Société

Lise Bissonnette : une femme de lettres et d’actions

27 mars 2025 - Par - Catégorie : Médias Politique Société

Par Marion Gagnon-Loiselle, Heidi Leuenberger, Agathe Nogues et Félix Rousseau-Giguère

Lise Bissonnette, en pleine discussion. Crédit : Marion Gagnon-Loiselle

Lise Bissonnette est une figure de proue du journalisme québécois et de la société québécoise, en son sens plus large. Elle a été journaliste au journal Le Devoir et l’a dirigé pendant plusieurs années avant d’entreprendre la construction de la Grande Bibliothèque à Montréal. Ce texte se veut une rétrospective somme toute chronologique de sa carrière et de ses débuts, dans le but de mettre en lumière son parcours complet et passionné. 

Lise Bissonnette est née le 13 décembre 1945, en Abitibi-Témiscamingue. Sixième d’une famille de sept, Lise Bissonnette prend goût à l’écriture et la lecture dès son plus jeune âge. À l’époque où la Seconde Guerre mondiale tirait à sa fin, la religion au Québec était très présente.  La grande journaliste est née dans une période de reconstruction où tous les domaines sont stimulés, comme l’innovation technique, la créativité, et la diffusion au grand public.  Son enfance à Rouyn-Noranda lui fait croire qu’elle est inférieure aux élites plus cultivées. 

La religion

En 1960, la religion prend encore une grande place au sein de la société. Lise Bissonnette allait au pensionnat, qui était « une niaiserie fondamentale », selon elle. Les évêques avaient la responsabilité de 1500 commissions scolaires, puisque le ministère de l’Éducation au Québec n’existait pas. Chaque établissement définissait les contenus pédagogiques nécessaires pour l’obtention du diplôme. Se départir de la communauté religieuse a été « facile » pour la future journaliste, à l’âge de quinze ans elle s’est dit « c’est fini, je ne veux plus aller à la messe ». Elle soutient qu’il n’y avait rien de révolutionnaire de ses actions, comme la société poussait vers la laïcité de l’État.  « La société change et nous, on arrive juste au moment où ça se produit. Au moment où on finit notre adolescence, pouf, toute l’époque s’ouvre», raconte-t-elle.

La cathédrale Saint-Joseph en 1956. Crédit photo : BAnQ, Rouyn-Noranda, f=Fonds J.-Hermann Bolduc. 

Le Parchemin

Le patron de l’école normale avait décidé qu’il fallait un « petit journal étudiant à l’école ». L’école normale Saint-Joseph était tenue par les Soeurs grises de la Croix d’Ottawa. Ce journal « plutôt littéraire » prenait forme sur des pages d’imprimantes où, Mme Bissonnette a écrit son premier article sur un disque de Jacques Brel. À la fin de ses études, la directrice du journal passe le flambeau à Lise. « J’avais 15 ans quand j’ai dirigé mon premier journal, le Parchemin et la Presse étudiante nationale. ».  Elle s’associe à la presse étudiante, qui s’appelait « la Corporation des Escoliers Griffonneurs », soulève-t-elle.

Afin de s’améliorer dans le domaine, elle faisait des cours d’été enseignés par des journalistes du Devoir et La Presse. Les ateliers d’écriture lui ont permis de développer son talent et de gagner de la confiance. « C’est là que ça a mal tourné », exprime Mme Bissonnette, en pensant au numéro spécial qu’elle avait fait.

Après le changement des règles disciplinaires dans son établissement scolaire, elle a publié un article « avant et après ». Ses collègues et elle critiquent le système fermé et déclarent le besoin de changement. Les sœurs ont suggéré qu’elle soit transférée à Montréal, loin de sa terre natale, parce qu’elles considéraient cette révolte comme inacceptable. Lise Bissonnette sortait des normes religieuses dès son plus jeune âge à l’aide du milieu des mouvements étudiants peu traditionnels. 

Le rapport Parent

Pendant la Révolution tranquille, un rapport de plus de 1500 pages vise à réviser les techniques d’enseignement et d’installer une uniformité. Il propose la mise en place d’un système d’éducation intégré de la maternelle jusqu’à l’université ainsi que la création d’un ministère de l’Éducation. Dans les années 1960, l’État prend l’éducation en charge et l’Église perd son pouvoir.  

« Les étudiants en éducation apprennent la pédagogie la plus autoritaire qu’il soit. Vous n’avez pas idée », s’indigne Mme Bissonnette en expliquant « les niaiseries » qu’ils apprenaient afin de devenir des enseignants. Dans son école, les sœurs redoutaient la prise d’État. Lise Bissonnette, rebelle de cœur, achète les premiers tomes du rapport et les apporte à l’école normale : « j’en parlais à tout le monde tout le temps. Pour eux, le fait que je me promenais avec ces documents-là, ça a fait partie du fait que la classe supérieure a appelé ma mère en disant, il faut qu’elle s’en aille ». Elle a donc continué son parcours au baccalauréat à l’Université de Montréal et était plongée dans les changements du système scolaire.

Les membres du rapport parent en 1961. Crédit photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.


L’université

Pour bien des familles et des enfants issus de milieux pauvres, l’université représente autre chose que l’éducation. C’est un moyen de prouver l’accès à la richesse intellectuelle.  « On est tous des transfuges de classe », déclare Lise en expliquant que l’entrée à l’université, de nos jours, est différente, contrairement à l’importance qu’on y accordait dans les années 60. « L’une des plus belles journées de ma vie, ça a été ma collation des grades de mon doctorat en 2019. » confie Mme Bissonnette. Selon elle, les générations d’aujourd’hui idéalisent moins l’obtention du diplôme.

Le Quartier Latin

« Je suis rentrée au Québec, j’ai commencé à travailler à l’UQAM comme agent de recherche, de bureau de recherche institutionnel », se rappelle Mme Bissonnette. Après presque 4 ans à travailler pour l’UQAM, elle a appris qu’un « poste s’ouvrait de chroniqueur à l’éducation au Devoir ».

En 1974, les débats politiques étaient vifs : « Très rapidement, il m’a envoyée à Québec.  Et puis le poste s’est ouvert à Ottawa et personne ne voulait y aller » Maîtrisant bien l’anglais, Lise Bissonnette est devenue correspondante politique. « Je suis arrivée la veille de l’élection présidentielle. Tes journées passent, tu ne les vois pas. En plus, on est en plein cœur de la bataille politique. J’ai travaillé très fort, avec beaucoup d’intérêt »

« J’allais la nuit superviser le travail des typographes, etc. Puis je rentrais à mes cours le matin. C’était un vrai journal. Les gens l’attendaient, » explique-t-elle du journal Le Quartier latin. Le journal officiel des étudiants de l’Université de Montréal se situait sur la rue Saint-Denis dans le Quartier latin de Montréal. Ce journal est réputé pour ses prises de position et crée de vives réactions dans l’espace public. Lise Bissonnette défendait la gratuité scolaire, l’égalité des chances et la justice sociale.

Elle mentionne qu’elle avait découvert qu’elle « avait l’instinct » de signer des éditoriaux soutenu par une maîtrise de l’écriture dans son livre d’Entretiens, signé Pascale Ryan. 

Le Devoir

Lise Bissonnette a complété un baccalauréat à l’Université de Montréal dans la faculté des sciences de l’éducation (1965-1978)

Cela n’avait pas été un choix délibéré de sa part. « L’engagement financier de [ses] parents ne pouvait pas aller plus loin ». Elle n’a jamais eu le désir d’enseigner, mais son rêve était d’entrer à l’université. 

Déçue de l’enseignement qu’elle a reçu, elle est partie étudier à Strasbourg, en France. Sa thèse porte sur la naissance et l’essor des nouvelles universités, qui apparaissent en Europe et en Amérique sur un modèle très différent des institutions traditionnelles.

Elle suspend ses études afin de se consacrer à la coordination de la Famille des arts et de la Famille de la formation des maîtres. Elle participe à la création du premier bureau d’études institutionnelles de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Direction du Devoir

Après avoir travaillé comme journaliste au Devoir pendant de nombreuses années, Lise Bissonnette se fait offrir un poste de direction dans ce même journal par le conseil d’administration en 1990. Elle devient alors la première femme québécoise à la tête du journal. Si la nouvelle est fantastique et semble être l’accomplissement ultime de la carrière de Lise, elle ne s’en réjouit pas trop vite. À cette époque, Le Devoir est au bord de la faillite. Le journal fait face à des difficultés financières assez difficiles avec un déficit de 1,9 million de dollars. 

Lise Bissonnette à l’émission Montréal ce soir, le 12 juin 1990. Elle y explique qu’elle a hérité d’un journal menacé de toute part. Source : Archives de Radio-Canada

Lise Bissonnette confie d’ailleurs que c’est pour cette raison qu’elle a été mise à la tête du Devoir. Selon elle, le conseil d’administration, pensant que Le Devoir allait s’éteindre, a préféré que la chute de celui-ci se fasse avec une femme à sa tête.  « C’était l’esprit à l’époque », plaisante Lise Bissonnette en se souvenant de cette anecdote. Lise Bissonnette n’est pas une femme qui se fait marcher sur les pieds ou qui manque de caractère.  Refusant que Le Devoir s’éteigne sous son nom, celle-ci, très dédiée envers le journal, décide de se démener pour qu’il survive.

