagne électorale. Certains dénoncent un climat agressif, tandis que d’autres estiment que les débats restent pertinents. Pour Sophie Tremblay, 32 ans, infirmière, « c’est du déjà-vu. Les politiciens passent leur temps à s’accuser au lieu de proposer des solutions concrètes. J’aimerais les voir parler plus de santé et de logement. »

À l’inverse, Marc Beaudoin, 45 ans, manager chez Subway, trouve la campagne plus animée que celle de 2021 : « Au moins, cette fois, les enjeux économiques et environnementaux sont au centre des discussions. C’est mieux que des promesses creuses. »

Des candidats méconnus dans le comté

Si les électeurs sont familiers avec les chefs de partis, plusieurs admettent ne pas bien connaître les candidats locaux. « Honnêtement, je ne pourrais même pas nommer celui qui représente mon comté », reconnaît Ahmed Diallo, 28 ans, étudiant en sciences politiques. Un constat qui souligne un enjeu récurrent en politique fédérale : la personnalisation du débat autour des chefs de parti au détriment des candidats de terrain.

Cependant, certains habitants se montrent plus engagés. « J’ai suivi quelques débats locaux, et je trouve que le candidat du NPD apporte des idées intéressantes sur le logement abordable », ajoute Sophie Tremblay.

Les élections fédérales 2025 : un tournant pour le Canada

Ce scrutin, prévu pour le 20 octobre 2025, intervient dans un contexte économique et social tendu. Après près de dix ans de gouvernement libéral sous Justin Trudeau, l’opposition conservatrice menée par Pierre Poilievre espère renverser la tendance en misant sur des thèmes comme la crise du coût de la vie et la baisse des impôts.

Les libéraux, eux, tentent de convaincre les électeurs qu’ils restent le meilleur choix pour la stabilité et la croissance du pays, tandis que le NPD et le Bloc québécois cherchent à séduire un électorat désenchanté par les partis traditionnels. L’environnement, la santé et la politique étrangère sont également des sujets de préoccupation pour les Canadiens.

Avec ces enjeux en tête, les électeurs de Papineau décideront-ils de poursuivre avec les libéraux ou opteront-ils pour un changement ? Réponse le soir du 20 octobre.

PS : les intervenants n’ont pas souhaités être pris en photo

Élections fédérales 2025 : quelles sont les priorités des électeurs de Boisbriand ?

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Avec la campagne électorale fédérale qui bat son plein, les électeurs de Boisbriand expriment des opinions variées sur les enjeux qui les préoccupent le plus. 

Entre le coût de la vie, l’immigration, l’environnement et la santé, les priorités divergent, mais une tendance commune se dessine : une volonté de changement et une attente de solutions concrètes.

Des enjeux variés, mais une même préoccupation : le coût de la vie 

Parmi les citoyens interrogés, le coût de la vie revient comme la principale inquiétude. « Tout augmente : l’épicerie, le logement, l’essence… mais les salaires ne suivent pas ! », déplore Mathieu Lavoie, 34 ans, employé dans le domaine de la logistique. Comme plusieurs autres électeurs, il espère que le prochain gouvernement prendra des mesures fortes pour freiner l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat des Canadiens. 

Marie-Claude Bouchard, 42 ans, infirmière, partage cette préoccupation, tout en soulignant l’importance du financement des services publics : « Les hôpitaux débordent, il manque de personnel partout. J’aimerais voir des engagements sérieux pour améliorer notre système de santé. » 

Une campagne qui divise 

Si certains citoyens suivent la campagne de près, d’autres restent sceptiques quant aux promesses des candidats. « C’est toujours la même chose : des promesses, mais peu d’actions une fois élus », affirme Jonathan Thibodeaux, 28 ans, étudiant en sciences politiques. Il estime que les débats entre chefs de partis manquent de contenu et que les citoyens ne reçoivent pas assez d’informations claires sur les plateformes électorales. 

