4 février 2025 - Par Da Costa, Tom - Catégorie : Société
Il n’est jamais bon de se fier aux clichés. La personnalité, le caractère, l’histoire, les centres d’intérêt, tout ça est des choses qui sont impossibles à prédire. Aujourd’hui, avec une société et un espace social qui s’est déplacé sur internet, les clichés et le jugement basé sur l’apparence se sont d’autant plus répandus. Le fait qu’à travers notre écran nous puissions nous baser uniquement sur l’apparence de quelqu’un et sur les quelques actions ou paroles qui nous sont offertes favorise l’expansion des idées reçues. Dire que les Français sont des mangeurs de pain et de fromage, que les Algériens ont tous de très beau dégradé, ou pire, que les États-Uniens sont des chrétiens amateurs de véhicules polluants est inacceptable… Sauf à Daytona Beach.
Daytona Beach est une ville de Floride, une station balnéaire côtière de l’atlantique d’environ 82,000 habitants, mais surtout un endroit où la population n’a pas l’air de vouloir quitter son véhicule. Si la ville est connue pour son circuit automobile, le « Daytona International Speedway » et sa course de NASCAR, le « Daytona 500 », la réalisatrice américaine Lauren Defilippo a tenu à nous montrer que les voitures, elles aussi, ont le droit de prendre une pose spirituelle.
Menu hostie best-of
À travers son documentaire Drive-In Jesus, Lauren Defilippo nous montre une manière de consommer la religion chrétienne plus qu’inhabituelle. C’est sur un terrain grand terrain verdoyant surplombé d’une église que l’action se déroule. Le dimanche, à partir 8h30 du matin, c’est plus d’une centaine de voitures qui se réunissent sur ce terrain clôturé pour assister à une messe en voiture.
À l’entrée, comme à un drive de fast-food, la consommation journalière des fidèles sera donnée directement à la fenêtre de la voiture. Hostie, vin et lecture en main, les conducteurs vont pour se garer face à l’église, mais ne sortiront jamais du véhicule.
Une messe accessible à tous
« Je me suis rendu compte que beaucoup d’entre eux avaient des motivations très personnelles pour fréquenter une église comme celle-ci. Certains étaient affaiblis par la maladie et trouvaient que la facilité d’accès à messe était un atout. D’autres avaient perdu un être cher et voulaient de l’intimité pour faire leur deuil », dira la réalisatrice.
Depuis leur voiture, les fidèles n’ont qu’à allumer leur radio et profiter de la messe, transmise en direct sur les ondes. Dans un pays où, d’après « l’Observatoire Internationale du religieux », presque 70% de la population se dit chrétienne et où d’après Nielsen, près de 26% des habitants souffrent d’un handicap mental ou physique, cette manière d’assister à la messe est plus que pratique.
Prêtre en direct du 88.5
Messe rime avec prêtre, et ici, le prêtre joue aussi le rôle d’animateur radio. Micro posé à l’oreille, posé sur une estrade surplombant les machines, le prêtre livrera une messe tout ce qu’il y a de plus banal pendant 55 minutes.
« Pour moi, cette messe automobile représente un microcosme de ce que nous combattons tous au quotidien : essayer de nous connecter les uns aux autres et à notre environnement malgré notre isolement croissant, alimenté par la technologie ». Si d’après la Lauren Defilippo, la technologie tend à nous isoler, ici c’est bien la technologie qui aide à rassembler les fidèles.
« Le pasteur a prononcé un sermon sur la nature insidieuse de la technologie et le fossé qu’elle crée entre nous ». Il est vrai que la technologie peut créer l’isolement, ou encore qu’internet puisse accroitre les clichés, mais, comme ici, la technologie permet aussi à certains de pouvoir vivre leur foi, peut-être qu’internet pourra aussi aider certains à connaitre ces alternatives pour leur permettre de rester connecter aux autres.