De grands changements

Elle met en place trois changements principaux afin d’y arriver : la recherche de financement massif, le déménagement des locaux au centre-ville de Montréal, et la refonte du contenu du journal. « J’étais dans le feu de l’action parce que le journal allait très mal, pas seulement financièrement. Il avait perdu son aura. Il n’était plus bon à l’éditorial. Il n’était plus bon en reportage », explique Lise Bissonnette. Elle s’attaque d’abord à la mise en page du journal. Selon elle, le journal n’était pas assez attractif : « Il était gris, il était plate ». Bien qu’elle garde ses principaux traits, elle relance le journal sous une nouvelle maquette. « Je voulais donner une espèce de choc aux gens de la rédaction. Pour qu’ils arrêtent de dire que, si on mettait des photos […] et que, si on refaisait le graphisme […] c’était superficiel », raconte l’ancienne directrice.

Unes du Devoir en 1940 et en 1995. Source : Archives du Devoir

Un nouveau logo, un style plus épuré, des photos, des titres accrocheurs : voilà ce qui sera la nouvelle marque de fabrique du Devoir. Journaliste au Devoir à cette époque-là, Kathleen Lévesque s’étonne encore de ce que son ancienne directrice a été capable de faire : « elle a donné un second souffle au journal. Et ça, c’est pas rien, […] et puis elle va réussir. […] [Elle va]  prendre son bâton de pèlerin, c’est le cas de le dire, puis elle va aller chercher, faire des partenariats financiers, pour soutenir, donc, la structure financière du devoir, revoir la structure éditoriale et le grand ménage graphique aussi du devoir ». Grâce à sa persévérance, elle arrive à relever le quotidien montréalais tout en maintenant son caractère unique et son indépendance éditoriale.

Une direction droite et juste 

Le Devoir sous Lise Bissonnette c’est aussi une direction avec de la rigueur et des principes. « Je savais qu’en entrant au devoir, il fallait nécessairement viser la rigueur. Alors, j’avais nécessairement toujours ça en tête », se remémore Kathleen Lévesque. Dotée d’une grande plume dont elle n’oublie jamais de manquer d’applicabilité, Mme Bissonnette inspire son équipe. « Je me souviens que je suis au Devoir et je me disais “ oh que j’ai des croûtes à manger” […] on avait le goût, on avait le goût, tout le monde, de faire un effort, de mettre l’épaule à la roue. Ça, c’est sûr ». Ben oui. Vraiment. J’en ai mangé des croûtes ». Pas du tout oppressée par son époque, Lise Bissonnette n’a jamais eu peur de défendre ce en quoi elle croyait.

Mme Lévesque se souvient du jour où Mme Bissonnette, sa directrice à l’époque, avait appris, par l’entremise de ses collègues, qu’elle recevait des propos obscènes de la part d’un homme du milieu politique. « J’ai été appelée dans le bureau de Mme Bissonnette dans l’heure qui suit et elle m’a demandé ma version des faits. J’ai raconté. J’avais mon magnéto avec moi. [j’ai dit] “ D’ailleurs, voulez-vous l’entendre?” Elle ne voulait pas entendre les insanités, sauf si j’acceptais qu’elle fasse un éditorial le lendemain pour mettre un terme à la carrière politique de cet homme », développe Kathleen Lévesque. Outre la défense de la condition des femmes dans le monde du journalisme, celle-ci défend aussi ses convictions politiques. Son passage au Devoir est marqué par le positionnement souverainiste de celui-ci. Au cours de son passage au quotidien montréalais, elle écrira un grand nombre d’éditoriaux en faveur du «Oui» qui resteront dans les archives.

Lise Bissonnette sur le plateau de l’émission spéciale La réponse pour la soirée référendaire du 20 mai 1980. Source : Archives de Radio-Canada.

« Mais je me souviens, quand on a vu le grand “non” qui était là, wow! On était impressionnés. Tu sais, ça prend une force intellectuelle hors norme pour oser, écrire le “non”. C’était un coup de génie, sur le plan intellectuel, sur le plan politique, sur le plan marketing aussi, évidemment. Le lendemain, Le Devoir s’est envolé comme des petits pains chauds, là, évidemment », explique-t-elle, en parlant d’un des éditoriaux de son ancienne directrice à propos des discussions entourant les accords de Charlottetown en 1992. 

La pionnière 

Tout au long de sa carrière journalistique, Lise Bissonnette s’est aventurée dans des sentiers peu parcourus par des femmes avant elle. Plusieurs nomment sa nomination à titre de directrice du Devoir – elle était la première femme au Québec, voire au Canada, à diriger un journal – comme étant son plus grand accomplissement en tant que pionnière du monde des médias. Cependant, son arrivée en 1975 comme journaliste politique et correspondante parlementaire « est plus un moment charnière que diriger le journal », mentionne-t-elle, le sourire en coin. 

À son arrivée sur la colline parlementaire à Québec, il n’y avait que deux autres femmes journalistes, note Mme Bissonnette. L’année suivante, en 1976, alors qu’elle est envoyée à Ottawa pour couvrir l’actualité politique, le constat est le même : sur un total d’environ 200 journalistes, elles étaient au plus trois femmes journalistes. L’expérience à la tribune de la presse à Ottawa ne fut pas des plus faciles pour Lise Bissonnette. 

« C’était un milieu encore plus macho qu’à Québec. C’était vraiment quelque chose. Quand tu ne connais pas grand monde – je connaissais seulement deux-trois personnes – tu te sens isolé », exprime-t-elle. 

Lise Bissonnette, en pleine discussion. Crédit : Marion Gagnon-Loiselle

Une vision unique du féminisme

Néanmoins, elle s’est démarquée et est sans contredit l’une des premières journalistes politiques au pays. À savoir si elle pense avoir eu un impact sur les générations de femmes journalistes qui l’ont suivie, Mme Bissonnette se montre plutôt distante. « Je ne me suis jamais vraiment posé la question », lance-t-elle. 

De l’extérieur, il pourrait être facile de l’identifier comme une figure féministe importante des médias québécois. C’est pourtant loin d’être ce qu’elle pense. « J’ai un rapport un peu délicat avec le mouvement féministe parce que pour moi, ça allait de soi . On peut me reprocher de ne pas m’être battue, de ne pas avoir été la plus féministe. Aussi, j’ai été une patronne et c’était assez mal vu. Les gens auraient voulu que je sois plus sur les barricades, mais je ne suis pas militante. Ce n’est pas dans mon caractère », poursuit-elle.

Une aura de rigueur 

En arrivant au Devoir en tant que journaliste sous la gouverne de Lise Bissonnette, Kathleen Lévesque savait qu’il fallait viser la rigueur. « Quand on ouvre les portes du Devoir, et que c’est Lise Bissonnette qui est là, et qui t’embauche, tu as le sentiment de… wow! J’ai été choisie pour travailler ici, j’étais très impressionnée », s’exclame-t-elle.

« En quoi j’ai vu le travail de Mme Bissonnette m’inspirer le plus, là, c’est vraiment sous la rigueur », poursuit-elle. Elle mentionne sa rigueur au travail et celle qu’elle attendait de la part de ses journalistes. 

Kathleen Lévesque. Crédit photo : Agathe Nogues

Mme Lévesque mentionne également les talents d’écrivaine de Lise Bissonnette comme une source intarissable d’inspiration. Ce que Lise Bissonnette écrivait, raconte–t-elle, « ça ne manquait absolument pas de profondeur. Et tout ça avec une plume agile, habile et avec le bon mot. On était d’accord ou on ne l’était pas. Ça, ce n’est pas grave. Mais par la force de sa plume, de la structure de sa pensée, la richesse et la façon de présenter son point de vue, tout ça faisait en sorte qu’on ne pouvait que l’admirer », déclare-t-elle.

L’influence de Lise Bissonnette sur elle-même et les femmes journalistes est indéniable, note Kathleen Lévesque. Selon elle, la grande dame du journalisme a prouvé aux gens que les femmes pouvaient être journalistes et gérer un journal. Le fait d’avoir dirigé Le Devoir avec autant de brio a également montré aux jeunes femmes qui visaient peut-être un poste similaire qu’elles pouvaient y arriver, croit-elle. 

« Elle ne s’est pas fondue dans le moule. Elle n’a jamais été ce qu’on pouvait s’attendre d’elle. C’est doublement inspirant. Il y a des façons de faire en journalisme, mais tu as le droit d’être champ gauche et elle l’a montré. Au-delà du fait qu’elle était une femme, elle était entière et entièrement dédiée à ce à quoi elle croyait. Ça a donné des résultats », conclut-elle. 

Les années BAnQ 

Lise Bissonnette a joué un rôle clé dans la transformation de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Son engagement a permis d’élargir la mission de l’institution en la positionnant comme un lieu central de diffusion du savoir. Sous sa direction, BAnQ n’a pas seulement été un centre de conservation, mais, dès sa création, un véritable acteur de la démocratisation du savoir. Son approche a non seulement favorisé une meilleure accessibilité aux ressources documentaires mais aussi un élargissement du public. 

Elle mentionne l’importance de rendre les archives et les bibliothèques plus accessibles au grand public. « S’ils peuvent se promener dans ça, ils vont avoir plus de possibilités d’avoir accès à la culture que ma génération. Et ça, pour moi, c’est une motivation », explique Mme Bissonnette.

Elle insiste sur la nécessité d’adopter des politiques novatrices pour attirer des usagers qui, auparavant, ne se sentiraient pas concernés par ces institutions. Son travail reflète sa  vision progressiste où la bibliothèque est devenue un lieu de vie et d’échanges plutôt qu’un simple entrepôt de documents.