D’autres, comme Mathieu Lavoie, trouvent le ton de certaines campagne trop agressif. « Les attaques personnelles prennent le dessus sur les véritables enjeux. J’aimerais qu’on parle davantage des solutions concrètes plutôt que de se lancer des piques. » 

Des électeurs indécis 

À quelques semaines du scrutin, plusieurs électeurs de Boisbriand hésitent encore sur leur choix. « Je connais les partis principaux, mais j’avoue que je ne sais pas encore pour qui voter. J’attends de voir les débats et les propositions finales », confie Marie-Claude Bouchard. Cette indécision reflète un certain désenchantement face à la politique, mais aussi un désir de bien s’informer avant de faire un choix éclairé. 

Un contexte électoral déterminant 

Les élections fédérales de 2025 se déroulent dans un climat de tensions économiques et sociales. 

Avec un électorat partagé entre différentes préoccupations et un taux d’indécision encore élevé, les prochaines semaines seront cruciales pour les partis en lice. Le verdict final appartiendra aux électeurs le jour du scrutin. 

Élection fédérales 2025 : point de vue des cégépiens

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Le jour de l’élection sera le 28 avril 2025. Mention photo : Radio-Canada / Hadi Hassin

Le taux de participation des 18-24 ans aux dernières élections fédérales était de 46,7%. Les élections de 2025 sont l’opportunité pour plusieurs cégépiens de voter pour la première fois.  C’est aussi une opportunité de faire valoir ce qui les interpellent dans cette élection.

Par Sebastian Herrera-Ramirez

États-Unis, tarifs, vote stratégique, environnement sont les thèmes que les cégépiens du Collège Maisonneuve ont le plus souvent rapportés. Beaucoup de ces étudiants se disent aussi oubliés et peuvent être interpellés. Ce qui peut expliquer le taux de vote aussi bas dans cette tranche d’âge.

En mode stratégie

Alice Daigle, étudiante de 18 ans, hésite encore pour quel parti elle va voter. C’est sa première élection et elle pense déjà faire un vote stratégique : « C’est juste pour pas que les conservateurs entrent », ajoute-t-elle. Elle trouve que c’est malheureux que le climat politique actuel à fait en sorte que l’environnement et la social démocratie aient été un peu tassé. l’instabilité économique et politique qu’a causée l’arrivée de Trump est un autre facteur à prendre en considération dans ces élections selon elle.

Alice Daigle, 18 ans et étudiante au Cégep. Mention photo : Sebastian Herrera-Ramirez.

Son collègue d’école, Léon Barns, aborde dans le même sens. 18 ans et lui aussi étudiant à temps plein, il se désole de devoir faire un vote stratégique pour ses premières élections. « Vote stratégique libéral, parce que je ne veux pas que les conservateurs entrent », ajoute-t-il. En tant que jeune et québécois, Léon ne ressent que les partis interpellent ces valeurs : « Aucun parti ne représente les valeurs en tant que jeune et en tant que québécois ». 

Si le Bloc se présente comme une option pour défendre les intérêts du Québec, pour Léon Barns ce n’est pas suffisant : « J’ai un malaise à voter pour eux, même si mon candidat [dans sa circonscription] est intéressant », ajoute l’étudiant au cégep. Voter pour Yves-François Blanchet s’avérerait trop difficile pour Léon Barns car le chef du Bloc québécois n’incarne pas les valeurs de jeune étudiant.

Léon Barns, 18 ans et étudiant au cégep Maisonneuve. Mention photo : Sebastian Herrera-Ramirez.

Pression américaine

L’instabilité économique et politique que les États-Unis imposent aux Canada est un facteur qui interpelle aussi les jeunes cégépiens. La réaffirmation de l’indépendance du Canada et la protections de son marché économique face à Donald Trump est tout aussi important pour les étudiant à qui nous avons parlé : « [la question de l’urne] Ça va être notre indépendance face aux États-Unis  », ajoute l’étudiant du cégep maisonneuve, Léon Barns. 

