11 mars 2025 - Par Da Costa, Tom - Catégorie : International Justice Politique
L’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte, a été arrêté mardi à l’aéroport de Manille sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), le soupçonnant de crime contre l’humanité lors de la guerre contre la drogue menée durant son mandat.
Rodrigo Duterte est accusé d’être à l’origine de la mort de 12 000 à 30 000 personnes d’après les organisations de défense des droits de l’homme. « Tôt ce matin, Interpol Manille a reçu la copie officielle d’un mandat d’arrêt émis par la CPI », a communiqué la présidence.
L’enquête lancée en septembre 2021 visant notamment des meurtres extrajudiciaires, de la violence sexuelle et de la torture entre 2016 et 2019, vois l’ex-président être envoyé en détention
Une arrestation contestée
« Son arrestation est illégale », s’exclame Salvador Panelo, l’ancien conseiller juridique de la présidence. « La police nationale philippine n’a pas autorisé l’un de ses avocats à le rencontrer à l’aéroport et à remettre en question la base juridique de (son) arrestation », ajoutera-t-il en précisant l’absence de copie papier du mandat d’arrêt de la CPI.
Devant la base aérienne de Villamor, lieu de détention de Rodrigo Duterte, des partisans de l’ancien dirigeant manifestent pour sa libération et contre son extradition. « Le plan de vol a été approuvé, c’est une mission diplomatique avec un statut prioritaire […] le départ est prévu pour aujourd’hui vers La Haye, aux Pays-Bas. », ont annoncé des reporters présents sur place.
Sur Instagram, la plus jeune fille de l’ancien président, Veronica, M. Duterte, s’indigne de l’arrestation de son père et réclame des explications. « Quelle est la loi (sur le fondement de laquelle, j’ai été arrêté) et quel est le crime que j’ai commis ? Prouvez-moi maintenant la base légale de ma présence ici », déclare Rodrigo Duterte dans la vidéo.
« Torture familiale »
« Les consommateurs de drogue aux Philippines sont souvent la cible d’opérations policières violentes qui impliquent fréquemment des actes de torture et de mauvais traitements, des détentions arbitraires et des aveux forcés ou peu fiables. » Déclare Amnesty International.
« Ils m’ont asséné des coups de bâton sur les pieds […] pressés les mains avec des balles entre les doigts […] brûlé les yeux et le visage avec du jus de piment. », témoignera Michael (nom fictif). Il raconte que la police l’a mis en scène en train de « consommer » de la drogue, pour « prouver » sa culpabilité, afin qu’il puisse être envoyé en détention.
À Quezon City, les opposants de l’ancien président se sont réunis pour manifester. « Les mères dont les maris et les enfants ont été tués à cause de la guerre contre la drogue sont très heureuses, car elles attendaient cela depuis très longtemps », a déclaré à l’AFP Rubilyn Litao, coordinatrice de l’association Rise Up for Life and for Rights.

Tom Da Costa