La Grande Bibliothèque. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec

La préservation du patrimoine québécois

L’un des éléments centraux du travail de Lise Bissonnette a été la consolidation des missions d’archives et de bibliothèque au sein d’une même institution. En intégrant ces deux fonctions sous le patronage de BAnQ, elle a favorisé une meilleure coordination de la  conservation du patrimoine québécois. Cette fusion a permis de préserver des documents précieux, mais aussi d’en faciliter la consultation par les chercheurs et le grand public.

Mme Bissonnette a encouragé la numérisation des archives pour éviter leur dégradation et en faciliter l’accès aux chercheurs internationaux ou aux étudiants. La modernisation des outils de classification et de recherche documentaire permet de rendre les archives plus facilement exploitables. Son souci d’adapter les méthodes archivistiques aux nouvelles réalités technologiques rend les documents accessibles à distance. Cette initiative a permis une meilleure préservation des documents, mais aussi une démocratisation de leur consultation. Lise Bissonnette a contribué à faire rayonner le patrimoine québécois bien au-delà des frontières.

L’une des deux chambres de bois abrite l’espace principal où le public peut consulter les collections de la Grande Bibliothèque. Source : BAnQ

C’est en initiant des collaborations avec diverses institutions culturelles et académiques qu’elle a pu garantir une maximisation de l’utilisation des archives, ce qui favorise une partage du savoir aux générations futures. 

Lise Bissonnette a eu une influence majeure sur le milieu culturel québécois en élargissant le rôle des archives et des bibliothèques, les rendant essentielles à la diffusion du savoir. « Quand les gens disent “ Ah oui, mais vous êtes d’une culture…” Et en plus de ça, tout m’est arrivé par accident dans ma culture. Tout m’est arrivé par accident. La bibliothèque, c’est la preuve qu’on est capable d’empêcher que ça soit juste par accident », confie-t-elle. 

En valorisant le patrimoine créé à travers la BAnQ, elle a renforcé le lien entre le monde de la recherche et les bibliothèques.

Plusieurs programmes de collaboration entre la BAnQ et les universités québécoises, permettent, encore aujourd’hui, aux étudiants et aux chercheurs d’avoir un accès privilégié à des ressources documentaires essentielles. Cette synergie a facilité la production de nouvelles connaissances et renforcé le rôle de la BAnQ comme partenaire incontournable du monde académique.

Un modèle pour les institutions culturelles contemporaines

L’influence de Lise Bissonnette dépasse largement le cadre de la BAnQ et les archives nationales. Son approche a inspiré d’autres institutions culturelles au Québec et ailleurs dans la francophonie. Sa vision d’une bibliothèque dynamique intégrée à la vie sociale et culturelle a servi de modèle pour plusieurs autres organisations cherchant à moderniser leur approche. 

Quant à sa carrière journalistique, elle a tracé la route pour des générations de journalistes à venir et son style franc, champ-gauche et rigoureux a donné lieu à de vrais débats de société et à une parole qui se faisait rare à son époque.


Aline Desjardins: Une vie au service de l’information et du féminisme

27 mars 2025 - Par - Catégorie : culture Société

Par Emma Gobeil, Coline Ecourtemer, Delphine Morasse et Lorie-Michèle Fréchette

Aline Desjardins est une figure importante du journalisme québécois, ayant marqué l’histoire des médias par son audace et son engagement. C’est la première femme annonceuse à la radio de CKBM et elle a gravi les échelons pour devenir une voix essentielle de l’information, notamment à travers l’émission Femme d’aujourd’hui. Elle s’est battue pour l’équité entre les hommes et les femmes dans le monde du travail et au sein de la société. Aujourd’hui âgée de 92 ans, son héritage est une source d’inspiration pour les générations futures.

Partie 1 : Biographie d’Aline Desjardins

Ses débuts

Née dans la petite ville de Saint-Pascal-de-Kamouraska, elle grandit dans une famille nombreuse, étant la benjamine de onze enfants. La mère d’Aline vivait une vie traditionnelle, dédiée aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, comme c’était souvent le cas pour les femmes de l’époque. 

Bien que les possibilités de carrière pour les femmes s’étaient élargies lorsqu’il fut le temps pour Aline d’entrer sur le marché du travail, elles restaient limitées. Ayant de grandes aspirations, mais peu de choix, elle avait opté pour des études en enseignement. Cependant, ses projets changèrent lorsqu’elle rendit visite à sa sœur aînée, Marcelle, sur son lieu de travail. Marcelle travaillait pour une station de radio locale. En observant sa sœur, Aline eut un véritable coup de foudre et sut immédiatement que ce métier était destiné pour elle. 

À 20 ans, après avoir fini ses études, elle part pour Montmagny et devient la première femme annonceuse pour la station CKBM. Comme il s’agissait d’une petite station, elle se contentait d’ouvrir le micro et de parler, sans avoir de plan défini. L’année suivante, elle part pour Sherbrooke, où elle a travaillé pendant sept ans à CHLT-TV. Elle adorait ce travail, qui lui offrait la liberté de choisir ses invités et d’explorer une grande variété de sujets du quotidien. En 1962, elle gagne le trophée de la meilleure émission d’information, faisant d’elle la première femme à recevoir cette distinction (Gouvernement du Québec, 2025).

Femme d’aujourd’hui : le point tournant de sa carrière

Capture écran de la vidéo Montage d’archives : L’émission «Femme d’aujourd’hui» de 1965 à 1982, Radio-Canada Archives, Youtube. 

Aline décide ensuite de se lancer dans la télévision et auditionne pour la chaîne CFCM, la première station de télévision privée au Québec, aujourd’hui renommée TVA. Elle est sélectionnée en 1964 et part à Québec pour entamer sa carrière dans cette nouvelle branche du journalisme, une voie dans laquelle elle découvre une véritable passion. Elle avait toujours rêvé de travailler à Montréal, et ce rêve s’est concrétisé en 1966, lorsque Radio-Canada est venue la repêcher, marquant un grand tournant dans sa carrière.

Aline s’est retrouvée à la tête de l’émission Femme d’aujourd’hui, succédant à l’animatrice Lizette Gervais. Créée l’année précédente dans le contexte de la Révolution tranquille, une période marquée par la montée du féminisme au Québec, cette émission avait pour objectif de donner la parole aux femmes dans un milieu encore largement dominé par les hommes.

Lors d’une entrevue avec La Gazette des Femmes en 2024, Aline a exprimé son enthousiasme d’avoir obtenu ce poste, qui allait véritablement propulser sa carrière de journaliste. Cependant, elle a confié que les thèmes abordés dans l’émission, comme le tricot et la cuisine, ne l’intéressaient guère. Elle a profité du manque d’intérêt de ses supérieurs pour cette émission pour y introduire des sujets plus féministes, avec l’aide de recherchistes. 

Elle a ainsi abordé des questions sociétales, politiques et culturelles, en mettant systématiquement la femme au centre du débat. Elle estimait qu’il était essentiel que les femmes puissent se reconnaître et comprendre qu’elles n’étaient pas seules à faire face à leurs réalités. « Ce que je trouvais important, c’était de parler des sujets qui concernent les femmes qui nous regardent. C’était ça l’objectif principal. » nous a-t-elle confié.

Aline a toujours défendu les droits des femmes, ce qui ne lui a pas été sans conséquences. Elle s’est notamment exprimée en faveur de l’avortement gratuit pour toutes, une prise de position qui lui a valu des réprimandes de sa direction. Sous pression, elle a été contrainte d’adopter une approche plus neutre en invitant des militants pro-vie à participer à l’émission, une situation qui ne correspondait pas à ses convictions et qui lui déplaisait profondément. De plus, le tournage était assez éprouvant pour Aline, en grande partie en raison du changement constant de réalisateurs, qui étaient en majorité des hommes. Ces derniers n’étaient pas toujours compétents et n’étaient pas nécessairement sensibilisés aux enjeux liés à la condition des femmes avant de rejoindre l’émission. Toutefois, Aline a su surmonter ces adversités grâce à sa grande résilience. Elle a continué d’animer l’émission pendant 13 ans, de 1966 à 1979, faisant preuve d’une détermination sans faille.

Femme d’aujourd’hui a permis à Aline de devenir une figure incontournable du domaine de l’information au Québec, au point que le Montréal Star l’a surnommée « The Queen of French TV » (Gouvernement du Québec, 2025). Elle assumait une multitude de rôles, dont ceux d’animatrice, intervieweuse, modératrice de tables rondes et reporter, tout en supervisant les tournages en studio et sur le terrain. L’émission a rapidement gagné en popularité auprès des femmes québécoises, atteignant des cotes d’écoute proches du million, ce qui était exceptionnel étant donné que sa diffusion était l’après-midi, une plage horaire habituellement peu suivie.

Aline Desjardins sur le plateau de Femme d’aujourd’hui, Radio-Canada

Son parcours suite à Femme d’aujourd’hui

Après avoir quitté l’animation à Femme d’aujourd’hui, elle est passée à d’autres émissions comme Repères, une émission hebdomadaire d’information qu’elle a coanimée de 1982 à 1983. Elle apparaît aussi régulièrement dans l’émission d’information Ce soir. De 1984 à 1986, on la retrouve dans l’émission Avis de recherche qu’elle coanime avec Gaston L’Heureux. Puis, à partir de 1986, elle commence à s’intéresser au domaine de l’environnement et devient la première femme journaliste à animer occasionnellement La semaine verte, une émission agricole diffusée à Radio-Canada. Elle devient également la première femme à l’animation de l’émission radiophonique D’un soleil à l’autre, de 1987 à 1990. Elle décide par la suite de concevoir sa propre émission d’horticulture, Des jardins d’aujourd’hui, qui fut diffusée dans 80 pays jusqu’en 1995 (Gouvernement du Québec, 2025).