Éstelle, 20 ans et étudiante en soins infirmiers, est dubitative quant à l’idée qu’il y ait un parti assez fort pour contrer Donald Trump : « Présentement, je ne vois personnes dans les candidats qui pourraient faire qui que ce soit contre Donald Trump », ajoute-t-elle.

Éstelle, 20 ans et étudiante en soins infirmiers. Mention photo : Félix Rousseau-Giguère.

Il faut mentionner que le président américain continue sur son envolée de placer des tarifs douaniers sur les produits canadiens et affirme qu’il veut faire du Canada son 51e état. Justin affirmait le mois dernier, que lors de ses discussions avec le président américain, qu’il n’était pas de blagues lorsque M Trump effectue ses sorties sur le sujet. Il affirme que les États-Unis convoitent les minéraux critiques du pays.

Élections fédérales 2025 – les électeurs d’Hochelaga-Rosemont-Est en mode stratégique

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Par Félix Rousseau-Giguère

« Ça risque d’être un vote stratégique », lance d’emblée Alice Daigle, étudiante au Collège Maisonneuve et électrice d’Hochelaga-Rosemont-Est. La jeune femme, à l’instar de plusieurs électeurs de sa circonscription électorale, compte voter pour la candidate libérale dans le but de bloquer une élection du Parti conservateur.

Alice Daigle. Crédit photo : Félix Rousseau-Giguère

Dans Hochelaga-Rosemont-Est, qui se nommait Hochelaga jusqu’en 2022, la course est somme toute serrée entre la candidate du Bloc Québécois, Rose Lessard, et celle du Parti libéral du Canada, Marie-Gabrielle Ménard.

Selon le site de prédiction électorale Canada 338, Julie Girard-Lemay, du Nouveau Parti démocratique (NPD) et Carl Belley, du Parti conservateur, ont très peu de chances de l’emporter lors du scrutin du 28 avril.

Aux dernières élections, en 2021, c’était la candidate libérale, Soraya Martinez Ferrada, qui avait été élue dans la circonscription. Elle ne se représente pas aux élections car elle vise la mairie de Montréal aux prochaines élections municipales qui auront lieu cet automne. Elle a d’ailleurs été couronnée cheffe d’Ensemble Montréal le 28 février.

Les conservateurs loin d’être appréciés

Au Collège de Maisonneuve, le Parti conservateur de Pierre Poilièvre est l’option à éviter, selon plusieurs étudiants interrogés. « J’ai comme un malaise à voter pour eux. Ça ne concorde pas avec mes valeurs. Je trouve qu’ils n’ont rien de positif à offrir.  Je ne me reconnais pas dans leur plateforme », affirme avec conviction Léon Barnes.

De son côté, Amanda, étudiante en soins infirmiers, se dit contre les mesures de baisses d’impôt que veut imposer le chef conservateur. « Les conservateurs, ils vont baisser les impôts de qui? Ils vont baisser les impôts des riches », dit-elle, déçue.

Amanda. Crédit photo : Félix Rousseau-Giguère

La jeune femme blâme aussi le Parti conservateur pour le manque d’actions concrètes dans sa plateforme. « Ils [les conservateurs] disent qu’ils vont faire des trucs pour la crise du logement, mais ils ne sont pas capables de nommer quelque chose de concret et réalisable véritablement. Je trouve que c’est juste du bla-bla pour avoir l’air beau pour les élections », lance-t-elle. Amanda explique donc que son vote ira au parti de Mark Carney pour éviter l’élection de Pierre Poilièvre.

Les États-Unis en trame de fond

Les droits de douane que Donald Trump impose aux exportations canadiennes sont lourds et ont marqué les gens. Ils préoccupent beaucoup les électeurs qui voient en la menace de Trump l’enjeu principal de cette élection. Plusieurs se demandent qui sera le meilleur candidat pour tenir tête au président américain.