Tout au long de sa carrière de journaliste, elle a également porté la voix de nombreux organismes se consacrant à la cause des femmes, dont la Ligue des droits et libertés du Québec, Les Femmeuses, Vues et voix, et plusieurs autres. Elle s’est également impliquée auprès du centre d’hébergement le Carrefour pour Elle, qui aide les femmes victimes de violences conjugales.

Aline ne s’est jamais mariée et n’a pas eu d’enfants, car fonder une famille n’a jamais fait partie de ses projets. Elle a observé sa mère se démener pour élever ses onze enfants, alors qu’elle-même aurait préféré suivre un autre chemin. Elle n’a jamais pu le faire, car à l’époque, les femmes n’avaient pas la liberté de choisir leur emploi. C’est pourquoi Aline a décidé de vivre une vie libre, sans se soumettre aux attentes sociales qui imposaient aux femmes de se consacrer au foyer. Ayant maintenant 90 ans, elle profite de sa retraite tout en poursuivant son engagement en faveur des droits des femmes.

Participation au documentaire Les héritières 

Capture d’écran du documentaire Les héritières, Télé-Québec

En 2024, à l’occasion du 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme, le documentaire Les héritières a été réalisé pour dresser un portrait de la situation actuelle des femmes au Québec, tout en faisant écho au passé. Présenté par la comédienne Marie-Soleil Dion, le documentaire met en lumière cinq femmes, symboles de cette lutte à travers différentes décennies. La participation d’Aline Desjardins dans ce projet illustre l’ampleur de son engagement féministe, tant au cours de sa carrière professionnelle dans les médias que dans sa vie personnelle. 

La productrice Marie-France Bazzo et la présidente du Conseil du statut de la femme, Me Louise Cordeau, ont toutes deux témoigné de la place qu’Aline a occupée dans leur enfance, puisque leurs mères écoutaient régulièrement Femme d’aujourd’hui. Marie-France Bazzo estime par ailleurs que l’apport d’Aline est souvent sous-estimé « Elle a fait un travail de fond absolument magistral. », souligne-t-elle  (La Gazette des Femmes, 2023).

Le documentaire explore les diverses luttes menées par les femmes au cours des dernières décennies. Aline Desjardins y évoque les combats qu’elle a soutenus tout au long de sa vie, notamment ceux pour le droit à l’avortement et l’équité salariale.

Aline Desjardins accompagnée de Marie-Soleil Dion, Me Louise Cordeau, Julie Blackburn et Marie-France Bazzo lors de la première du documentaire Les héritières, La Gazette des Femmes

Sa position sur l’état actuel des causes féministes 

Ayant défendu les causes des femmes avec ferveur, elle s’indigne de constater que certaines d’entre elles n’ont pas progressé autant qu’elles le devraient. Elle, qui militait pour l’avortement libre et gratuit dans les années 70, peine à croire que cette question soit encore débattue aujourd’hui. 

Malgré les avancées du féminisme des dernières années, Aline dit ne rien prendre pour acquis. Cependant, elle reste optimiste quant à l’avenir, convaincue que les femmes finiront par prendre pleinement leur place. Elle souligne que malgré qu’il nous reste du chemin à parcourir, les mouvements féministes récents, tels que le mouvement #MeToo ont grandement contribué à faire avancer la cause féministe (La Gazette des Femmes, 2024).

Équité salariale

Pour Aline, l’indépendance financière est essentielle à la dignité des femmes. Tout au long de sa carrière, elle a dénoncé les inégalités salariales entre les femmes et les hommes dans les médias, une problématique qui persiste encore aujourd’hui. 

Elle met en garde les femmes travaillant dans ce secteur, leur rappelant qu’elles doivent s’assurer que leur salaire est équitable par rapport à celui de leurs collègues masculins. La passion ne doit pas les aveugler, et chacune doit se questionner sur la parité salariale.

Elle reconnaît qu’elle-même a mal négocié son salaire par le passé, ce qui l’a poussée à prendre position sur le sujet. Elle a raison de le faire, d’autant plus que l’écart salarial dans le domaine des arts et de la culture était encore de 9% en 2021 (Institut de la statistique du Québec, 2021). 

Son impact

En 2024, la carrière journalistique d’Aline a été pleinement reconnue et récompensée. Elle a été nommée officière de l’Ordre national du Québec, la plus haute distinction décernée par le gouvernement québécois. Lors de la remise du prix, le premier ministre François Legault a déclaré : « Si le Québec est aujourd’hui devenu l’une des nations les plus égalitaires au monde, c’est beaucoup grâce à des femmes courageuses comme vous. » (Radio-Canada Archives, 19 juin 2024). Elle a également été honorée par le prix René-Lévesque, la plus prestigieuse distinction en journalisme au Québec.

Aline Desjardins et François Legault lors de la cérémonie de l’Ordre national du Québec en 2024, Radio-Canada

Malgré la reconnaissance qu’elle reçoit aujourd’hui, Aline nous a expliqué que Femme d’aujourd’hui n’a pas été pleinement appréciée lors de sa diffusion. Ce n’est que plusieurs années plus tard, avec du recul, que l’émission a été reconnue pour son impact dans la cause féministe. Elle se souvient qu’après avoir animé l’émission, elle était constamment accostée par des femmes qui la remerciaient pour son travail, ce qui la remplissait de bonheur.

Aline Desjardins fut une véritable pionnière dans son domaine, et a joué un rôle essentiel dans l’histoire du Québec. Par son travail et son engagement, elle a ouvert des voies qui ont permis aux générations de femmes qui l’ont suivie de s’affirmer dans le monde des médias. Son influence va bien au-delà de ses réalisations professionnelles, puisqu’elle a contribué à redéfinir la place des femmes dans la société québécoise, en leur donnant une voix et en abordant des sujets souvent négligés. Son parcours a inspiré de nombreuses autres femmes québécoises à prendre leur place dans des domaines traditionnellement masculins.

Partie 2 : L’impact de Femmes d’aujourd’hui

Comme mentionné précédemment, Aline Desjardins s’est fait connaître en grande partie pour son animation pendant treize saisons de l’émission Femme d’aujourd’hui. Cette émission quotidienne destinée aux femmes était diffusée en fin d’après-midi comme les femmes étaient supposément toutes à la maison. Aline a animé 2733 des 3000 émissions.

Diffusée à partir du 6 septembre 1965 jusqu’en 1982, le contenu de ce magazine télévisé changera. À ses débuts, l’émission aborde des sujets pour la femme au foyer, tels que la danse, le tricot et la cuisine. Vers les années 70, l’émission aborde désormais les femmes au sens large avec tous les enjeux qui les caractérisent.

À l’aide de débats, de tables rondes et de micro-trottoir sur le sujet, l’émission aborde différents tabous liés à la femme. Les sujets qui suivent les changements sociaux permettront à l’émission de prendre une place importante dans le féminisme. Femme d’aujourd’hui aborde désormais l’avortement, l’indépendance des femmes, le divorce, la violence conjugale, l’égalité des sexes et le travail hors de la maison, tout comme l’importance de reconnaitre celui dans la maison.

 « À l’époque, la télévision était très masculine. Les femmes étaient souvent des faires valoir, quasiment des objets de décoration. Ce n’était pas des femmes qui avaient une voix et qui étaient au centre des décisions. Tandis que là, ça changeait. Cette émission, Femme d’aujourd’hui, a été un phare pour beaucoup de femmes, même des femmes qui ne connaissaient rien au féminisme. Elles se rappelaient ou elles écoutaient ces sujets qui les concernaient », affirme Pascale Navarro, journaliste et membre du Laboratoire en études féministes.

Un des enjeux principaux abordé dans l’émission concernait les questions liées au corps de la femme. Ce terme général a été décortiqué plusieurs fois avec des sous-thèmes plus précis. L’importance de l’avortement a été un débat abordé plusieurs fois à Femme d’aujourd’hui, qui touchait également à des thèmes comme la puberté et la ménopause. Aucune tranche d’âge n’était ciblée précisément. Le but était vraiment de rejoindre toutes les femmes en faisant une émission sur elles, et pour elles.

L’important est de donner une tribune à la voix des femmes en abordant différentes facettes du quotidien. L’émission a insisté sur la différence d’opinions, n’hésitant pas à accueillir des femmes qui n’ont pas ou très peu de place dans les autres journaux et téléjournaux, comme des femmes homosexuelles, monoparentales et de minorité ethnique au Québec.

L’émission couvre différents évènements concernant les droits des femmes, permettant aux femmes qui restent à la maison de se tenir informées. Ils ont notamment abordé la Commission Bird à diverses reprises. Aussi connue sous le nom de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, la Commission Bird a été instituée le 3 février 1967 et a entendu plus de 900 personnes en audience publique au cours de six mois. Le rapport du 7 décembre 1970 contient 167 recommandations sur les inégalités entre les sexes au Canada.

Femme d’aujourd’hui a couvert ce sujet, notamment le 9 février 1967, quelques jours après l’annonce, avec Florence Bird qui est commissaire de l’enquête, le 31 décembre 1978 avec le commissaire Henripin sur les avancées du rapport, le 8 décembre 1970 pour le rapport final, et même le 24 mars 1975 avec la sociologue Monique Bégin pour les impacts que le rapport a eus.

Différents responsables  

Michelle Lasnier, directrice de l’information télévisée à Radio-Canada, s’occupe de l’émission de 1966 à 1981 et a participé grandement à la transition des sujets. La rupture entre les sujets plus traditionnels de femmes au foyer et ceux dits féministes s’opèrent beaucoup à son arrivée.   

Plusieurs réalisatrices et réalisateurs se sont succédé durant les dix-sept années de l’émission. Les recherchistes ont également eu une partie prenante dans cette rupture qui a mené aux sujets témoins de l’ère du temps. Les personnes qui se sont enchaînées à la tête de l’émission ont toutes suivi les vagues de changements sociaux. Femme d’aujourd’hui a rapidement cessé d’offrir le même genre de contenu que les autres émissions féminines pour suivre la vague du féminisme.

Aline Desjardins confie que l’émission était très exigeante à animer. Elle a connu certains réalisateurs qui lui donnaient des livres à aborder, quelques minutes avant d’entrer en onde, sans lui en avoir parlé au préalable. Il y a eu une succession importante de réalisateurs sur le plateau, ce qui demandait aux animateurs de toujours s’habituer à de nouvelles manières de diriger. 

« Ce n’était pas simple du tout. C’était très exigeant. Parce que tous ces réalisateurs n’étaient pas d’égales compétences, non plus. Il y avait beaucoup de femmes, mais il y avait beaucoup d’hommes aussi. Je pense qu’il y a eu quinze réalisateurs. Ils n’étaient pas tous sensibles à la condition des femmes avant d’être parachutés (dans l’émission). Alors, c’était du travail. »

Un pan d’histoire importante pour Radio-Canada 

Femme d’aujourd’hui fut une émission importante pour l’histoire de Radio-Canada. Dans le cadre des 50 ans à la télévision de la société, un extrait de l’émission a été publié sur la chaîne de Radio-Canada info. 

En 2015, Radio-Canada a remis l’émission de l’avant avec une exposition au pavillon Bonenfant de l’Université Laval. L’exposition Être femme aujourd’hui, Femme d’aujourd’hui a été présentée d’octobre 2015 au 18 mars 2016. 

« À travers des extraits vidéo de l’émission, des photographies, des magazines et des tableaux explicatifs, l’exposition Être femme aujourd’hui, Femme d’aujourd’hui fait état de la contribution de Femme d’aujourd’hui à la diffusion du mouvement féministe au Québec. »  (Radio-Canada, 2015). 

Dans l’article Moments d’histoire de la société de Radio-Canada, Femme d’aujourd’hui est décrite comme suit : « Diffusée de 1965 à 1982, Femme d’aujourd’hui devient une tribune télévisuelle pour les femmes francophones du Canada et pour des communicatrices de talent telles que Minou Petrowski, Françoise Faucher et Aline Desjardins. »

Un dernier article exhaustif, Reflets de Femme d’aujourd’hui, sur l’émission publiée le 10 juin 2019, mis à jour le 2 mars 2021, explique à travers les archives de Radio-Canada l’évolution de l’émission Femme d’aujourd’hui. 

L’exposition et ces articles initiés par Radio-Canada des décennies suivant la diffusion de l’émission démontre son importance pour la société qui a diffusé cette émission quotidienne unique à son époque. 

L’éveil féministe d’Aline Desjardins

C’est Femme d’aujourd’hui qui a permis à Aline Desjardins de se sensibiliser à la cause féministe. Préparer ses textes sur les différents enjeux touchant les femmes lui a permis de découvrir les inégalités et les enjeux auxquels elles devaient faire face quotidiennement.

 « C’est là que j’ai compris où menait le féminisme et pourquoi on avait besoin d’être féministe absolument » (Aline Desjardins sur Femme d’aujourd’hui, RDI Archive, 2019).

Si la direction de Radio-Canada n’a pas eu de problème avec la majorité des sujets abordés dans Femme d’aujourd’hui, il en a été autrement lorsque Aline Desjardins a révélé être en faveur de l’avortement libre et gratuit. Pour Aline, il est primordial d’offrir les ressources pour que les femmes puissent choisir les options les plus sécuritaires à leur situation.

 « On a fait une lutte sur l’avortement. Moi, personnellement, je voulais l’avortement libre et gratuit. On est encore en train d’en parler aujourd’hui. Je trouve ça terrible qu’on soit encore à parler du ba-be-bi-bo-bu de la contraception », indique Aline. 


Impacts de l’émission pour Aline

« Les femmes nous ont dit qu’elles se sont reconnues, qu’elles sont sorties de l’isolement. Parce qu’elles pensaient toutes qu’elles étaient la seule à vivre ça, cette situation d’isolement. Et là, elles se sont rendu compte que plein d’autres femmes le vivaient. Alors, ça a fait une certaine unité »  témoigne Aline, à propos des commentaires reçus suivant l’émission.

Aujourd’hui, l’impact d’Aline Desjardins à l’animation de l’émission demeure. Des femmes viennent encore lui témoigner l’importance que l’émission a eue dans leurs vies. Certaines lui disent comment Femme d’aujourd’hui les a fait évoluer et les a aidées à se sentir reconnues. Des immigrantes lui ont aussi révélé comment l’émission leur aidait à comprendre la vie et la réalité des femmes québécoises. 

« Il y avait aussi des immigrantes qui disaient que ça avait ouvert leurs yeux sur la façon dont vivaient les femmes québécoises, où en était rendue la société québécoise. Tout ça, c’est très précieux en fin de compte. De recevoir ces témoignages, là. Ça faisait mon bonheur », se remémore Aline. 

Malgré qu’Aline Desjardins ne fut pas la seule à la barre de l’émission, elle reste une des figures emblématiques de celle-ci. Elle, qui a rejoint le duo d’animateurs initiaux composés de Yoland Guérard et Lizette Gervais en 1966, a vu sa réputation se forger durant l’émission. Lors de sa dernière année, Aline a partagé l’animation de la saison 78-79 avec Louise Arcand. 

Son animation lui a même valu d’être nommée une des femmes importantes des années 60 selon le Conseil du statut de la femme. Il la décrit comme une « féministe engagée à la barre de l’émission Femme d’aujourd’hui de 1966 à 1976 ».

Toutefois, la renommée de l’émission et son importance dans les changements n’ont été reconnus qu’après sa diffusion. Aline mentionne que, durant sa diffusion, Femme d’aujourd’hui n’était pas reconnue à sa juste valeur. Ce n’est que plus tard que la société a réalisé l’impact que cette quotidienne a eu sur la condition des femmes au Québec. Aline Desjardins a défendu plusieurs sujets durant les treize années de son animation. Elle a accueilli plusieurs femmes auparavant absente de la sphère médiatique dans ces espaces de discussions créées par Femme d’aujourd’hui.

« Ce que je trouvais important, c’était de parler des sujets qui concernent les femmes qui nous regardent. Alors, c’est pour ça qu’on avait une variété incroyable de sujets. On est passé de l’inceste, à l’avortement…» témoigne le visage de Femme d’aujourd’hui

Les femmes dans les médias au 20e siècle

Au début du 20e siècle, les femmes présentes dans les médias ne sont que de rares exceptions. Les femmes sont encore perçues comme celles qui s’occupent de la maison. Les rares sujets qui leur sont destinés portent sur des activités ménagères, comme la cuisine, le ménage, ou la couture.

L’émergence du féminisme et des revendications sociales dans les années 60 a ouvert la porte à plusieurs femmes dans le domaine. Femme d’aujourd’hui est l’une des productions qui ont permis de diversifier les représentations des femmes pour ne plus seulement les restreindre au foyer. Aline Desjardins a donc commencé sa carrière dans ce monde médiatique en changement. Femme d’aujourd’hui est un témoin de cette évolution ayant été en onde dans les années phares du féministe au Québec.

« En 1975, il y a eu une avancée majeure parce qu’il y a eu l’année internationale des femmes et la décennie des femmes jusqu’en 1985, ce qui a suscité beaucoup de reportages. C’était dans l’air. À l’époque, c’était très populaire. C’était un sujet qui suscitait vraiment de l’intérêt. Donc, quand il y a un intérêt pour un sujet public, les médias s’en emparent. »,  explique Pascale Navarro sur l’importance des enjeux féministes dans les médias.

Années de changementsL’émission a pris place dans une société en évolution, marquée par de grands changements sociaux. Les femmes ont acquis plus de droits qui ont donné l’indépendance aux femmes mariées. S’installant dans la Révolution tranquille, qui a mené à une laïcisation de l’État et à un plus grand accès au marché du travail pour les femmes, Femme d’aujourd’hui a été témoin de diverses batailles que les femmes menaient au 20e siècle. 

Femme d’aujourd’hui prend part dans ce qui est désigné comme la seconde vague du féminisme, soit les mouvements féministes de 1960 à 1985. À cette époque, les revendications féministes ont permis plusieurs changements importants dans plusieurs sphères. Un meilleur accès à l’éducation et plus de diversification dans les emplois disponibles aux femmes ont été atteints. Les femmes ont également gagné plus d’autonomie corporelle et ont commencé à prendre plus de place dans les assemblées législatives. 

Faits marquants dans la lutte des femmes au 20e siècle

25 avril 1940 : Le droit des votes aux femmes

1960 : Première pilule contraceptive

1964 : Adoption de la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée. Les femmes mariées ont désormais le droit de disposer de leurs propres biens.

1969 : Décriminalisation de l’avortement

1975 : La Charte québécoise des droits et libertés de la personne reconnaît officiellement l’égalité entre l’épouse et l’époux. Prohibition de la signature du mari obligatoire dans toutes les institutions.  

1989 : Le Code civil permet un partage égal du patrimoine familial lorsqu’une union est dissoute.