« Présentement, je ne vois personne dans les candidats qui pourrait faire quoique ce soir contre Donald Trump, il est tellement puissant », explique Estelle, étudiante en soins infirmiers.

Estelle. Crédit photo : Félix Rousseau-Giguère

Alice Daigle conclut en disant que la défense du Canada face aux États-Unis est l’enjeu principal de cette élection, selon elle, mais il reste que son vote ira aux Libéraux dans le but d’être « stratégique », fait-elle savoir.

Élections fédérales 2025 – Des enjeux de taille pour des électeurs encore hésitants

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Avec des enjeux internationaux importants, des menaces du président américain, une crise du logement et une inflation toujours à la hausse, les électeurs de la circonscription Rivière-des-Mille-Îles sont hésitants face aux élections fédérales de 2025. Aucun candidat ne semble avoir gagné le cœur des citoyens.

Justin Heendrickxen-Cloutier

Neuf jours après le début de la campagne électorale, l’UQAM s’est déplacée dans les différents comptés électoraux pour connaître l’opinion des électeurs. Voici ce que les citoyens dans la région de Deux-Montagnes avaient à dire sur les élections: Élections fédérales 2025 – Voxpop électoral, circonscription Rivière-des-Mille-Îles.

Preuve de publication

L’économie au cœur des décisions

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Élections fédérales 2025

La forte présence du Bloc québécois au cœur de la circonscription Beloeil-Chambly ne semble pas convaincre les citoyens, qui recherchent un politicien à la hauteur afin de riposter aux menaces de nos voisins les Américains.
Par Heidi Leuenberger


Qui fera face à Donald Trump? Les enjeux principaux seraient « les problèmes économiques et notre voisin l’Américain », selon un citoyen de Mont-Saint-Hilaire, Gilles. Celui-ci, comme plusieurs, mentionne une incertitude par rapport à son choix. Pourtant, il aurait été facile de croire que le nom, Yves François Blanchet, aurait été soulevé par les fidèles citoyens du comté Beloeil-Chambly.


Les citoyens s’inquiètent sur notre position par rapport aux États-Unis : « C’est tellement un partenaire important, beaucoup de nos échanges vont vers là et les partis qui ne sont pas capables de répliquer vont être méprisés par l’électorat. On le voyait pas venir la menace des Américains, je pense que le Bloc est sur une pente descendante », soutient un citoyen, julien. Selon lui, comme les décisions se prennent au fédéral, « ça nous prend quelqu’un qui a les mains sur le volant », parlant de l’incapacité du Bloc Québécois.


Hésitation
Tout près d’une crise économique, les citoyens interrogés partagent des inquiétudes par rapport au manque d’expérience du Chef du parti libéral, Mark Carney. Le ton électoral est décevant pour Gilles, qui mentionne que « d’un côté, il y a quelqu’un de négatif, Pierre Poilievre, et d’un autre, quelqu’un qui n’est pas très impliqué en politique, le directeur de banque, Mark Carney ». Il soutient que l’économiste a de grandes chances d’avoir la confiance du public face aux menaces tarifaires.


« Il nous faut quelqu’un qui peut répondre radicalement à Trump », soutient un citoyen, Jean. Après avoir voté pour Yves-François Blanchet ces dernières années, celui-ci pense changer son vote, pour éviter les répercussions économiques.

Haut et bas du Bloc Québécois
Le Bloc Québécois, qui défend les intérêts du Québec, est un parti indépendantiste. Ce parti a comme mission principale de mettre en place les conditions nécessaires pour la souveraineté du Québec. Fondé en 1991, le parti fondé par Lucien Bouchard gagne en popularité lorsque la souveraineté était à son plus fort. Au cours des six dernières élections fédérales de 1993 à 2011, le bloc a remporté la majorité des 75 sièges impartis au Québec. Le parti a perdu en popularité aux élections en 2011, n’obtenant que quatre sièges. Le Bloc québécois, plus populaire en région, a remonté la pente aux dernières élections, restant souvent les troisièmes en termes de popularité.