Bientôt soixante ans après sa mise en ondes, Femme d’aujourd’hui rappelle que les luttes féministes ne proviennent pas d’une réalité si lointaine. Des enjeux sont toujours d’actualité, comme l’accessibilité à l’avortement. Ces sujets qui sont toujours actifs dans la société ne sont que des rappels de la fragilité des acquis.

Une personnalité qui demeure dans l’histoire Si Aline Desjardins s’est fait connaître avec Femme d’aujourd’hui, sa carrière ne s’est pas arrêtée là. Sa carrière d’animation et de journaliste a continué en enchaînant les projets. Son engagement dans la cause des femmes à travers les décennies a fait d’elle un symbole fort de cette lutte au Québec. Plusieurs médias témoignent de son héritage, dont le documentaire Les héritières, divers articles dans La Gazette des Femmes, Le Soleil ou le journal Le Placoteux.

Les témoignages actuels d’Aline rappellent que les luttes pour les droits des femmes ne sont pas encore toutes gagnées, puisque certaines batailles qui avaient lieu au début de sa carrière persistent encore.

Nous vous invitons à consulter votre courriel pour visionner notre court-documentaire sur l’impact et le parcours médiatique d’Aline, accompagné d’un résumé de Pascale Navarro, journaliste et membre du Laboratoire en études féministes, ainsi que d’un témoignage d’Aline elle-même.

La tête remplie de matières, mais le ventre vide 

18 février 2025 - Par - Catégorie : Société

Étudiant(e)s qui mangent dans la cafétéria du collège Dawson, situé dans le quartier Westmount, à Montréal. (Source : WordPress.com) 

Par Justine Bouchard-Girard

Une étude mise en lumière par La Presse, mardi matin, révèle que près d’un cégépien sur deux souffre d’insécurité alimentaire. Les experts mettent l’accent sur le fait qu’assister à ses cours le ventre vide est un frein à la réussite scolaire.

Près de 44 % des étudiants au cégep sont en situation d’insécurité alimentaire, selon les résultats de l’étude. 

François Régimbald et Éric Richard, deux professeurs de sociologie au cégep du Vieux Montréal, sont les chercheurs derrière l’étude. Ils ont passé deux ans à s’intéresser aux comportements alimentaires des cégépiens.

L’automne dernier, ils ont fait un sondage auprès de 2127 élèves de six cégeps de tailles variées et de régions diverses. Les étudiants ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires des trois mois précédents.

L’insécurité alimentaire: au-delà de la faim 

Au-delà du fait d’avoir faim et de se sentir moins énergique, l’insécurité alimentaire a « […] des impacts sur les abandons de cours, sur le rendement académique, sur la difficulté à se concentrer à l’école… C’est documenté », souligne le Dr Régimbal, qui est également président du comité d’éthique de la recherche au cégep du Vieux Montréal. 

L’étude des deux experts, comme celle réalisée par le gouvernement concernant la répartition de la faim au Canada, montre que les immigrants de longue date sont « plus susceptibles d’avoir une expérience de la faim que les personnes nées au Canada ».

Puisque l’insécurité alimentaire ne se manifeste pas de la même façon en fonction des groupes, les chercheurs souhaitent avoir des solutions adaptées à chacun d’entre eux. 

Courir après le temps 

Le Dr Régimbal souligne le fait que plusieurs jeunes du cégep n’ont pas le temps de manger. Ils sont désorganisés, en raison du passage du secondaire au cégep, qui est plutôt complexe. 

Lors de leur étude, les chercheurs ont constaté que 21 % des repas étaient sautés par les élèves par manque de temps. 

« À cet âge, tu développes des comportements qui vont peut-être te suivre longtemps par la suite. On a une responsabilité collective de bien les accompagner, ces jeunes », dit Éric Richard.

L’initiative de Dawson

Le collège Dawson, un cégep anglophone, situé à Montréal, lutte à sa façon contre l’insécurité alimentaire. 

Des repas gratuits sont distribués aux étudiants deux midis par semaine depuis quelques années. La seule condition pour avoir le droit à un repas à 0 $ est d’apporter un plat réutilisable. 

« Certains étudiants n’ont pas les moyens de cuisiner, d’autres n’ont pas le temps. Ce service leur sauve la vie, littéralement », mentionne le chef cuisinier Jamal Spence, qui participe à cette initiative. 

Olivier Lamoureux, le responsable du service à l’Association étudiante de Dawson, constate que le nombre de repas servis ne cesse d’augmenter.

D’ailleurs, selon un sondage Léger, 17 % des cégépiens ont eu recours à une aide alimentaire sur les campus. Le sondage met aussi de l’avant que, même avec un prêt étudiant, certains élèves vivent de l’insécurité alimentaire. Ainsi, personne n’est à l’abri. 

Preuve de ma publication sur Instagram : 


Apprendre le ventre vide: l’insécurité alimentaire des cégépiens inquiète

18 février 2025 - Par - Catégorie : Société

Une étude menée par deux chercheurs révèle que plus de 40% des élèves au cégep vivent ou ont vécu de l’insécurité alimentaire dans la dernière année. Beaucoup d’entre eux vont en classe le ventre vide, une réalité préoccupante.

Par Maïka Thomson

Éric Richard et le Dr François Régimbal, deux professeurs au cégep du Vieux Montréal, ont passé deux ans à s’intéresser aux comportements alimentaires des élèves aux études collégiales. Ils ont mesuré le taux d’insécurité alimentaire des cégépiens et les résultats parlent d’eux même: environ 44% des étudiants vivent de l’insécurité alimentaire. Qu’elle soit légère, modérée ou grave, il s’agit d’un enjeu qui nuit à la vie et aux études des étudiants.

L’étude a été réalisée l’automne dernier dans six cégeps auprès de 2127 élèves qui ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires. 23% ont signalé une insécurité alimentaire légère, 8% modérée et 13% légère.

Des chiffres qui inquiètent
Ce mardi, les résultats d’un sondage Léger mené pour la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont été révélés et appuient l’étude des chercheurs. Selon la firme, 40% des étudiants ont vécu de l’insécurité alimentaire dans la dernière année. 501 étudiants au cégep ou à l’université ont participé au sondage.

Dans le cadre de la campagne « Renversons le poids de la précarité », la FECQ et l’UEQ réclament, entre autres, l’amélioration de l’Aide financière aux études (AFE). Les résultats du sondage Léger renforcent cette demande et exposent les failles de l’AFE. 46% des personnes étudiantes qui bénéficient de l’AFE souffrent d’insécurité alimentaire et 68% des personnes étudiantes qui ont recours à de l’aide alimentaire bénéficient de l’AFE.

27% des étudiants n’ont pas les moyens de manger des repas équilibrés, 25% sautent des repas et, encore plus inquiétant, 13% affirment avoir passé une journée complète sans manger. Selon Antoine Dervieux, président de la FECQ, continuer dans cette direction n’est pas une option: « Ça fait peur de voir ces chiffres-là ».

Le pourquoi du comment
Le contexte financier global actuel est un énorme facteur quant à la précarité alimentaire des cégépiens, mais pas le seul. Bien que l’argent y joue un rôle, d’autres facteurs ont été identifiés par les chercheurs. Par exemple, le manque de temps. En effet, la surcharge de travail ainsi que les horaires irréguliers sont des facteurs évoqués par beaucoup. Les étudiants n’ont tout simplement pas le temps de manger, en partie à cause de l’école.

Des impacts alarmants
Les impacts de l’insécurité alimentaire sont flagrants et n’aident en rien à la réussite des étudiants. « Il y a des impacts sur les abandons de cours, sur le rendement académique, sur la difficulté à se concentrer à l’école… C’est documenté », explique le Dr François Régimbal. Le problème ne se limite donc pas à la faim.

Le sondage Léger révèle justement que 26% des personnes étudiantes ressentent les effets sur leur santé physique, 25% sur leur santé mentale et 23% sur leur réussite scolaire. Il est donc primordial de prendre la situation au sérieux et d’accompagner les jeunes.

Ma publication:

Opération déneigement: Les Montréalais devront être patients

18 février 2025 - Par - Catégorie : Montréal Société

Par Emma Gobeil

Après la tempête de neige de dimanche dernier, le Québec fait face à d’importantes perturbations dans plusieurs secteurs, avec plus de 40 centimètres de neige tombés sur la province. Les opérations de déneigement demeurent toujours en cours, tandis que de nombreuses routes et des milliers d’écoles restent fermées. La tempête aurait également fait sa première victime, avec la découverte d’un corps dans un véhicule enseveli sous la neige. Les conditions extrêmes affectent aussi les transports en commun, et la Ville de Montréal, ainsi que d’autres autorités, intensifient leurs efforts pour rétablir l’ordre et assurer la sécurité des citoyens.

Une première victime

Vers 8 h 15 ce matin, un corps a été retrouvé dans un véhicule enseveli sous un énorme banc de neige compacte, bloquant le tuyau d’échappement. L’automobile était stationnée sur l’avenue Ball, près de l’intersection avec l’avenue Champagneur, dans le quartier Parc-Extension. Les premiers répondants ont découvert un homme de 57 ans en arrêt cardiorespiratoire, dans son véhicule en marche.

Établissements scolaires, circulation et transports affectés

Pour une deuxième journée consécutive, des écoles demeurent fermées. Plus d’un demi-millier d’établissements scolaires, notamment en Montérégie et en Gaspésie, sont touchés. Les trottoirs non déblayés et les conditions routières dangereuses sont les principales causes de ces fermetures prolongées.

Effectivement, certaines routes sont encore fermées en raison des conditions difficiles et dangereuses. L’autoroute 15 est fermée entre la sortie 50 et l’entrée du boulevard Taschereau pour une durée indéterminée. L’autoroute 20 est également fermée dans certains secteurs. Les routes 212 et 219 sont elles aussi partiellement inaccessibles entre Saint-Constant, Saint-Rémi et Saint-Édouard.

Du côté du service du Réseau express métropolitain (REM), un ralentissement est en cours. « Un problème d’aiguillage cause un ralentissement du service sur le réseau, dans les deux directions », a précisé le compte officiel du REM sur X. La fréquence des trains a été estimée à 22 minutes, et des navettes ont été instaurées en attendant.

Un hiver qui atteint des records

Les conséquences de cette tempête de neige à Montréal prennent tout leur sens lorsqu’on apprend, selon Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville, que «On est vraiment devant une situation plutôt rare, c’est-à-dire qu’on a deux tempêtes à seulement 48 heures d’écart, donc on prend une mesure qui est elle aussi exceptionnelle ».

Marie-Ève Giguère, météorologue à Environnement Canada, ajoute : «On tombe dans un autre siècle pour trouver un record équivalent à la station McGill, en janvier 1898». Cette station, qui appartenait à l’Université McGill, était un centre de surveillance radar météorologique.

Ce matin, vers 9h, à l’émission d’Isabelle Maréchal sur QUB radio, diffusée sur les ondes du 99,5 FM, Philippe Sabourin a indiqué qu’un peu plus de 5 % de la ville avait été déneigé jusqu’à présent. « 50 % de nos trottoirs ne sont pas praticables », a-t-il déclaré. « L’opération prendra au moins huit jours, voire un peu plus », ajoute le porte-parole.

Vers 11 h, un point de presse a été tenu sur LCN, une fois de plus, par M. Sabourin. Il a rappelé que plus de 3 000 employés et 450 remorqueurs sont actuellement mobilisés pour l’opération de déneigement. Il indique que le SPVM a annoncé avoir renforcé sa présence, notamment dans les corridors scolaires. Des agents seront également présents en fin de journée lors de la sortie des élèves.

En fin de compte, les Montréalais devront faire preuve de patience, car les conséquences de cette tempête mettront du temps à être corrigées.

Écrasement d’avion à Toronto : Le pire a été évité

18 février 2025 - Par - Catégorie : Société

Un avion de la Delta Airline s’est écrasé lundi soir à l’aéroport de Toronto épargnant la majorité des voyageurs. Bien qu’il soit trop tôt pour établir les causes, les hypothèses des experts indiquent que le vent ne peut être la seule cause.

Par Samuel Lacasse

Le bilan fait état de nombreux blessés, 18 au moins, 3 graves, mais aucune inquiétude en ce qui concerne la vie des 80 passagers ayant vécu une expérience hors de l’ordinaire.

« Nous étions à l’envers, attachés comme des chauves-souris », a raconté, Pete Koukov, passager, à la chaîne américaine CNN. Le skieur a posté sur Instagram une vidéo de lui qui s’éloigne de l’appareil puis dévoile un impressionnant jet d’eau le surplombant.

Le Bombardier CRJ900 qui effectuait un voyage entre les villes de Minneapolis et Toronto n’est plus qu’un cadavre noirci, privé d’une aile et la queue semble presque entièrement détruite selon les images sur les réseaux sociaux.

Un vent d’incertitude

La ville Ontarienne vient de subir deux importantes tempêtes de neige successives, mais d’autres détails peuvent être en causes.  Une enquête approfondie du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) va tirer au clair les circonstances de l’accident avec l’aide de son équivalent américain, la Federal Aviation Administration

Plus de 22 centimètres de neiges se sont accumulés durant la fin de semaine et des bourrasques de plus de 60 km/h ont été enregistrées. L’équipe de l’aéroport Pearson s’est donc attelée, un moment avant l’écrasement, au dégagement des 5 millions de mètres carrés.

Les instructions données aux pilotes, un peu avant l’atterrissage, les avertissaient d’un vent de 17 nœuds de même que de la neige sur la piste d’après David McNair ancien enquêteur du Bureau de la sécurité des transports du Canada.

Des images de l’atterrissage publiées sur les réseaux sociaux montrent l’avion toucher le sol. Les roues glissent sur la piste avant que les ailes ne se brisent provocant ainsi la chute du tronc qui a fait des tonneaux.

« C’est vraiment surprenant qu’il n’y ait aucune fatalité à bord de l’appareil parce que ça a été un atterrissage assez violent », s’est permis d’affirmer le directeur du programme de gestion de l’aviation à l’Université McGill, John Gradek, en entrevue à l’émission Le Québec matin.

Si la tendance se maintient

Pearson affiche de nombreux retards ce matin, mais les vols ont repris. L’aéroport de Toronto a prévenu les voyageurs de s’informer régulièrement sur l’état de leur vol avant de se présenter.

Les évènements d’hier s’ajoutent à de nombreux accidents aériens en Amérique du Nord des dernières semaines. En janvier, un autre avion de ligne est entré en collision avec un hélicoptère militaire à Washington causant 67 décès. Au début du mois, un avion sanitaire s’est également écrasé.

https://ici.radio-canada.ca/info/en-direct/1012390/lendemain-daccident-davion-a-laeroport-pearson-de-retards-a-prevoir

https://www.ledevoir.com/societe/845530/j-etais-crash-avion-dieu-choc-rescapes-accident-toronto

https://www.journaldemontreal.com/2025/02/18/en-video–lecrasement-de-lavion-de-delta-airlines-a-toronto-capte-par-des-cameras.

http://journaldemontreal.com/2025/02/18/ecrasement-davion-a-toronto-cest-un-miracle-quil-ny-ait-pas-de-deces-selon-un-expert

Écrasement d’avion à l’aéroport Pearson : Le nombre de blessés grimpe à 21

18 février 2025 - Par - Catégorie : Environnement Politique Société

Par Félix Rousseau-Giguère

La compagnie aérienne Delta Airlines annonce mardi matin, sur X, que 21 passagers blessés ont été transportés à l’hôpital hier, lundi 17 février, après l’écrasement d’un de leurs avions à l’aéroport Pearson de Toronto. 19 des blessés ont reçu leurs congés.

« Notre priorité est de prendre soin de nos clients et l’équipage d’Endeavour [une filiale de Delta] », assure le PDG de Delta, Ed Bastian. « Nous ferons tout en notre pouvoir pour les appuyer dans les jours à venir. »

L’accident s’est produit autour de 14h alors que le vol 4819 en provenance de Minneapolis atterrissait à l’aéroport Pearson.

Selon Deborah Flint, présidente-directrice générale de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (GTAA), les 76 passagers et les quatre membres de l’équipage ont pu sortir de l’avion après qu’il s’est retourné. 22 d’entre eux étaient Canadiens.

Parmi les passagers se trouvait Pete Carlson, un travailleur de la santé américain qui se rendait à Toronto pour assister à une conférence sur les soins paramédicaux.

« Tout est parti en vrille, a-t-il expliqué en entrevue au National, journal télévisé de CBC. Une minute, tu atterris, tu attends de voir tes amis et ta famille, et la minute suivante, tu es physiquement à l’envers. »

La cause toujours inconnue

La cause de l’écrasement d’avion reste inconnue. Une enquête menée par le Bureau de la sécurité des transports du Canada est en cours, a écrit l’Aéroport Pearson sur X, lundi soir.  Le Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il se joindra à l’enquête.

L’enquête se déroulera « assez rapidement », car les membres de l’équipage ont survécu et pourront parler aux enquêteurs, a indiqué le directeur du programme de gestion d’aviation à l’Université McGill, John Gradek, en entrevue à l’émission radiophonique Metro Morning, sur CBC Radio, mardi matin. Un rapport peut être attendu d’ici les 30 prochains jours, dit-il.

« C’est un miracle »

 « Avec toutes les images qu’on voit ce matin, c’est vraiment surprenant qu’il n’y ait aucune fatalité à bord de l’appareil, parce que ça a été un atterrissage assez violent», a également expliqué Gradek, en entrevue à l’émission Le Québec Matin à LCN, mardi matin.

« C’est très rare qu’on voie un appareil survivre à une telle arrivée, a-t-il ajouté. C’est un miracle qu’il n’y ait aucune fatalité à bord. » 

La météo responsable?

La piste était sèche et il n’y avait pas de vents de travers, a affirmé aux journalistes, le chef des pompiers de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (GTAA), Todd Aitken, lundi soir.

Des bourrasques de plus de 60 km/h ont été enregistrées lundi, dans la région de Toronto. Au total, ce sont 22 centimètres de neige qui sont tombés sur l’aéroport Pearson durant la fin de semaine.

« L’aéroport reste ouvert avec des vols à l’arrivée et au départ », a indiqué l’Aéroport Pearson sur X, mardi matin.  

Écrasement d’avion à Toronto : une évacuation médiatisée

18 février 2025 - Par - Catégorie : Justice Société

L’écrasement de l’avion de Delta Air Lines survenu à l’aéroport Pearson de Toronto lundi a fait au moins 18 blessés, dont trois graves parmi les 80 passagers. Retourné à l’atterrissage, l’événement a été documenté sur les réseaux sociaux par de nombreux passagers à bord.