Sur le site des élections du Québec, il est possible de remarquer qu’il n’y a que le chef du Bloc québécois qui se présente dans le comté Beloeil-Chambly, Yves François blanchet. Les autres participants ne sont pas encore nommés.


Les projets du Bloc québécois sont-ils d’actualité? Le citoyen, Gilles, pense que nous ne sommes pas « dans une conjoncture pour se permettre de discuter de ça, mais… vive le Québec libre! »

Annexe

Citoyens de Mont-Saint-Hilaire qui verront les prix des produits alimentaires augmenter dans le cas d’une potentielle crise économique :

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Élections fédérales 2025 – Que faut-il savoir avant d’aller voter ?

1 avril 2025 - Par - Catégorie : Politique

Par Zoé Vachon

Ce n’est pas un poisson d’avril : les Canadien(ne)s seront appelé(e)s aux urnes le 28 avril pour élire le prochain gouvernement fédéral. Que faut-il savoir une semaine après le début de la campagne électorale ?

Le premier ministre nouvellement assermenté Mark Carney a déclenché des élections le 23 mars dernier. Depuis, la campagne électorale bat son plein. Les principaux enjeux au menu : les relations avec les États-Unis, l’économie et le coût de la vie.

Les partis

Ancien gouverneur de la banque du Canada et de la banque d’Angleterre, le chef du Parti libéral Mark Carney est légèrement en avance dans la moyenne des sondages avec 42% des votes. Le Parti libéral est remonté dans les sondages depuis la démission de Justin Trudeau et l’arrivée au pouvoir de Mark Carney. 

Le Parti conservateur, dont le chef est Pierre Poilievre, est à 38% dans les sondages. Il est la principale opposition aux libéraux. 

Les autres partis d’opposition à la Chambre des communes sont le Bloc québécois, qui a pour chef Yves-François Blanchet, le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh et le Parti vert, dirigé par Elizabeth May et Jonathan Pedneault. 

Le Parti Populaire du Canada de l’homme d’affaires Maxime Bernier n’a aucun député à la Chambre des communes pour l’instant. 

Les enjeux

Le début de la guerre commerciale avec les États-Unis et les menaces d’annexion de Donald Trump sont au cœur des préoccupations des électeur(ice)s. Selon un sondage Léger publié le 26 mars, la moitié des Québécois(e)s estime que les relations avec les États-Unis sont l’enjeu principal des élections.

Le président américain a suspendu les droits de douane de 25% sur les importations canadiennes aux États-Unis (avec une exception de 10% pour les produits énergétiques), suspension qui devrait prendre fin le 2 avril.

Le coût de la vie, la crise du logement et l’économie préoccupent aussi les Canadien(ne)s.

Les promesses

En réponse aux tarifs de Donald Trump, les libéraux et les conservateurs proposent des contre-tarifs ciblés, avec quelques différences dans leur application. 

Le Bloc québécois, le NPD et le Parti vert proposent de prioriser les entreprises canadiennes dans les appels d’offres des organismes publics. 

Mark Carney est ouvert à la possibilité de projets de pipelines pour réduire la dépendance énergétique aux États-Unis. Il souhaite accélérer le processus d’approbation des projets de construction dans le secteur de l’énergie, ce que Pierre Poilievre a repris lundi, se disant favorable à la construction de pipelines. 

Le Bloc québécois s’oppose à tout projet d’oléoduc sur le territoire québécois, tandis que le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert affirment prioriser un réseau électrique. 

Le Parti libéral et le Parti conservateur proposent tous deux une baisse des impôts sur la première tranche de revenus, qui passerait de 15% à 14% sous les libéraux et à 12,75% sous les conservateurs. 

Note à l’intention du professeur : J’ai passé 45 minutes dehors ce matin à tenter d’aborder des passants dans Côte-des-Neiges pour un vox pop, sans succès (on m’ignorait), alors je vous propose un petit exercice de vulgarisation de la campagne électorale jusqu’à présent.

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