Par Mélody Deveau

L’avion du vol 4819 de Delta Air Lines s’est écrasé vers 14h30 lundi, partant de Minneapolis. Malgré la spectacularité de l’événement, personne est mort sur les 80 passagers.18 blessés ont été recensés, dont trois graves qui ont été transportés par hélicoptère dans un centre hospitalier. Plusieurs passagers ont témoigné à travers les réseaux sociaux le déroulement de l’évacuation et leurs réactions une fois sorti de l’avion.

Des vies épargnées

Lors de l’écrasement, l’avion s’est complètement retourné à l’envers, laissant les passagers immobilisés dans cette inconfortable position. « Nous étions à l’envers, accrochés comme des chauves-souris », a raconté un passager, Pete Koukov, skieur, à la chaîne américaine CNN, dans un article par Agence France-Presse.

Sur son compte Instagram, le même passager s’est filmé à sa sortie de l’avion, aidé par une employé. Peu après, elle dicte aux passagers d’oublier leurs effets personnels : « Laissez tout tomber, laissez tout tomber, allez! », alors que les pompiers arrosaient l’appareil afin qu’il ne prenne feu. Sous la description de la vidéo, Koukov écrit « Ça semble vraiment cool d’être vivant aujourd’hui », après être sorti de l’avion sain et sauf.

Comme Pete Koukov, Ashley Zook, une autre passagère de l’avion, a témoigné sur son compte Snapchat à la suite de l’événement. Sur la vidéo, les passagers s’éloignent de l’avion sur le dos. Le paysage est encombré de rafales de neige et de vent. Elle prend conscience de ce qu’il vient de lui arriver : « J’étais dans un crash d’avion, mon Dieu ! »

Une enquête en cours

Malgré la possibilité de faute sur les conditions météorologiques, les causes certaines de l’écrasement restent inconnues à ce jour. « Le vent, qui serait contributif, n’est certainement pas la raison principale. C’est pour ça qu’il faut regarder pour voir si l’avion n’avait pas décidé de remettre les gaz et quelque chose s’est produit avec un moteur. Donc, il y a peut-être une combinaison ici mécanique, environnementale et phase de pilotage », souligne à LCN le pilote de ligne à la retraite et expert en aviation civile Jean Lapointe.

Le chef des pompiers de l’aéroport, Todd Aitken, a précisé en conférence de presse que « la piste était sèche et qu’il n’y avait pas de vent de côté. » Il rappelle l’importance de ne pas spéculer de fausses informations alors que l’enquête débute.

Les autorités ont déclaré qu’une enquête conjointe a été déclenchée par le Conseil national de la sécurité des transports des États-Unis et Transports Canada afin de comprendre la nature des causes de l’événement.

Prier en solitaire tout le monde en même temps

4 février 2025 - Par - Catégorie : Société

Dans un parc surplombé de palmiers, le capot tourné vers la scène, tous les conducteurs écoutent la même chose. Ces gens ne sont pas au Ciné-Parc en train de regarder un film. Ils sont dans une cérémonie religieuse, tous connectés à la chaîne de radio 88,5 FM, en train d’écouter les sermons du pasteur. 

Dans le documentaire Drive-In Jesus, la réalisatrice filme une messe en plein air dans la ville de Daytona Beach, en Floride, aux États-Unis. Les croyants assistent à la cérémonie dans leur véhicule. Le bâtiment beige sur lequel il y a une grande croix brune ne semble faire office que de décoration, lors de cette messe. 

Comme dans une vraie église, du vin et un hostie sont servis. Néanmoins, dans leur cas c’est un service au volant. Les catholiques qui honorent la mémoire de Jésus dans le documentaire sont autant des hommes que des femmes.

Isolés, malgré leur foi commune  

Le soleil plombe et plusieurs voitures s’immobilisent sur le gazon. Le pasteur portant des lunettes de soleil et un chandail à manches courtes rouge avec des rayures s’adresse à la foule ; de la mini fourgonnette à la Chevrolet, en passant par la Cadillac. Ce n’est pas une cérémonie religieuse comme les autres. 

Au début, pour la réalisatrice du documentaire, Lauren Defilippo, l’idée de s’asseoir dans une voiture pour aller à l’église semblait totalement ironique. « Qu’y a-t-il de plus vide de spiritualité et de connexion humaine que d’aller à l’église enfermée dans la plus aliénante des inventions américaines, votre voiture ? », se questionne-t-elle en entrevue avec le NY Times. 

D’ailleurs, le film montre un homme en voiturette de golf se promenant de voiture en voiture, pour ramasser l’argent des fidèles, dans un sac de tissu. Ce contact, aussi impersonnel soit-il, est l’un des seuls de la cérémonie. Les automobilistes arrivent isolés dans leur automobile et repartent de la même manière. 

Au-delà des vitres teintées

« Je me suis sentie tout aussi complice de mon propre isolement derrière la caméra que les fidèles dans leurs voitures, sinon plus », illustre la réalisatrice. 

« Pour moi, l’église drive-in représente un microcosme de ce à quoi nous sommes confrontés au quotidien : essayer de nous connecter les uns aux autres et à notre environnement malgré notre isolement croissant alimenté par la technologie », explique Mme Defilippo. 

La réalisatrice s’est « cachée » derrière un appareil technologique, pour faire un film sur « l’expérience humaine ». 

Repenser l’église traditionnelle 

Bien qu’il y ait environ 370 000 églises aux États-Unis, selon la Hartford Institute for Religion Research, plusieurs personnes décident quand même de vivre leur cérémonie religieuse dans le confort d’une voiture.

Dans une des scènes, un homme est assis dans sa voiture avec son chat. Il joue avec la bête au pelage gris. Le conducteur aborde un grand sourire. Comme l’explique la réalisatrice au NY Times, parfois c’est plus simple pour certaines personnes de faire la messe de cette manière, surtout si le croyant a un animal de compagnie. 

D’ailleurs, le Wall Street Journal rapporte qu’en octobre 2024 les ventes de bibles auraient augmenté de 22% aux États-Unis par rapport à la même période de l’année précédente. Ceci illustre le fait que de plus en plus d’Américains s’en remettent à la foi. 


Selon le Pew Research Center plus de 60% des Américains sont chrétiens. Avec plus de la moitié des habitants d’un pays partageant une même religion, les messes sont appelées à se diversifier.

Pour visionner le documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=owazie9ZNBs 

Drive-In Church: une différente manière d’aller à l’église

4 février 2025 - Par - Catégorie : Société

Constance Pomerleau

Vieux comme jeunes, chiens et chats, républicains ou démocrates, chaque dimanche, ils se rendent à la Drive-In Church, une église à laquelle on assiste dans son auto, pour écouter le sermon du pasteur.

Publié sur la page YouTube du New York Times, publié en août, le documentaire Drive-In Jesus met en lumière une autre réalité de l’église aux États-Unis, celle floridienne. Situé dans un grand espace ouvert au Daytona Beach, le gazon est vert, des palmiers aux alentours et une trentaine d’autos stationnées avec la radio au poste FM 88.5 qui laisse passer la voix du prédicateur. Ce dernier, situé sur le balcon, prêche dans son microphone.  

Avant la messe, un homme barbu portant une chemise hawaïenne noir et beige fait passer les voitures et distribue aux automobilistes deux petits pots de plastique contenant le vin et l’hostie. 

Une curieuse découverte 

Lauren Defilippo, la réalisatrice de ce documentaire, a trouvé l’église de Daytona Beach par hasard en partant de chez ces parents. 

Elle écrit qu’elle avait des préjugées envers ce genre de pratique, mais, au courant de la réalisation de ce court documentaire, sa façon de penser a changé.

« Certains étaient marqués par la maladie et trouvaient l’église plus facile d’accès. D’autres avaient perdu des êtres chers et voulaient les pleurer en paix. Certaines personnes voulaient être accompagnées de leurs animaux. Chacun avait ses raisons… » partage Mme Defilippo. 

Historique religieux 

La religion, aux États-Unis, fait partie de l’espace public. Le protestantisme, branche du christianisme, est une des croyances les plus communes. Cette domination de la religion a créé l’idée que l’état est sous Dieu. La religion faisait partie des institutions de l’état. 

En faisant partie de la vie collective, la religion laisse des traces. Le serment du président avec la main sur la bible. La fameuse phrase In God we trust (en Dieu nous avons confiance). L’ajout de Under God (sous dieu) dans le serment d’allégeance. 80% des Américains sont en accord avec cet ajout. 

La religion fait partie de la culture américaine que ce soit les différentes religions sectaires comme le mormonisme ou les témoins de Jehova. La majorité pratique à sa manière. 

Une façon différente de faire les choses 

Son documentaire accompagné d’une musique méditative montre une réalité américaine dans une ambiance calme. Il montre les différents fidèles.  Les automobiles sont loins ou proches de l’église.

 Il montre les gens lorsqu’ils prennent la communion de l’extérieur du véhicule ou de l’intérieur. 

« Qu’est-ce qui pourrait être plus dénué de spiritualité et de connexion humaine que d’aller à l’église dans la création américaine la plus aliénante, ta voiture ? » se questionnait Lauren Deflilippo. 

Deux jeunes hommes sont assis dans leur véhicule, celui du côté conducteur porte des lunettes avec des verres miroitants de couleur jaune et vert, l’autre porte un chandail blanc sur lequel est écrit Brooklyn. Les psaumes se font entendre de la radio de leur Chevrolet. 

Dans le New York Times, après la diffusion de son reportage, Lauren Defilippo écrit : « Une réalisation que j’ai eue, lors de la création de ce film est que nous sommes tous assis, seules, les fenêtres fermées et l’aire climatiser dans le tapis à songer sur notre difficulté à connecter avec les gens et le monde qui nous entourent. »